Fonds de tiroir

 C'est une triste histoire que nous racontait «Le Matin Dimanche» du 22 janvier : celle d'une communauté catholique, la Fraternité Eucharistein, créée en Valais en 1996 et dont le fondateur, Nicolas Buttet, ancien secrétaire du PDC de Suisse romande, ordonné prêtre par l'évêque de Fréjus-Toulon sans avoir suivi le séminaire (l'évêque a d'ailleurs été privé du droit de nommer de nouveaux prêtres), qui vit désormais dans un monastère français, a été privé par la hiérarchie papiste du droit de dire la messe, de pratiquer la confession et de se rendre dans la Fraternité -à la tête de laquelle a été nommé un nouveau modérateur. Un audit conduit par l'Eglise catho a conclu que l'exercice, par Buttet, de «l'autorité au sein de la Fraternité a été marqué par un système pyramidal abusif, infantilisant et qui a annulé les personnes dans les diverses dimensions de leur être» (ça pourrait pas être le diagnostic porté sur le fonctionnement de l'Eglise elle-même à l'égard de ses fidèles, ça?). La Fraternité a d'ailleurs été «signalée» auprès des structures de prévention des dérives sectaires en France et en Suisse. Des témoignages de parents racontent comment leur enfant, sous influence, avait rompu avec eux pour se soumettre totalement à l'influence de Buttet et de la structure mise en place dans la Fraternité, qui mettait constamment en avant l'exigence d'un don de soi absolu et total. La Fraternité devenait la seule famille de ses membres, le monde extérieur était perçu comme ennemi de cette nouvelle famille. Et quand quelqu'un voulait quitter ce qui était, par toutes ces caractéristiques, une secte, on lui disait «qu'il allait finir à l'hôpital psychiatrique ou qu'il trahissait le plan de Dieu», témoigne une ex-adepte. Car Dieu a un plan. Les adeptes étaient (toujours comme dans nombre de sectes) soumis à un travail intense et ininterrompu, qui en a épuisé certains : rénovation des maisons de la Fraternité (une ferme à Saint-Maurice, deux châteaux en France, formellement propriété du diocèse...), entretien des jardins, soins des animaux, accueil (sans la formation nécessaire) de personnes en rupture, souffrant de troupes psychiques ou toxicomanes, souvent violentes. Ceux et celles qui quémandaient un temps de repos se voyaient reprocher leur manque de confiance en Dieu ou de foi en Sa grâce. Les membres qui auraient eu besoin d'une thérapie se la voyaient refuser. Et la Fraternité pratiquait régulièrement des exorcismes -ou plutôt, les imposait. Et tout cela a duré pendant des années, plus de dix ans, sans intervention ni de l'Eglise, ni des autorités publiques. Des victimes de ces pratiques se sont pourtant adressées aux évêchés de Sion et de Fribourg, à l’abbaye de Saint-Maurice, et même à Rome, et ont été entendues -mais sans que des décisions suivent. Quant aux autorités politiques, elles sont confrontées au puissant réseau politico-financier de Buttet, où on retrouve un ancien Conseiller aux Etats PDC, proche d'Ecône, Jean-René Fournier, et un ancien Conseiller d'Etat, PDC aussi (évidemment), et lui aussi proche d'Ecône, Dominique Giroud. On y retrouve aussi des représentants de grandes fortunes catholiques françaises (Bettencourt, Leclerc, Michelin, Mulliez... ne manque que Bolloré...). Du beau monde, très utile pour dissuader de mener enquête, ou les entraver quand on n'a pas pu les empêcher. Tout ce que les cathos intégristes ont reproché pendant deux siècles aux franc-maçons, quoi...

Le 1er juin, en revenant de Marseille avec une délégation du Conseil mu-nicipal de Genève, on écrivait ceci : «quand l'adjointe au Maire de Marseille, chargée de l'urbanisme et du "développement harmonieux de la ville", Mathile Chaboche, écrit que "Marseille manque cruellement de lo-gements et notamment de logements sociaux", et qu'il faut donc "construi-re plus, pour toutes et tous, mais construire mieux", ne peut-on l'écrire aussi pour Genève? Et quand elle pose, au nom de la municipalité marseillaise, le "double impératif de justice sociale et de transition écologique", pose-t-elle d'autres impé-ratifs que ceux que nous posons, et que le Conseil administratif pose pour Genève? Reste, évidemment, après les avoir posés, les relever...». En attendant quoi, c'est l'adjointe au Maire, chargée de l'urbanisme et du «développement harmonieux de la ville», qui a été relevée. Mais de ses fonction, pour possible conflit d'inté-rêt: son compagnon, directeur général du plan de rénovation des écoles de Marseille, allait partir dans le privé, dans une entreprise de travaux publics. Bref, l'adjointe au Maire de Marseille a été révoquée par le Maire, juste après la visite des conseillers municipaux genevois. On va avoir de la peine à se faire inviter quelque part, après ça. Ou alors à Moscou ? Pour faire révoquer Poutine ? 

Fin janvier dernier, pour récolter des signatures sur son initiative en faveur d'une immunité policière («je protège la police qui me protège»), l'UDC genevoise avait encarté dans le GHI un fascicule de propagande. Avec, pour accompagner un article de l'ex-Conseiller national PLR passé à l'UDC, Charles Poncet,  un visuel très... comment dire ?... très UDC: d'un côté, un basané menottant un policier blanc, de l'autre un policier blanc menottant un basané. Un lecteur du «Courrier» y voit une publication «ouvertement raciste». Il y a donc encore des gens pour s'indigner du contenu raciste d'une publication de l'UDC... ça laisserait supposer que c'est pas habituel... ben non, c'est habituel. Récurrent... Une marque de fabrique, en somme.

Dossier tout à fait fondamental (dans tous les sens du terme, même) dans le supplément dominical du «Monde», «l'époque», d'hier: comment pisser ? Les hommes doivent-ils à avoir le droit de pisser debout ? Les femmes en ont-elles aussi le droit? «Longtemps lieu de l'intimité absolue, les W-C se politisent», observe «Le Monde». Pourquoi pas, après tout? Y'avait pas de raison qu'un lieu où on se fait chier ne devienne pas un lieu de débat à la mord-moi-le-noeud. Mais de là à parler de «révolution du petit coin», quand même... Ils doivent être «Debout, les damnés de la terre», pas assis, pour assumer leur miction historique...

Des services de la Confédération et des entreprises publiques (la Poste, les CFF) ont été ciblés lundi par les hackers russes (ou russophiles) du groupe «NoName», qui revendique avoir atteint le site de la polie fédérale, après avoir attaqué, la semaine dernière, le site du parlement fédéral. La méthode utilisée est basique, et sans danger de fuite de données : elle consiste à saturer les serveurs visés en les bombardant de multiples requêtes identiques. Le groupe de hackers collabore parfois avec des services russes, et cible tous les pays qui soutiennent l'Ukraine. Il explique avoir ciblé la Suisse, à la veille d'un discours du président ukrainien aux Chambres fédérales, parce qu'elle a accepté de respecter les sanctions européennes contre la Russie. Du coup, le conseiller national UDC valaisan Jean-Luc Addor pétainise : «je pense qu'une neutralité suisse est de nature à nous éviter ce type de risques». C'est con, parce qu'être attaqué, quand même, ça prouve qu'on existe... et on en a besoin, nous autres, les Suisses, qu'on reconnaisse notre existence...

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