Elections fédérales : on peut encore voter dimanche matin

"Oser lutter, oser vaincre"

Vous n'avez pas encore voté pour les élections fédérales ? Il ne vous reste plus qu'à le faire en vous rendant, à l'ancienne, au local de vote de votre quartier dimanche matin. Vous vous abstiendrez ? Vous avez tort, mais c'est votre droit. Le droit de laisser d'autres que vous faire un choix dont forcément, vous subirez les conséquences. Le 30 septembre, des dizaines de milliers de personnes manifestaient à Berne pour que l'urgence climatique soit autre chose qu'un tic de langage. L'un d'eux, un paysan genevois, déclarait au "Courrier" : "Je n'attends rien de cette manifestation et je me demande à quoi vont servir les élections. Je crois à l'action, au combat et à la confrontation". Nous aussi. Mais des élections, quand elles sont libres, pluralistes, au suffrage universel direct, sont aussi -ou du moins peuvent l'être si on y est prêts- des actions (celles des campagnes électorales), un combat (celui qu'on mène pour les gagner), une confrontation (entre les camps politiques opposés). Pourquoi renoncer à les mener, ces actions, ce combat, cette confrontation ? par principe ou par paresse ? Pourquoi ne pas "oser lutter, oser vaincre", sur ce terrain aussi ?

La droite genevoise a un programme commun : celui de l'UDC...

Sous un titre dont on salue la franchise, "Pour défendre nos intérêts, mobilisons-nous !" (nos intérêts, pas nos idées, faut pas tout mélanger), le canard de la Chambre genevoise immobilière appelle à soutenir pas moins de quatre candidats au Conseil des Etats (pour deux sièges à pourvoir, donc...) et onze au Conseil national (dont les quatre qui sont aussi candidats au Conseil des Etats, on n'est jamais assez prudent). Attentionnée, la CGI précise,  au cas où on aurait des doutes, que "les partis politiques qui présentent des candidats au Conseil des Etats et qui nous sont le plus proches sont le Centre, le PLR, l'UDC et le MCG"... dont les candidats et candidates, dans le canard de la Chambre, proclament leur amour inconditionnel de la propriété foncière et leur volonté quasi obsessionnelle de "continuer à lutter pour la propriété immobilière" (Cyril Aellen, PLR) "permettre à la classe moyenne d'accéder à la propriété" (Diane Barbier-Mueller, PLR), "favoriser l'accès et l'attractivité de la propriété privée" (Céline Amaudruz, UDC), "défendre la propriété individuelle" (Vincent Maître, Centre) et "l'accession à la propriété" (Mauro Poggia). Et pour que les derniers hésitants n'hésitent plus, elle désigne les méchants : "Christian Dandrès (PS) et Carlo Sommaruga (PS) au Conseil des Etats déposent sans cesse de nombreux textes très agressifs à notre encontre". Après ça, si vous avez pas compris pour qui il faut voter et ne pas voter, franchement, on ne peut pas grand'chose pour vous...

La gauche présente, au Conseil des Etats, la candidature du socialiste Carlo Sommaruga et de la Verte Lisa Mazzone, tous deux y représentant déjà Genève. Ce qui, évidemment, ulcère la droite genevoise, qui voudrait bien récupérer au moins l'un de ces deux sièges, voire les deux. Avec comme argument que deux représentants de gauche, ce n'est pas représentatif de Genève. A quoi on répondra d'abord que c'est forcément représentatif, puisque ces deux représentants ont été élus au suffrage universel et au scrutin majoritaire, contre la droite. Et on ajoutera que les votes de Carlo Sommaruga et de Lisa Mazzone au Conseil des Etats, sur des objets qui ont finalement été soumis au peuple, rejoignent précisément le prononcement du peuple dans la plupart des cas : contre l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes, pour l'initiative pour des logements abordables, contre l'achat d'avions de combat, pour des multinationales responsables, etc... sur tous ces objets, Genève et ses deux représentants au Conseil des Etats ont voté de concert. Et la droite a été désavouée par le vote populaire. 

La représentativité, elle est là : ce sont celle et celui que Genève a élus pour la représenter au Sénat fédéral qui ont défendu les positions de Genève, pas la droite genevoise, ni les candidates et candidats qu'elle présente avec l'espoir chevillé au portefeuille de "briser le monopole de la gauche" au Sénat... pour y faire entrer quelqu'un dont elle attend qu'il ou elle combatte les droits des locataires, la construction de logements sociaux, le salaire minimum, l'égalité des genres et pour le report de l'âge de la retraite, l'achat d'avions de combat américains, la liberté de nuire des multinationales et la construction d'une traversée routière du lac... Pas de doute, la droite genevoise a un programme commun : celui de l'UDC...

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