Fonds de tiroir

 Comme on sait, le référendum lancé par l'UDC d'un côté, le PLR et le Centre de l'autre contre l'autorisation dans les piscines de la Ville de Genève de toutes les tenues de bains  «décentes et appropriées», a lamentablement échoué Il leur fallait 3200 signatures valides, ils leur en a manqué plusieurs centaines.  Si l'UDC a fait son boulot  de référendaire en récoltant plus de 2900 signatures (valides ou non), le PLR n'en aurait récolté qu'environ 400, et le Centre moins de 100. Explication du président du PLR de la Ville : la récolte a été  «très compliquée». parce qu'elle se faisait en pleine campagne électorale cantonale. Et alors ? Les élections cantonales, c'est le meilleur moment pour récolter des signatures au bas d'un référendum ou d'une initiative, tous les partis tiennent des stands... Et on ne voit pas pourquoi la droite n'arriverait pas à faire ce que la gauche arrive à faire...  mais bon, on va pas récolter des signatures à la place des bras cassés du PLR et du Centre...

Un cantique religieux (protestant) en arpitan savoyard du début du XVIe siècle devrait devenir l'hymne officiel de la République laïque et officiellement francophone et francographe de Genève. Ainsi en a décidé la majorité de droite et d'extrême droite du Grand Conseil, sur proposition de l'UDC (on voit mal, en effet, d'où sinon de ce trou noir elle pouvait venir), qui voulait ainsi réagir à la prétention exorbitante d'un député socialiste, qui voulait que Genève «interroge sa propre histoire»... Voir des députés frontaliérophobes voter pour faire d'un chant en savoyard l'hymne officiel de la République, et des démocrates-chrétiens «centristes» faire de même pour un cantique protestant appelant à l'extermination des catholiques avait déjà quelque chose de pataphysique. Voire de dadaïste. Une telle érection du Cé què l'ainô en hymne officiel serait en outre contradictoire de deux autres articles (au moins) de la Constitution, celui instaurant le principe de laïcité et celui posant l'officialité de la langue française. Le Conseil d'Etat (sortant) proposait de l'inscrire dans la loi plutôt que dans la Constitution? La majorité parlementaire veut ce machin dans la Constitution. Le peuple votera donc. Mais on ne sait pas si la campagne de votation se fera en français ou en arpitan. En attendant quoi, comme il doit importer au Conseil municipal de ne pas nous laisser dépasser par le Grand Conseil dans la production de Genfereien, et que la Ville doit reprendre le leadership dans cette production et continuer à montrer la voie au canton, comme elle le fait depuis qu'il existe, il nous est apparu opportun, légitime, indispensable même,de proposer au Conseil municipal de modifier son règlement afin de, lui aussi, sacraliser le Cé qué lâinô en faisant ouvrir chacune de ses sessions par le chant de sa version originale, en arpitan, entonné debout, a capella et dans son intégralité (68 couplets) par les membres du Conseil municipal. Parce qu'il ne faut pas que Genève «interroge sa propre histoire». Genève doit la célébrer, inconditionnellement, totalement, sans distance critique. Genève doit oublier qu'en 1602, on y parlait plus  souvent savoyard que français, et qu'il y avait plus de Savoyards dans les rangs des défenseurs de Genève qu'il y en avait dans ceux de l'armée du duc de Savoie. Et que si l'Escalade fut la dernière tentative dudit Duc de reprendre Genève et de la recatholiciser, c'est moins à cause de l'échec de l'Escalade que de la protection, certes intéressée, accordée à Genève par la France et par Berne. 

Commentaires

Articles les plus consultés