Genève : vers une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes ?

Des moyens pour des besoins

Le 18 juin, à Genève, on votera notamment sur une initiative fiscale de la gauche, "pour une contribution temporaire de solidarité sur les grandes fortunes", qui propose de renforcer l'imposition des plus fortunés, pendant dix ans, pour la poser à 0,25% de la part de la fortune qui dépasse trois millions. En même temps, l'initiative triple les déductions fiscales sur la fortune, jusqu'à un million et demi, ou la moitié de la fortune investie dans leur exploitation par les indépendants et les petits entrepreneurs. Enfin, elle réduit l'impact du "bouclier fiscal" derrière lequel les plus riches des riches sont protégés. L'initiative veut accorder au canton et aux communes des moyens supplémentaires pour répondre à des besoins sociaux et environnementaux croissants. Et elle veut leur accorder ces moyens en renforçant, modérément, la pression fiscale sur les 11'000 contribuables les plus riches tout en l'allégeant pour la grande majorité des contribuables, en particulier pour les PME et les indépendants.

"Pour rétablir la confiance, il faut taxer les riches"

"Sortir des crise sanitaire, sociale, économique et climatique implique une intervention massive de l'Etat dans différents domaines. C'est une évidence". Qui parle ? Thomas Piketty ? Jean Ziegler ? Non : Nathalie Fontanet (dans la "Tribune de Genève" du 29 mars), ministre libérale genevoises des Finances... qui combat une initiative qui précisément veut accorder pendant dix ans 200 millions de francs de recettes annuelles supplémentaires à l'Etat (cantonal), et 50 millions aux communes, pour les investir dans la santé, la formation, l'aide sociale, l'urgence climatique, le création de places de crèches. De ces ressources, Genève n'a pas besoin, assure sa grande argentière. Comme si l'"intervention massive de l'Etat" contre les crises ne coûtait rien.

La fortune imposable a doublé à Genève entre 2010 et 2018, les fortunes genevoises de plus de trois millions de francs atteignent les 70 milliards et représentent désormais 71% de la fortune totale déclarée -un record suisse. Elles ont augmenté de 145 % entre 2010 et 2018, et celles de plus de dix millions ont augmenté de 200 %... Il y a plus de milliardaires à Genève qu'à Zurich, et il y en a de plus en plus. Pendant quoi, l’écart entre les riches et les pauvres ne cesse de se creuser, 2% de la population possède 63% des richesses, le nombre de dossiers d'aide sociale a augmenté de 76 % entre 2010 et 2020, et une personne sur cinq est aux limites de la pauvreté. Les besoins sont là, criants. Les ressources pour les couvrir son là aussi, aussi, évidentes. : par l'initiative soumise au vote populaire, il ne s'agit que d'user de ces ressources pour couvrir ces besoins, en œuvrant pour une plus juste répartition des richesses.

A la fin de l'année dernière, 102 multimillionnaires signaient une lettre ouverte dans laquelle ils proclamaient que "pour rétablir la confiance, il faut taxer les riches". Donc les taxer, eux. Comment résister à une telle invitation ?


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