Fonds de tiroir

 Aux dernières élections cantonales ge-nevoises, le MCG, qui disposait (ou croyait disposer) d'un siège au Conseil d'Etat avec Mauro Poggia, l'a perdu : Poggia ne s'est pas représenté, et le can-didat du parti, Philippe Morel, passé du PDC au PLR et du PLR au MCG, n'a pas été élu. Faut dire que pendant la campagne électorale, le profeseur de médecine (chirurgien aux HUG) avait été l'objet de deux infos ébréchant quelque peu la stature qu'il voulait se donner : d'abord, le medium en ligne Heidi News a révélé qu'en 2006, Morel avait greffé un foie à un riche patient émirati qui n'aurait pas dû en bénéficier mais que Morel a réussi à imposer en priorité sur une liste d'at-tente de greffe, alors qu'il ne remplis-sait pas les conditions pour y être re-ceveur. Morel a bien déposé une plain-te pénale pour calomnie contre incon-nu, mais le rapport de la transplan-tation semble bien confirmer les accusations. Ensuite, c'est la «Tribune de Genève» qui a révélé que Morel ne détenait pas le titre de professeur honoraire de la Faculté de Médecine de l'Université de Genève dont il se targuait en tant que candidat. Il au-rait certes pu en bénéficier du fait de sa longue carrière de chirurgien aux HUG, mais sa condamnation pour violation du secret de fonction (la publication dans un livre d'informa-tions sur un patient) l'en avait empêché. Lui plaide la «naïveté»: il a cru que le titre était accordé auto-matiquement aux professeurs ayant quitté l'institution après douze ans. Comme le siège de Conseiller d'Etat à qui le convoite en ayant fait presque le tour des partis de droite pour y être présenté ?

A Zurich et à Winerthur, par 69 et 65% des votes, les citoyennes et ci-toyens ont instauré des salaires mini-mums communaux de 4000 frs par mois à Zurich et 23 francs de l'heure à Winterthur. Les deux villes rejoignent ainsi les cantons romands (Genève, Neuchâtel, le Jura) et le Tessin qui ont déjà instauré des salaires minimums cantonaux. On est des modèles...

Donc, voilà, à Genève, «le droit à l'alimentation est garanti. Toute personne a droit à une alimentation adéquate, ainsi que d'être à l'abri de la faim».  Parce qu'on ne l'avait pas, ce droit ? Ben si, évidemment, mais il n'était pas inscrit dans le Constitution. Maintenant il l'est :  les deux tiers du corps électoral cantonal actif en ont décidé ainsi, comme le lui proposait le gauche. Pourquoi la droite y était-elle opposée (sans d'ailleurs faire campagne) ? Pourquoi dans trois parcs à bourges de la rive gauche une majorité s'est-elle dessiné dans les urnes contre cette proposition, encore symbolique et qu'il faudra concrétiser par une loi d'appli-cation ? mystère et boules de gomme. Peut-être qu'on y craignait que les domestiques aillent se servir dans les frigos des patrons et boulottent les réserves de caviar ?

On ne célébrera jamais assez l'influence de Genève sur le reste de la Suisse. Tenez, par exemple (au hasard): l'«affaire Maudet». A Genève, elle avait déjà provoqué l'introduction de la possibilité de révoquer un magistrat coupable (et reconnu comme tel) de manque-ments graves aux devoirs de sa fonction. Avant cela, il avait fallu attendre que Maudet démissionne de son plein gré. Et on n'avait pu empêcher de le voir reenir une élection plus tard. Mais dimanche, son «affaire» a aussi accouché dans le Jura une modification de la Constitution permettant, lorsque la loi d'application aura été adoptée, de dissoudre carrément le gou-vernement (c'est tout les Jurassiens, ça: les Genevois s'autorisent à virer un Conseiller d'Etat, les Jurassiens à les virer tous. Ils sont donc allés plus loin que nous, mais on leur en veut pas : le premier pas, ce fut quand même le nôtre. Enfin, celui de Maudet. Vers l'avion d'Abu Dhabi.




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