Fonds de tiroir

 ça ne pouvait venir que de l'UDC : un projet de loi a été déposé au Grand Conseil genevois pour interdire l'écriture «inclusive» dans tous les documents et commu-nications de l'Etat, des communes, de l'école publique et de l'Université (sur les cartes postales qu'on envoie à ses copains, on pourrait encore ?). Il en va, selon le député auteur du projet, l'udéciste Stéphane Florey, de la sauvegarde du français (de France), «attaqué de toutes parts par des milieux politisés en vue de le déconstruire à des fins idéologiques». Et ce brave UDC de se faire le porte-voix d'une instance étrangère, l'Académie française, pour, dans un projet de loi inspiré d'un projet d'un parti politique français (le Ras-semblement national, évidemment), proscrire une langue «désunie, dispa-rate, créant confusion et illisibilité», et dont la complexité pénaliserait les personnes affectées d'un handicap cognitif (dyslexie, dysphasie, apraxie, xénophobie... euh, non, pas la xénophobie. Quoique...). Répondant au projet de loi, le Conseil d'Etat précise que s'il a en 2021 produit une directive incitant l'admi-nistration à adopter une écriture inclusive, cette directive prohibe l'usage de point médians et de signes typographiques, mais encourage l' usage de termes épicènes (corps électoral plutôt qu'électeurs) de doublets (Genevoises et Genevois) ou de l'infinitif. L'Université, elle aussi, a produit une directive promouvant la rédaction épicène. On en pense quoi, de tout ça, nous ? On en pense que la forme d'une langue ne se décrète pas, mais se pratique, et que l'écriture et la parlure seront inclusives si celles et ceux qui écrivent le veulent, et ne le sera pas s'ils ne le veulent pas. Et que c'est pas à une académie étrangère de décider comment on parle le français chez nous, merde, alors, quoi...

Le 6 mai dernier nous tombait une annonce historique (si, si), car-rément bouleversifiante du paysage politique genevois : la liste d'Union Populaire, issue d'une scission d'Ensemble à Gauche, s'est trans-formée en Union Populaire, un «nouveau parti de gauche com-bative» ayant pour ambition «d'organiser et de défebndre les milieux populaire contre les politiques néolibérales dévastatrices tant socialement qu'écologique-ment». La même ambition, donc, que les autres partis de la «gauche combative» réunis au sein d' «Ensemble à Gauche». Il était donc indispensable de créer un nouveau parti pour dire et vouloir faire la même chose que SolidaritéS ou le Parti du Travail ? Faut croire. L'Union Populaire toute nouvelle présentera une liste à l'élection du Conseil national. Ensemble à Gauche aussi. La gauche de la gauche genevoise en effet a un siège au Conseil national, celui de Stafenie Prezioso, et il faut le sauver. Les deux listes de la gauche de la gauche vont donc s'ap-parenter entre elles et avec celles du PS et des Verts -mais ne concluront pas le sous-apparentement qui leur aurait permis d'additionner leurs suffrages avant d'en faire cadeau aux sociaux-traîtres (nous, donc). Merci du cadeau et de vos suffrages, mais vous en aviez certainement plus besoin que nous. Tout ça n'est pas très malin, mais tout le monde aura compris qu'à Genève, la gauche de la gauche n'est pas très maligne. Et même, très très gauche. 

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