Fonds de tiroir

 Le 14 mai se tenaient en Turquie le premier tour de l'élection prési-dentielle et les élections législatives. Des délégations étrangères étaient sur place pour observer les votes dans les locaux, et le dépouillement. D'entre ces délégations, deux délé-gations de la gauche de la gauche genevoise, répondant à l'appel de la coalition de gauche formée par le HDP. Pas une délégation, mais deux, séparées. L'une, de l'Union Populaire, à Sanliurfa, l'autre, d'Ensemble à Gauche, à Sirnak et Cirze (trois villes du Kurdistan turc). Bon, on a l'air d'ironiser, là, mais les divisions de la gauche de la gauche genevoise auront au moins permis de doubler ses délégations d'observateurs. En Turquie. En revanche, on n'a pas de nouvelles des observateurs kurdes des élections genevoises, et de la disparition de la gauche de la gauche du parlement cantonal.

La Ville de Genève propose à la commission cantonale de nomencla-ture (mais c'est le Conseil d'Etat qui décide) de renommer seize de ses rues et places, quinze en leur donnant le nom de femmes «au parcours exemplaire» et une en l'attribuant au 14 juin, date de l'inscription du principe d'égalité dans la Constitution fédérale, et date des grèves des femmes. La Place des Alpes serait rebaptisée place Grisélidis Réal, la place Sturm place Beatriz Consuelo. La résistante Noëlla Rouget aurait aussi sa rue. On soutient cette démarche, Et on continuera à soutenir les démarches suivantes du même genre, tant qu'il n'y aura pas autant de rues et de places portant des noms de femmes que de rues et de places portant des noms d'hommes. Mais on préférerait quand même qu'on s'en tienne à remplacer des noms d'hommes par des noms de femmes, et que l'on renonçât à débaptiser des rues et des places portant des noms de métiers (qu'on peut d'ailleurs féminiser), d'animaux, de fleurs, de rivières, de montagnes... Et on aimerait bien que l'on redonne leurs noms anciens à toutes les rues à qui on a donné des noms de personnes masculines parfaitement inconnues, et dont le seul mérite est parfois d'avoir été propriétaire foncier dans cette rue. Et que quand on aura autant de rues et de places portant le nom de femmes que d'hommes, on recommence, comme on le faisait jusqu'au XIXe siècle, à donner aux nouvelles rues et aux nouvelles places, des noms d'animaux, de fleurs, de métiers, de rivières et de montagnes. Une rue du Dugong et une rue de la Licorne, par exemple, ça serait bien...

En résumant le bilan 2022 des interventions de la police genevoise sur les routes, interventions en hausse de 5 % en un an, le major Patrick Pulh a constaté que «le comportement du conducteur, l'état du conducteur et la vitesse sont les principales causes de l'augmenta-tion des accidents sur les routes en en ville». C'est pas un peu enfoncer des portières ouvertes, ça ? Bon, le nombre de décès sur les routes a baissé (huit en 2022, 14 en 2021) et celui de blessés est resté stable, mais les dégâts matériels ont augmenté. Ce qui n'est pas trop grave, sauf pour le porte-monnaie des acciden-tés. Pour le reste, l'alcool au volant reste «très présent», les interventions en lieu avec la drogue ont doublé (274 contre 145 en 2021) et le com-1qportement des automobilistes, des cyclistes et désormais des trottineurs cause toujours problème. Et celui des piétons ? Rien à dire. Sauf peut-être que ce sont les seuls usagers de la route à n'être dangereux que pour eux-mêmes. Et qu'il faudrait donc les rendre prioritaires partout.

Dimanche, on aura donc eu sur toutes les chaînes d'info en continu la dif-fusion de versions assez originales de deux opéras de Moussorgky: Boris Gogounov et la Khovantchina. Dans la Khovanthina, le Tsar est confronté à la fois à un complot de boyards, qu'il réprimera, à une révolte de miliciens (les Streltsys) qu'il mas-sacrera et à une dissidence religieuse qui finira au bûcher). Et dans Boris Godounov, au peuple qui a acclamé le tsar usurpateur comme il acclame toujours les Tsars, l'Innocent lance:  «pleure, peuple russe, qui aura toujours faim»... Bref : pour comp-rendre le monde, allez à l'opéra...