Rénovation et extension du MAH : Les choses sérieuses commencent

En 2016, la Ville de Genève refusait, en votation populaire, le projet de rénovation et d'extension du MAH proposé par le Conseil administratif et le Conseil municipal. Un projet porté par l'architecte star Jean Nouvel, et financé en partie par le financier et collectionneur Jean-Claude Gandur, en échange d'un espace dans le musée rénové pour exposer ses collections (de grande valeur). Le crédit de réalisation du projet fut attaqué en référendum, et succomba en votation populaire, grâce à une addition d'oppositions de nature fort différentes : patrimoniales (le projet attentait à la cour intérieur du musée et modifiait trop le bâtiment historique conçu par l'architecte Marc Camoletti, et inauguré en 1910), financières (le coût du projet), politiques (l'accord passé avec Jean-Claude Gandur lui donnait des avantages considérables), et, enfin, culturelles (le projet architectural ne reposait sur aucun projet muséal perceptible). Bref, l'état du musée rendant de toute façon nécessaire une rénovation, et l'importance des collections du MAH rendant légitime une extension du musée, il fallut tout reprendre à zéro. Ce qui fut fait, cette fois sur la base d'un vrai projet muséal, élaboré par une commission indépendante. C'est la réalisation de ce projet qui fait l'objet d'un crédit d'étude de 19,9 millions soumis en ce moment à l'examen des commissions des travaux et de la culture du Conseil municipal. Si ce crédit est accepté, d'abord par les commissions, ensuite par le Conseil municipal et, peut-être, par le peuple (un référendum est possible), un concours sera organisé pour qu'en sorte un projet de rénovation et d'extension, et un crédit de réalisation de l'ordre de 200 millions, à son tour soumis aux commissions, au Conseil municipal et, potentiellement par le peuple. On en est là : au début d'un processus qui va prendre encore des années, et dont nul ne peut préjuger l'issue. Les choses sérieuses commencent -mais elles ne font que commencer...

Pour que la rénovation et l'extension du MAH ne buttent pas sur la butte

On ne peut que souhaiter que l'examen de la proposition de crédit d'étude pour la rénovation et l'extension du MAH, puis le débat public, puis encore l'examen du crédit de réalisation du projet qui sera retenu, puis le débat public autour de ce projet, porteront un peu plus que ce ne fut le cas en 2016 sur le contenu culturel de ce projet -sur le projet muséal, autant que sur le projet matériel. Mais nous savons aussi que l'ampleur même du projet matériel, et son impact sur l'environnement du musée, et ses ambitions urbanistiques (on regrettera ici que l'idée de faire étudier le crédit d'étude, non seulement par les commissions des travaux et de la culture, mais aussi par la commission de l'aménagement et de l'environnement) peut multiplier les oppositions, et que l'attention se concentrera aussi sur le sort d'un élément qu'on a peine à considérer ici comme central, et indispensable à l'extension du musée : la butte de l'Observatoire. Et qu'on risque fort d'en parler plus, de cette butte (finale) que de la réponse à donner à la question que tous les musées du monde se posent (et on n'a jamais créé autant de musées, publics ou privés, dans le monde que depuis vingt ans...) : que peut et doit être un musée, au XXIe siècle ? un musée du XIXème agrandi, modernisé, rénové, ou autre chose ? Et si c'est autre chose, quoi ?

On rappellera enfin que le meilleur des projets peut ici succomber à un vote populaire. On n'est pas, ici, dans un Etat dont le président peut, souverainement, décider des grands travaux, créer le Centre Pompidou, la Bibliothèque de France, l'Institut du Monde arabe. On est dans une petite république, et dans une commune, où ce meilleur des projets doit convaincre la population -sans quoi, il succombera à un référendum. Et tous les travaux préparatoires, toutes les recherches, toutes les études, auront alors été faits et menées en vain. Dès lors, s'il faut renoncer à étendre le MAH sous la butte de l'Observatoire pour faire accepter l'indispensable rénovation et la fort légitime extension du musée, pour qu'elles ne buttent pas sur la butte, il faudra s'y résoudre. Avec regrets, mais consciemment -il sera d'ailleurs temps, plus tard, de remettre la butte sur le métier et à l'ordre du jour, pour l'intégrer dans un projet non plus muséal mais urbanistique.

En attendant quoi, on va se reporter quelques années en arrière, en 2016, au moment du vote sur la premier projet de rénovation du MAH. On va s'y reporter pour nous plonger (avec délices) dans une hypothèse complotisto-apocalyptique jubilatoire : toutes les difficultés rencontrées pour rénover et étendre le MAH ont une explication : une malédiction. Une malédiction qui a une coupable : une momie. Les pages suivantes vous la narrent -et si vous ne recevez pas ces pages, vous en retrouverez le contenu sur https://www.facebook.com/profile.php?id=100068544634492

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