"Réforme" (LPP21) de la "prévoyance professionnelle" : Ce devra être "NON"
Il lui fallait 50'000 signatures, elle en a déposé trois fois plus le 27 juin au bas de son référendum contre la révision (LPP21) de la prévoyance professionnelle, le "2ème pilier" du système suisse de retraite : la coalition "Non aux baisses des rentes LPP", qui rassemble les syndicats, le Parti socialiste, les Verts et les magazines de consommateurs "Bon à savoir" et "K-Tipp", a engagé la campagne référendaire avec un soutien considérable. On votera donc. Pour l'Union Syndicale Suisse, cette "réforme", imposée par le parlement contre un compromis négocié par les syndicats, le patronat et le Conseil fédéral, n'est qu'un exercice d'économies conduisant à des baisses de retraites jusqu'à 3240 francs par an. La réforme prévoit une baisse du "taux de conversion" du capital accumulé par le cotisant, dans un système d'épargne obligatoire, de 6,8 à 6 %. Le Conseil fédéral devra la défendre devant le peuple -la bonne nouvelle, c'est qu'Alain Berset, en charge du dossier mais qui défendait un compromis défait par la majorité de droite, n'aura pas à s'acquitter de ce pensum, puisqu'il ne sera plus Conseiller fédéral... On n'attend plus de lui que, comme nous, il vote "NON" à la LPP21 -et le dise.
L'arnaque du 2e pilier mise en lumière...
La droite et le patronat ont rompu la promesse
faite aux assuré-es de garantir une retraite qui atteigne 60% du
revenu d’activité. Le 2e pilier avait pourtant été accepté avec
cet engagement, et le relèvement de l'âge de la retraite des
femmes n'avait été accepté par le peuple qu'après qu'on lui ait
promis d'améliorer les retraites du 2e pilier. Les belles
promesses rendent les électeurs (plus que les électrices)
aveugles : celle- là aura été oubliée sitôt acquis le vote sur
le report de l'âge de la retraite des femmes, qui en a condamné des centaines de milliers (celles qui
touchent les salaires les pus bas pour les travaux les plus
pénibles) à travailler plus longtemps pour toucher encore des
retraites insuffisantes. Or les inégalités de genre à la
retraite ont des effets dans les 2e et 3e pilier. Le modèle du
2e pilier, celui de la prévoyance professionnelle, pénalise les
bas revenus et les temps partiels, c'est-à-dire essentiellement
des femmes. Certes, la réforme proposée
prévoit d'abaisser le seuil d'accès au deuxième pilier,
autrement dit, le seuil à partir duquel cette épargne
obligatoire est prélevée, afin d'y soumettre 70'000 personnes de
plus, notamment des personnes travaillant à temps partiel
(essentiellement des femmes), mais en même temps, elle fait
baisser le taux de conversion des avoirs de chaque titulaire
d'un 2ème pilier. Et comme les rentes LPP (sauf les plus basses)
ne seront pas indexées, l'inflation leur fera perdre de la
valeur réelle.
La LPP 21 devait réduire les discriminations que
subissent les assuré.e.s ? Au bout du compte, elle ne fait
qu'élargir le cercle des personnes soumises à l’obligation de
cotiser au 2e pilier. Seront ainsi contraint-es de s’affilier
les salarié-es touchant un salaire de CHF 19’845 par an au lieu
de CHF 22’050 aujourd’hui. Pour le reste,
la LPP 21 est une péjoration des retraites: la baisse du taux de
conversion de 6.8% à 6% entraînera des pertes de rentes jusqu’à
15%, jusqu'à 3240 francs par an, pour toutes et tous. En fait,
la révision proposée, succédant au report de l'âge de la
retraite des femmes, se résume à ceci : cotiser plus longtemps
sans que les rentes soient maintenues à leur niveau actuel. Et
comme les rentes sont financées paritairement par les
cotisations prélevées sur le salaire, celui-ci sera, en réalité,
réduit. Bref, on payera plus et plus longtemps pour obtenir
généralement des rentes plus basses, et dans le meilleur des cas
une rente qui n'aura pas augmenté -alors que les loyers, les
primes d'assurance-maladie, les tarifs des transports publics
(et on en passe), eux, ne vont pas cesser de renchérir.
Les seuls à profiter d'une telle réforme, ce ne sont évidemment pas "les jeunes, les femmes, les travailleurs à temps partiel et la classe moyenne" que tous les partis de droite (Verts libéraux compris) et les organisations patronales appellent (en oubliant le sous-prolétariat et les sdf) à soutenir leur contre-réforme, mais les financiers, assureurs, banquiers, gestionnaires de fortunes et intermédiaires qui obtiendront des milliards de plus que ceux dont ils disposent déjà pour des investissements hors de tout contrôle réel.
Et si tout cela ne mettait pas en pleine lumière
l'arnaque fondamentale que représente le 2e pilier, cette
"prévoyance professionnelle" qui n'a été introduite que par
refus de renforcer le premier pilier, l'AVS et de le faire
atteindre un niveau suffisant pour que les retraités puissent en
vivre sans avoir à faire appel à autre chose ?
En attendant, le référendum a abouti, et on
votera. On pourra donc faire échec à cette énième arnaque liés
au 2e pilier (une arnaque en lui-même). Et on votera ensuite sur
l'initiative populaire pour une 13e rente AVS -que les partisans
de LPP21, et les fétichistes du deuxième pilier, combattront
donc, puisqu'elle renforce le premier pilier, dont ils ne
veulent plus - à supposer qu'ils en aient jamais voulu : pensez
donc, une revendication de la Grève Générale de 1918...
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