Fonds de tiroir

 Il y a deux sortes de sponsors du Mondial de foot, rappelle «Vigousse»: ceux qui soutiennent le Mondial lui-même (McDonald's, Budweiser) et ceux qui soutiennent la FIFA (Coca-Cola, Adidas, Visa, Hyundai). Mais il y a un troisième sponsor : la Suisse. La Confédération et le canton de Zurich, siège de la Coupole, lui font le cadeau de la considérer comme une as-sociation. Ben ouais, quoi, Cosa Nostra, la N'drangheda et la Camorra aussi sont des associations, non ? Bref, la FIFA, qui pète dans les milliards, bénéficie du barême fiscal réservé aux associations: 4,25% d'impôt fédéral, 4% d'impôt cantonal, moitié moins qu'une société à capital. Et elle peut même, la FIFA, provisionner jusqu'à deux milliards, non imposables, pour réduire son bénéfice imposable. Et du coup, elle ne paie quasiment pas d'impôt. Et Zurich et Berne sont contents. Chapeau, l'artiste, quel talent! Surtout que, finalement, ce sont tous les contribuables qui paient leurs impôts qui permettent à la Coupole de n'en pas payer, ou presque. Comme si elle était une nécessiteuse aux revenus inférieurs au minimum vital et qui aurait besoin d'une aide de l'Etat pour survivre. La prochaine Coupe du monde à attribuer, on suggère de l'attribuer à Corleone, en Sicile. Un hommage au modèle.

C'est la saison des migrations des volatiles: les étourneaux descendent au Sud, les politiciens de droite vers en-core plus à droite: Morel passe du PLR au MCG, Poncet du PLR à l'UDC et Mettan de Russie Unie à l'UDC... Et la saison de la chasse, c'est quand ?

D'entre les candidates socialistes à la candidature au Conseil fédéral, y' avait une Bernoise, une Bâloise et une Jurassienne. Et comme on est en Suisse, le canton d'où on est, ou qu'on représente même quand on n'en vient pas, ça compte, comme critère. Et donc, les commentateurs du match rappellent que Berne (comme Vaud et Zurich) a quasi-ment toujours eu un représentant ou une représentante (Simonetta Sommaruga, en dernier lieu), ce qui aurait pu favoriser la candidate bernoise, Evi Allemann... sauf que Bâle n'a plus eu de représentant.e depuis le départ de Hans-Peter Tschudi en 1973, ce qui  favorisait la Bâloise Eva Herzog... sauf que le Jura, lui, n'a jamais eu de repré-sentant.e, ce qui favorisait la Juras-sienne Elisabeth Baume-Schneider... que soutient le PDC Raymond Loretan, parce qu'ils sont jurassiens tous les deux.  Mais si elle devait être élue, ça ferait une majorité de «latins» au Conseil fédéral alors que les alémaniques sont majoritaires dans la population. Sauf que Baume-Schneider, elle est alémani-que d'origine. et que la grande ville, et la métropole économique la plus proche du Jura, c'est Bâle... Nous v'la bien avancés, hein ?

Avant de se déballonner devant les exigences qataries d'interdiction de la bibine dans les stades et à leurs abords, et d'interdiction du brassard «One love» de solidarité avec les minorités sexuelles LGBTQI+, le Parrain de la Coupole du foot-pognon, Infantino, avait clamé, à l'ouverture des jeux du cirque, «Aujourd'hui, je me sens Qatari; je me sens Arabe; Africain; gay; handicapé; travailleur migrant». Il avait juste oublié d'ajouter «optimi-seur fiscal»: en mai, il assurait «mon domicile est à Zurich, c'est à Zurich que je paie mes impôts»... en juin, il transférait ses papiers à Zoug, où il paiera moitié d'impôts, et où il est supposé être locataire. Quant à la FIFA, dont on sait qu'elle est imposée à Zurich comme une association sans but lucratif, elle a versé l'année derniè-re 30,5 millions de dollars aux memb-res de son Conseil, à son président (Infantino, donc), son secrétaire géné-ral et aux principaux membres de sa direction. Il s'y ajoute 1,6 million de bonus divers et variés, et 4 millions de rémunération personnelle d'Infantino. Lequel a beau être officiellement do-micilié en Suisse, à Zurich jusqu'en mai, à Zoug depuis juin, mais habite réellement au Qatar, et a annoncé qu' il allait s'installer aux USA pour pré-parer les prochains jeux du cirque de la Coupole, prévus en 2026. Et qu'il ouvrira certainement en proclamant se sentir «Nègre, Amérindienne, mig-rante mexicaine enceinte et attendant une IVG».  Chapeau l'artiste !

Va falloir qu'on se prépare à leur proposer un chti café : les policiers municipaux et les fonctionnaires municipaux ont reçu le droit, qu'ils ne demandaient pas, de notifier aux mauvais payeurs les avis de pour-suites (commandements de payer, avis de saisie, etc...) que ni la Poste ni l'Office des Poursuites n'ont réussi à débusquer. Bon, c'est pas notre cas, on a commencé il y a cin-quante ans une collection de com-mandements de payer et d'avis de saisie qu'on ne peut compléter qu'en étant là pour les recevoir, mais ça fait rien, on se fera un plaisir de se les faire amener à domicile : après tout, c'est du lien social, et ça n'a pas de prix. Quoique la Ville de Genève va devoir engager (et payer) cinq policiers municipaux pour assumer cette fonction supplémentaire... Mais ça les vaut bien, non ?

Hans Magnus Enzensberger est mort. Il nous accompagnait depuis 50 ans, nous aidait à poser sur nos propres engagements, nos propres actions, ce regard critique qui en fait des actions politiques, au plein sens du terme, qu'elles soit légales ou non. Dans une centaine de pages parues en français 1998 aux éditions Allia, et reprenant un passage de l'un de ses texte fondateurs, datant de 1964 (de 1967 dans sa traduction française), «Politique et crime»,  Enzensberger prolongeait la réflexion du Camus de l'«Homme Révolté» sur le terrorisme, celui des «meurtriers délicats» de la Narodna!ia Volia, et celui de l'abso-lutisme nihiliste de Netchaïev. Lisez, ou relisez-le : on est toujours plus intelligent après avoir partagé l'intelligence d'un autre.




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