Fonds de tiroir

 Un rapport du «Government Accountability Office» américain (une sorte de Cour des Comptes), remis au Congrès, détaille les faiblesses du F-35, l'avion de combat que la Suisse a décidé d'acheter (de préférence à des avions européens) notamment celles affectant la fiabilité du moteur et la production des pièces de rechange. Et note que près de la moitié des appareils dont dispose l'armée de l'air (US Air Force) sont le plus souvent cloués au sol pour raisons techniques ou mécaniques. Le rapport est arrivé chez Dassault, fabricant de l'un des concurrents du F-35, le Rafale. On ne sait pas ce qu'en pensent ceux (et celle, la Conseillère fédérale Amherd) qui ont imposé l'achat du F-35, on ne peut qu'espérer qu'in petto, ils jurent «mais un peu tard, que l'on ne les y prendrait plus». Quoiqu'on ne leur fasse pas une confiance excessive pour tenir même ce genre de serments.

Le Conseiller national UDC zuri-chois Roger Köppel, par ailleurs patron de l'hebdo «Weltwoche», a annoncé qu'il ne se représentait pas aux élections fédérales de cet automne. Et ça tombe bien, c'était le parle-mentaire le moins assidu des Chamb-res fédérales, ayant manqué le plus de votes (un sur cinq) et de jours de session, devant le centriste Martin Landolt (le seule romand du top dix des absents étant l'UDC genevois Yves Nidegger). Ne pas se représenter à un poste où on n'était pas très présent, c'est sans doute l'assurance qu'on n'y sera pas regretté...

Le 3 mars, le Grand Conseil genevois s'est défoulé sur le «Cé què lainô», le cantique historique célébrant la victoire en 1602 de la Genève pro-testante sur les troupes catholiques du Duc de Savoie. Notre camarade Sylvain Thévoz avait eu la riche idée de demander, dans une question écrite au Conseil d'Etat, si ce cantique était compatible avec le principe constitu-tionnel de la laïcité. Du coup, offusquée, l'UDC a carrément proposé dans un projet de loi de l'inscrire dans la Constitution. Une autre riche idée, donc: inscrire un cantique en arpitan dans une constitution qui proclame la laïcité et fait du français l'unique langue officielle de la République... Le Conseil d'Etat a d'ailleurs repoussé le troisième débat sur la proposition udéciste, pour éviter son adoption en urgence et l'organisation d'une vota-tion populaire sur un texte bouffon. Il a bien fait. Et on ne fera pas reproche à l'UDC de son inconséquence consti-tutionnelle, on lui reprochera seule-ment de ne pas être allé assez loin dans la démarche et n'avoir pas imposé à l'ouverture de toute séance du Grand Conseil le chant, par les députés debout de l'intégralité des 68 couplets en arpitan du cantique de 1602...

Le député PLR Cyril Aellen, candidat malheureux à la succession de Pierre Maudet au Conseil d'Etat, en appelle à une unité de la droite pour l'élection au même Conseil d'Etat. L'unité de la droite, y compris l'UDC. L'unité de toute la droite, alors ? Ben non : rancunier,  il a oublié Pierre Maudet et Philippe Morel, mais aussi les Verts libéraux et l'Elan radical. C'est con, parce que toutes et tous ensemble, les candidates et candidats de la grande droite, ils pouvaient revendiquer carrément pour eux les sept sièges du gouvernement. Pusillanime, va...