Brèves de comptoir

 Selon les chiffres de 2022, les graves accidents de circulation à Genève sont en augmentation, comme le nombre de blessés, mais pas le nombre de morts (neuf en 2022, 14 en 2021), sauf qu'un mort sur la route c'est toujours un mort de trop. Du côté des blessés graves, on en déplore 349, un chiffre stable, sauf pour les trottinettes, impliquées dans 71 accidents en 2022 (51 en 2021, 21 en 2020), donc le conducteur (le trottineur ?) est responsable dans 44 cas sur 71. Quand aux causes, c'est l'alcool qui est le plus en augmentation (+14,8%), et plus généralement, le comportement des personnes, no-tamment l'inattention, la distrac-tion, les refus de priorité, les erreurs de conduite (vitesse, non respect des signalisations lumineuses, dépasse-ments dangereux). Ce qui frappe (si on ose ce terme...) c'est l'augmen-tation des collisions des trottineurs avec d'autres usagers de la route, notamment les piétons (l'étymologie est piégeuse : en fait, les trottinettes n'ont rien à faire sur les trottoirs). Selon des études américaines et européennes, les trottinettes élec-triques sont le moyen de transport le plus dangereux pour celles et ceux qui l'utilisent. Bon, ben nous, on attend avec impatience le retour des chevaux comme moyen de transport: on aurait des statistiques d'accidents qui pourraient tenir compte des chutes de cheval, des glissades sur les crottes, des ruades dans les joyeuses... Et pour les livraisons, on aurait les mulets, les ânes, les chariots à chiens... le retour au bon vieux temps, quoi...

C'est une histoire édifiante que nous a raconté, en mars dernier, le  «Matin Dimanche». Une histoire édifiante: un prêtre catholique et vicaire qui abusait de ses paroissiennes, leur fait des enfants et les abandonne, elles et eux à leur triste sort. A la mort du prêtre en 2011, six de ses enfants ont raconté leur histoire dans un documentaire,  «Unser Vater», de Miklós Gimes, sorti ce printemps. Le prêtre, Anton Ebnöther, a été ordonné à Coire en 1945, à l'âge de 26 ans. Il y ensuite été vicaire et chef de choeur à Saint-Moritz, et a commenc. à additionner les conquêtes. Son évêque l'exhorte à se calmer, il rejette la faute sur ses victimes... et continue à en faire. Il est transféré en 1949 à Bülach, dans le canton de Zürich, sans que le curé local soit informé de qui il va hériter comme vicaire. Il peut donc continuer son petit manège, met enceintes au moins deux femmes, dont la cuisinière du curé -qui renvoie sa cuisinière. Quant au vicaire, il est expédié dans un centre de retraites spirituelles à Soleure, puis, en 1954, à Fribourg, comme préfet et chef de choeur. En 1958, on le retrouve comme curé à Klosters. Ou il remet une femme en-ceinte, qui sera expulsée par ses parents adoptifs. L'évêque de Coire est informé de la naissance de la fille du curé, et se contente de ne pas lui attribuer une nouvelle paroisse. Ce qui ne l'empêchera pas de faire encore au moins deux enfants ensuite, après avoir, en 1959, ouvert un hôtel dans les Grisons. Elle est pas belle, notre histoire ? Non ? Ah bon...

L'Inde est devenue l'Etat le plus peuplé du monde, avec 1,4286 mil-liard d'habitants, devant la Chine et son 1,4257 milliard. Ensemble, l'Inde et la Chine pèsent autour de 40% de la population mondiale. Du coup, la question se pose: est-ce que l'Inde va faire aussi peur que la Chine? On pariera que non: un pays où on sacra-lise les vaches mérite notre amour...

C'est l'Office cantonal genevois de statistiques qui nous le dit : En ville de Genève, la proportion de petits ménages (1-2 personnes) s’élève à 72% en moyenne sur la période 2017-2021, avec une pointe à 80% dans les secteurs regroupés de Cité-Centre et Saint-Gervais–Chante-poulet. Et si on y réfléchit bien, plus y'a de ménages d'une personne (ou deux, mais sans enfants), moins on risque la surpopulation... C'est l'UDC qui devrait s'en féliciter, vu qu'elle a lancé une initiative contre une Suisse à dix millions d'habi-tants, et les malthusiens genevois qui agitent le spectre d'une Genève à un million d'habitants (notez bien que si on considère la Grande Genève transfrontalière, on y est, et au delà, au million). En fait, si on en reste au canton, en juin 2018, le canton de Genève avait franchi le cap des 500'000 habitants et en juin 2023, il atteignait 521'146 habi-tants. La population n'a donc crû que de 4200 personnes en moyenne par an (soit +0,8%). et au cours du deu-xième trimestre, la population rési-dante du canton de Genève n'a aug-menté que de 0,2 % par rapport au trimestre précédent. En une année, de juin 2022 à juin 2023, la progression s’est établie à 1,3 % un rythme relativement élevé en comparaison historique, dû à l'exode de civils fuyant la guerre en Ukraine, après une stagnation due aux restrictions provoquées par la lutte contre la pandémie covidienne. Bref, si vous voulez empê-cher la population d'augmenter, une bonne épidé-mie s'impose. Et si vous voulez la faire augmenter, faites confiance à Poutine.

L'initiative populaire lancée par Ensemble à Gauche pour réintroduire un taux d'imposition progressif pour les entreprises, taxées depuis 1999 à un taux unique (le même pour les petites, les moyennes et les grandes entreprises), a échoué au stade de la récolte de signatures, en avril dernier. Ensemble à Gauche explique son échec par le moment de lancement de l'initiative (décembre, avec l'inertie politique de fin d'année) et celui de la fin de la récolte de signatures (avril, en pleine campagne pour les canto-nales). Peut être, mais qui décide de la date de lancement d'une initiative, sinon les initiants? Et puis, une ini-tiative lancée par la moitié de la gauche de la gauche, forcément, faut pas s'étonner qu'elle ne récolte pas tou-tes les signatures qu'il lui faudrait...

Combien gagnent les directeurs et directrices des grandes régies publiques cantonales genevoises ? Vous brûliez de l'apprendre, le Conseil d'Etat vous le dit: cela va, en tenant compte de toutes les indemnités, de 203'000 francs/an à la Fondation pour l'ani-mation socio-culturelle aux 489'000 francs/an de l'aéroport, en passant par les gagne-petit de la Fondation pour la promotion du logement bon marché et l'habitat coopératif (206'000 francs), des Etablissements publics pour l'in-tégration (226'000 francs), de la Fondation des parkings (235'000 francs), de la Fondation pour les terrains industriels (243'000 francs), de l'Hospice Général (274'000 francs) et de l'Université (296'000 francs), puis les TPG (353'000 francs), les Services Industriels (366'000 francs), les HUG (381'000). Sans parler des salaires de presque 300'000 balles versés aux cadres supérieurs à l'aéroport ou aux SIG. Oualà. C'était notre rubrique ethnologique, bourdieusienne, sur la vie des pauvres, dans une république qui paie mieux le dirlo de son aéroport que le recteur de son université, ce qui en dit long sur son échelle des valeurs.