Election du gouvernement genevois : S'abstenir, c'est renoncer


Lundi soir, le taux de participation au deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat genevois s'établissait à 25,2 %, à six jours de la clôture du scrutin. Un peu moins de 70'000 citoyennes et citoyens avaient voté. C'est peu, mais c'est déjà mieux que pour le premier tour, couplé pourtant avec l'élection du Grand Conseil, ou finalement seulement 37,14 % du corps électoral avait usé de son droit d'élection. On devrait dimanche  dépasser les 40 % de participation. Une abstention restant majoritaire, mais dans un pays, un canton, une ville où on vote tous les trois mois, ce n'est pas, en soi, un drame : nous avons d'autres moyens de participer à une décision que l'élection. Et puis, il n'y a pas à Genève, ni ailleurs en Suisse, 60 % d'abstentionnistes systématiques : il n'y en a guère que 20 %. 20 % des citoyennes et de citoyens qui ne votent jamais, parce que la politique, ses choix, ses engagements, sont hors de leur agenda. Reste que voter ou élire est un droit, que ce droit, comme tous les autres ne s'use que quand on ne s'en sert pas et que s'abstenir, pour quelque raison que ce soit, c'est renoncer à ce droit. Et laisser d'autres en user, pour ce qu'il est : non un devoir mais un moyen, un instrument, parfois une arme. Tout droit contient certes le droit d'y renoncer -encore faut-il y renoncer en connaissance de cause : ni par ignorance, ni par indifférence, ni par impuissance, mais par choix. Celui de renoncer, délibérément.

Pourquoi un Conseil d'Etat de gauche face à un parlement de droite ? Précisément parce que le parlement est de droite...

Quel que soit le résultat du deuxième tour, que le Conseil d'Etat soit à majorité de gauche ou de droite, il se retrouvera confronté à la fois à un Grand Conseil sans majorité stable (trois blocs de force à peu près égale le composent : la gauche, la droite traditionnelle -dont les maudétistes font partie et l'extrême-droite) et à une gauche politique et syndicale qui multipliera les référendums à chaque tentative de la droite (élargie à l'extrême-droite pour former une majorité) de réaliser quelque point que ce soit de ce qui lui tient lieu de programme.

Dès lors, à la question : Pourquoi élire un Conseil d'Etat de gauche face à un parlement de droite ?, la réponse est : précisément parce que le parlement est de droite... Et que, si paradoxal que cela semble, un gouvernement peut être un contre-pouvoir à un parlement. Genève pourrait, le 30 avril, se retrouver avec trois pouvoirs dont deux seraient un contre-pouvoir au troisième -ou dont chacun serait un contre-pouvoir aux deux autres. Trois pouvoirs dont l'un, le peuple, est l'arbitre qui tranche entre les deux autres, le parlement et le gouvernement. On parle souvent, et on écrit beaucoup du "jeu politique". La politique est certes choses fort sérieuse -mais comme toutes les choses sérieuses, elle contient sa part de jeu, dans les deux sens du terme : une activité à laquelle on peut trouver plaisir, qui s'organise par des règles, mais aussi le mouvement aisé d'un mécanisme. Et le jeu politique genevois contiendra les deux sens de ce terme. Quel que soit le résultat de l'élection du Conseil d'Etat, dans quatre jours.

Dimanche, 30 avril, Genève aura un nouveau gouvernement. Le lendemain, nous dirons, dans la rue, ce que nous en penserons, ce que nous en attendons s'il est de gauche, ce que nous lui promettons s'il est de droite, et ce que nous promettons, d'ores et déjà, au parlement : cinq ans de luttes "par tous les moyens, même légaux", pour la défense et l'élargissement des droits et des libertés, la défense  des conditions de vie et de l'environnement du demi-million d'habitants de la Parvulissime République. 


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