Elections fédérales : Haut les votes !

 

Elections fédérales : Haut les votes !

Avec les corrections mercredi 25 des erreurs commises par l'Office fédéral de statistique au soir du dimanche électoral, le PS récupère 0,3 point pour s'établir à 18,3%, et les Verts récupèrent 0,4% et s'établissent à 9,4%. Du côté des perdants au nouveau décompte, on retrouve l'UDC, qui perd 0,62 point et passe de 28,6% à 27,9%, le PLR qui perd 0,13 point et s'établit à 14,3 % et le Centre qui perd 0,52 point et s'établit à 14,1 % (derrière le PLR, donc, après avoir cru qu'il le devançait).... La progression de l'UDC est donc moins forte que claironné, celle du PS un peu plus forte, la chute des Verts moins brutale et le rapport des forces entre le PLR et le Centre est inversé. Quand à la répartition des sièges (il ne s'agit ici que du Conseil National), elle reste la même : le Conseil national a nettement viré à droite. Pour autant, le bloc UDC-PLR n'y retrouve pas la majorité absolue dont il disposait de 2015 à 2019. Et maintenant, que faire de ce parlement plus à droite que son prédécesseur ? Dans l'immédiat (deux semaines, c'est court), éviter qu'il soit plus droitier encore, en élisant là où c'est encore possible (comme à Genève) les candidates et les candidats de gauche au Conseil des Etats. Et ensuite, pendant quatre ans, le contourner ou le sanctionner, ce parlement de droite. Le contourner par les initiatives populaires, le sanctionner par les référendums. Haut les votes !

Face à face et ligne rouge

A Genève, deux listes se font face pour l'élection du Conseil des Etats: celle du PS et des Verts qui ont obtenu 30 % des suffrages à l'élection du Conseil national et celle de l'UDC et du MCG, qui en ont obtenu 25 % . La liste de la gauche est soutenue par les différentes composantes de la gauche de la gauche, la liste de la droite par le PLR et le Centre, ces deux partis se contentant du service minimum pour soutenir le candidat MCG et la candidate UDC -sans même mentionner leurs noms, comme s'ils étaient (et ils le sont...) compromettants. Pour le président du Centre, "la campagne est terminée. Nous laissons la place aux deux candidats encore en lice" (mais le logo du parti figure tout de même sur une affiche commune). On peut difficilement faire moins -il est vrai que le siège du Centre ayant été sauvé, les centristes peuvent aller à la pêche... ou répondre à l'appel que le PS leur lance, et aux Verts libéraux, "pour un soutien à une Suisse ouverte et solidaire". Les Verts libéraux, qui posent tout accord avec l'extrême-droite comme une ligne rouge à ne pas franchir, invitent leurs électeurs et leurs électrices à soutenir les "candidatures les plus proches des valeurs qui guident notre action", une "transition écologique rapide et efficace" et de "bonnes relations avec l'Europe". On voit mal en quoi la candidate de l'UDC et le candidat du MCG correspondraient si peu que ce soit à ces valeurs...

L'élection au Conseil des Etats se jouant, au deuxième tour, à la majorité simple, tout est possible : l'élection à la neuchâteloise, des deux nôtres,  celle des deux de la droite de la droite (ce serait une Genferei, sans exemple dans un autre canton), l'élection à la jurassienne de l'un ou de l'une de gauche et de l'une ou de l'un de droite. Le résultat de l'élection du Conseil national est, à Genève, sensiblement différent, voire contradictoire, du résultat fédéral : l'UDC y progresse moins, le PS plus (il se retrouve premier parti du canton en progressant de 3,6 point pour atteindre 18,4 % des suffrages), les Verts reculent plus fortement. Toutefois, la poussée de la droite d'une élection fédérale à l'autre est réelle : elle se traduit par la prise de la majorité (sept sièges sur douze) de la députation au Conseil national (gauche et droite étaient auparavant à égalité), grâce au retour du MCG, avec deux sièges, et à la disparition de la gauche de la gauche de cette députation. L'apparentement général de la droite a permis MCG de gagner un deuxième siège, mais son résultat reste médiocre en Ville de Genève, où il n'arrive, avec 9,11 % des suffrages, qu'en cinquième position de tous les partis. On peut donc s'attendre à ce que le MCG rejoigne l'UDC et une partie du PLR (qui prend aussi un bouillon en Ville) pour proposer la suppression, de droit ou de fait, de cette commune qui le marginalise.

La droite et l'extrême-droite nous assènent que le tandem PS-Vert au Conseil des Etats ne "représente pas les Genevois". Le tandem MCG-UDC les représenterait donc plus ? Qu'ont donc voté "les Genevois" d'une part, l'UDC et le MCG d'autre part, sur le salaire minimum ? Les Genevois ont voté pour le salaire minimum, l'UDC et le MCG contre. Et au parlement, l'UDC a voté contre l'indexation des rentes AVS, et une treizième rente. Le 12 novembre, il s'agira donc de s'assurer que les choix et les votes des deux représentants de Genève au Sénat fédéral soient les mêmes que ceux des Genevoises et des Genevois lors des votations. Que les représentants de Genève représentent Genève.  Par exemple lorsqu'il s'agira de voter sur le maintien du salaire minimum légal, la défense des droits des locataires, des travailleurs, des femmes, la transition énergétique, la mobilité douce -tout, en somme, ce que les votes des Genevoises et des Genevois ont approuvé, et que ceux de l'UDC et du MCG refusé.

Comme le prédisait le professeur Grégoire Nicollier, l'apparentement des listes PLR et UDC dans neuf cantons (dont Genève) pour l'élection du Conseil national a profité à l'UDC et desservi le PLR. Chacun son tour d'être le porteur d'eau de l'autre, on a les vocation qu'on mérite. La droite traditionnelle s'est fait avoir à Genève par la droite de la droite, pour la première fois depuis presque 90 ans elle n'aura aucun candidat au Conseil des Etats et il ne s'en est pas fallu de beaucoup (à peine plus de 1 % des suffrages au plan cantonal) pour que l'UDC devienne le premier parti de la droite genevoise (et le deuxième parti du canton derrière le PS). Et par qui s'est-elle fait avoir, la droite traditionnelle ? par des forces dont un élu, l'UDC Thomas Steller, ne dément que son parti est raciste que pour revendiquer sa xénophobie : "nous ne sommes pas racistes, nous sommes xénophobes. Et être xénophobe, ce n'est pas un défaut politique, c'est une phobie". Une maladie, donc. "Nos électorats se croisent", observe le président du PLR. A sa place, on s'en inquiéterait.


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