Fonds de tiroir

 Il y a actuellement, dans le beau Léman (et pas le «lac Léman», puisque «Léman» ça voulait dire «lac» en celte, et donc que «lac Léman» ça voudrait dire «lac Lac», ce qui redondonne un brin...) entre 150 et 1000 tonnes de munitions immergées par la Suisse (oui, d'accord, on devrait pas dire «immergées» vu que c'est dans un lac, pas dans une mer, mais on sait pas comment le dire autrement). Ce sont des munitions suisses, fabriquées par Hispano-Suiza pendant la seconde Guerre Mondiale, et englouties, tout à fait légalement, entre 1948 et 1962. Or l'eau du lac alimente nombre de robinets suisses et français de la région. Et ces munitions contiennent non seulement des explosifs peut-être encore susceptibles d'éclater, mais aussi du fer, du plomb, du cuivre, du nickel, de l'étain, du cobalt, du cadmium pouvant se diffuser dans la flotte, et entrer dans la chaîne alimentaire. Bon appétit, les poissons. Et les consommateurs de féra cuivrée, d'omble chevalier nickelé, de perches plombées... A l'automne 2019, des plongeurs avaient découvert et photographié des caisses de munitions très dégradées posées à 50 mètres de fond, pas du tout enfouies sous les sédiments mais couvertes de moules. La députée socialiste Salima Moyard s'en était légitimement émue, et avait demandé au canton d'inscrire le Léman genevois dans le cadastre des sites pollués. L'a-t-il fait ? on sait pas. On sait pas non plus s'il entend les sortir du lac pour les faire exploser ailleurs et recycler ce qui peut l'être. Mais on aimerait bien savoir, avant d'aller faire trempette. Entre les obus. 

Bon, ben voila, le Conseil muni-cipal de la Ville de Genève a refusé d'inscrire dans son règlement le chant du Cé què l'ainô comme exhortation à entonner à chaque ouverture de session. Et on devrait en être bien marris, puisqu'on en avait fait la proposition. Mais bon, on s'en consolera en se disant qu'en refusant cette proposition, le Conseil municipal a seulement voulu montrer qu'il n'est pas aussi crétin que la majorité du Grand Conseil, qui, elle, a voté pour l'inscription de ce cantique du XVIe siècle, en arpitan, dans la constitution d'une République laïque et dont le français est la langue officielle. On se dira seulement qu'on a loupé l'occasion de manifester notre volonté de ne pas nous laisser distancer par le canton dans la production de Genfereien. Parce que c'est cela, qu'on voulait : pas nos lèssar dépassar per lo Grand Consei dens la produccion de «Genfereien». La Vila dêt prenre lo lideratge dens cela produccion. Et ela dêt, coma ela lo fêt despiè qu'ela ègziste, monstrar la vôia al canton.

14'600 caméras étaient installées dans les trains en Suisse en 2015, les CFF en exploitent 24'400 aujourd'hui. A Bâle, 4260 caméras sont installées dans les espaces publics. Elles sont des milliers dans chacune des principales villes de Suisse, et on en installe de nouvelles tous les jours un peu partout. Or selon le professeur de géographie politique Francisco Klauser, cette explosion de la vidéo-surveillance ne rend pas la société plus sûre, n'empêche pas les délits commis sous l'emprise de la drogue ou de l'alcool, ou de la colère : «les caméras ne résolvent pas les problèmes, elles les déplacent ailleurs». Bref, les caméras sont sans effet sur la sécurité. Sauf, évidemment, celles des fabricants et des vendeurs de caméras...


Commentaires

Articles les plus consultés