Acceptation du plan localisé de quartier "Acacias 1" : Quitter Metropolis ?

62 % des votantes et votants en Ville de Genève ont accepté de donner un préavis municipal positif au plan localisé de quartier "Acacias 1", dans le périmètre plus vaste du PAV (Praille-Acacias Vernets), comme les y invitaient une large majorité de partis politiques (du MCG aux Verts en passant par le PLR, le Centre, les Verts et le PS), L'UDC et Ensemble à gauche appelant à le refuser, pour des raisons totalement différentes : l'UDC parce qu'elle croit qu'on attire les immigrants en construisant des logements, alors qu'on construits des logements pour les gens qui sont déjà là, et EàG parce que, comme les associations d'habitants, elle considère que le PLQ témoigne d'une densification excessive, comporte un nombre insuffisant de logement sociaux, et excessif de bureaux et de surfaces commerciales, en que les équipements publics et le parc sont sous-dimensionnés. Le projet prévoit la création de plus de 2200 logements, dont 62 % de logements d'utilité publique  et de de 67'000 m2 de surfaces d'activité, en sus des 30'000 existants et maintenus. Il remet à ciel ouvert une rivière, la Drize, privilégie les cheminements piétons, prévoit l'implantation de 300 arbres et la création d'une vaste place publique de7600 m2. On peut, au XXIe siècle, quitter Metropolis ?

On aurait fait un pas vers un nouvel urbanisme, dimanche dernier, à Genève ? Peut-être...

Certes, en  soutenant le PLQ "Acacias 1", le corps électoral de la Ville de Genève n'a donné qu'un préavis à un plan localisé de quartier, mais c'est un préavis qui pèse lourd, parce que la commune pèse lourd, que le préavis a été donné par une majorité claire et que c'est un élément important du projet du PAV (Praille_Acacias-Vernets) qui a été adoubé. Et puis, c'est aussi une confirmation du soutien que peut obtenir la volonté de "construire la ville en ville" pour éviter de l'étaler dans des zones vertes, agricoles ou résidentielles. Le prix à payer, c'est la densification. Et la densification doit s'accompagner, si on refuse les cités-dortoirs, d'infrastructures publiques (culturelles, sportives, notamment) suffisantes pour les 5000 habitantes et habitants de plus que le quartier va accueillir.

Le quartier, en effet, qui tient à la fois de la friche industrielle, du centre commercial improvisé et du parking de surface, peut devenir un vrai quartier résidentiel. De ce point de vue, quelque critique qu'on puisse lui adresser, il est difficilement contestable que le PLQ "Acacias 1" soit un "mieux". Relatif, certes, et pour autant que les demandes du Conseil municipal, qu'il a posées comme des conditions à son préavis favorable au PLQ,  soient prises en compte, Que sont elles, ces conditions du Conseil municipal, dont il charge le Conseil administratif de veiller au respect ? résumons-en les principales : une école plus grande, des locaux pour le parascolaire, un vaste préau, une crèche, des places de jeux, un espace de pratiques sportives, une plus forte proportion de logements par rapport aux nouveaux emplois (le Conseil municipal veut deux logements pour un nouvel emploi), une meilleure répartition de la lumière et de la ventilation naturelles dans les logements et entre les immeubles, une plus forte végétalisation, une préférence donnée au reconditionnement des bâtiments et à une réutilisation des matériaux sur la destruction-reconstruction, l'installation d'entreprises locales liées à l'économie circulaire, la promotion de l'accès aux toits pour les habitants, la séparation des flux piétons et cyclistes, l'assurance que tous les appartements proposent un accès extérieur (balcon ou loggia), la poursuite d'une consultation la plus large possible. Nombreuses conditions, donc, dont on jurera pas qu'elles soient respectées, et qui dessineraient déjà un autre quartier que celui que dessine le PLQ -qui lui-même en dessine un autre que l'actuel.

A Venise, jusqu'au 26 novembre, se tient la 18e biennale d'architecture. Et elle se veut un "laboratoire du futur". On y voit en effet moins de visions façon Metropolis, moins d'aéroports, de tours, de villes martiennes ou subaquatique sous cloche. Les exposants canadiens d'un collectif contre "l'aliénation par le logement" revendiquent une "texte sur l'embourgeoisement" pour les populations expulsées des villes par la hausse des prix, un soutien aux coopératives plutôt qu'à l'immobilier spéculatif, des quartiers de logements sociaux qui ne soient pas de cités dortoirs mais qui offrent services publics, espaces collectifs, transports publics... comme "Acacias 1" avec les conditions posées par le Conseil municipal de Genève. Et dans un manifeste dont le titre, "Pas à vendre !", est déjà un un programme : "l'aliénation du logement dépouille de façon disproportionnée la classe ouvrière, les femmes et les personnes racisées de leur pouvoir de choisir leurs moyens de survie et d'épanouissement. La production de logements axés sur le profit dépend de pratiques d'emploi exploitant la main d'oeuvre et de pratiques de construction et d'extraction de ressources qui sont non durables et qui dégradent l'environnement".

On aurait donc fait un pas vers un nouvel urbanisme, dimanche dernier, à Genève ? Peut-être. Mais un pas, seulement un pas...


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