Fonds de tiroir

 ça y'est, les Vaudois ont leur Philippe Morel -leur touriste politique passant d'un parti à un autre, tout en restant du même côté du paysage -le côté droit (mais y'en a aussi à gauche, de ces touristes). Le Morel vaudois s'appelle Béglé. Venant du PDC (l'actuel Centre), dont il a été Conseiller national de 2015 à 2019), il avait tenté de passer au PLR, comme Morel l'a fait, mais a été recalé. Puis, alors que Morel est passait du PLR au MCG, toujours à la recherche d'une place au Conseil d'Etat, Béglé, lui, est passé à l'UDC. La migration des touristes politi-ques de droite se fait toujours dans le même sens : de plus en plus à droite. Et Morel a un avantage sur Béglé: il peut encore changer de parti en passant du MCG à l'UDC, alors que, comme il n'y a pas de MCG version vaudoise, Béglé est arrivé au bout du périple possible dans le champ politique réel (il reste bien quelques groupuscules d'extrê-me-droite, mais c'est pas là qu'on peut faire carrière). A Genève, quand on a touché le fond, on remonte pas, on creuse.

A Annemasse, la Maison de quartier Nelson Mandela a été incendiée en juillet, sans doute au nom de la lutte contre le racisme,  lors des émeutes qui ont éclaté dans toute la France après la mort, de Nahel, abattu par un policier à Nanterre. Et les émeutes françaises ont donné des idées à quelques ados lausannois, qui se sont défoulés le 30 août dans le quartier du Flon. Les spectateurs de ce défoulement disaient: «on se croyait en France». D'ailleurs, les sauvageons sont arrivés par la route de Genève. L'honneur est sauf.

La grande rencontre anarchiste de Saint-Imier, du 19 au 23 juillet, s'est donc faite avec l'accord, et même la collaboration de la police bernoise, et l'apport d'une société de sécurité privée spécialisée dans l'événemen-tiel... Y'aurait pas là comme une sorte d'incohérence, ? C'est vrai que négocier avec la police pour pouvoir réunir des milliers de personnes qui ont au moins en commun l'espoir, ou le rêve, de pouvoir se passer de toute appareil répressif, à plus forte raison s'il est d'Etat, ça paraît curieux... mais en fait, c'était indis-pensable, pour une rencontre qui allait rassembler plus de monde qu'il n'y aura d'habitants dans la petite ville... Et puis, les anars orga-nisateurs (non, c'est pas contra-dictoire...) ont également fait appel à une société privée, Taktvoll, qui assume déjà la sécurité lors de festivals et de concerts, et dont la philosophie affirmée n'est pas celle d'un appareil répressif d'Etat...Bref, y'a pas de contradiction, juste un compromis avec la réalité. A part ça, y'a une coïncidence amusante, dans laquelle on ne verra ni incohérence ni compromis, mais, précisément, juste une coïncidence : une semaine après la rencontre anar de St-Imier, dans le Jura bernois, se tenait,  dans le Jura jurassien, la 24ème rencontre mondiale des amis de la 2CV Citroën. Et il y avait encore plus de monde qu'à la rencontre anar, qui avait déjà attiré pluisiurs milliers de personnes. ça aurait été une rencontre mondiale des amis des Porsche, on y aurait sans doute pas vu beaucoup d'anars, mais à une rencontre de Deucho-philes, il devait y en avoir. Parce que c'est assez anar, comme bagnole, la deuche... Bon bref, l'arc jurassien, c'est un chouette biotope politique. 

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