Fonds de tiroir

 Un joli bouquin paru l'année derniè-re retrace, sous la direction de Jorge Gajardo, les 182 ans de débats au Conseil municipal de la Ville de Genève depuis sa renaissance en 1842 (la commune de Genève avait été abolie par l'Ancien Régime revenu au pouvoir à la fin du régime fran-çais, qui avait institué une commune de Genève). L'ouvrage permet de mesurer notre capacité, incontestable, à débattre dans ce parlement commu-nal : le mémorial des séances de toute l'année tenait sur 570 pages en 1842 -il lui faut plus de 8000 pages en 2022. C'est-y qu'on parle plus ? Ouais, sûre-ment. Et c'est pas parce que depuis 1963 les femmes y siègent, au Conseil municipal, ça causait déjà beaucoup avant. Même quand la moitié du Conseil municipal était composé d'hommes (forcément) siégeant aussi au Grand Conseil et se mélangeant les pinceaux entre leur mandat de député et celui de Conseil municipal (il nous en reste encore quelques uns, de ces cumulard, et ils se mélangent toujours les pinceaux). Non, c'est parce que les sujets de débats se sont accrus et que leur complexité aussi s'est accrue qu' on cause plus. C'est aussi parce que les partis politiques au sens moderne du terme (il n'y en a pas réellement au XIXe siècle) se sont imposés comme des acteurs déterminants du débat. Et les compte-rendus du mémorial sont devenus plus vivants : ce ne sont plus seulement des verbatims des inter-ventions, mais aussi des relations d'ambiance (ils notent les rires, les applaudissements, les huées, les inter-ruptions, tout ça). Et de l'ambiance, y'en a, au Conseil municipal de la Ville. Surtout si on le compare au Grand Conseil. C'est à se demander si on a vraiment envie de s'y retrouver, au Grand Conseil... parce qu'on a quand même un peu peur de s'y faire quand même  un peu chier.

L'institut suisse de sociologie pastorale, un machin catho basé à Saint-Gall, a annoncé fin octobre que 34'182 personnes avaient quitté l'église catholique romaine en Suisse en 2021, soit 2500 de plus qu'en 2020, où le nombre des apostasies avait déjà atteint un record. En 2021, donc, 1,1% des catholiques de Suisses avaient décidé de ne plus l'être (sinon dans leur for intérieur), et même 1,5 % si on ne tient pas compte des cantons de Genève, de Vaud, du Valais et de Neuchâtel qui ne tiennent pas de re-gistres des affiliations, liées à un impôt ecclésiastique. Ce taux suisse est com-parable à ceux de l'Allemagne et de l'Autriche. C'est à Bâle-Ville qu'on se décatholicise le plus (3,6 % de départs). Cela dit, l'église romaine reste la prin-cipale église de Suisse, avec un peu moins de trois millions de fidèles. Côté protestant (avec de multiples églises), on a recensé 28'540 départs en 2021, soit 1500 de plus qu'en 2020. Et pourquoi quitte-t-on son église ? Chez les cathos, on la quitte plutôt par dé-saccord avec ses positions publiques (sur la place des femmes dans l'église, l'homosexualité, le divorce, l'avorte-ment, le suicide assisté, le mariage des prêtres), ses rites, les privilèges dont elle bénéficie encore. Chez les protes-tants, on quitte putôt l'église parce qu'on ne croit plus en Dieu ou en la divinité du Christ. C'est vrai que c'est une assez bonne raison, après tout, de quitter une église, ça, l'athéisme...

Le 4 novembre dernier, la droite genevoise (le PLR, l'UDC, le Centre, le MCG) a voté une réforme de l'évaluation fiscale de la valeur des immeubles, qui priverait l'Etat de 100 millions de recettes... si elle était légale : or elle ne l'est pas, parce qu'elle est en contradiction avec la loi fédérale. La loi votée par la droite finira donc à la fois devant la justice et devant le peuple (la gauche a annoncé un référendum). Mais d'ici là, si illégale qu'elle soit, elle aura permis aux gros propriétaires fonciers de gagner du temps, et donc du fric, sur le fisc. C'était bien le but. On a les grands projets qu'on peut. 

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