Fonds de tiroir

 Dans une ordonnance de classement d'une plainte, le Ministère public vaudois assure qu'«éjaculer lors d'un coït n'est pas punissable par la loi». On ne sait pas si on doit saluer un grand progrès du droit  ou en ricaner.

Selon une étude de l'Institut Sorono publiée en mai dans la «NZZ am Sonntag», 52 % des femmes âgées de 18 à 29 ans se situent politiquement à gauche, contre seuleent un tiers des hommes du même âge (qui se situent à 43 % à droite). Ces proportions ont toutes deux augmenté après l'apparition du mouvement #MeToo.  Et du coup dans les as-semblées du PS on chante avec Jean Ferrat «la  fââââme est l'avenir de l'hooooomeuh». Surtout quand il est candidat à une élection.

Le «wokisme» est devenu une obsession de la droite conservatrice un peu partout, et le combat contre le «wokisme» une sorte de combat identitaire pour elle. Mais le plus souvent, sans que les combattant ne sachent vraiment ce qu'ils prétendent combattre. Alors, le «wokisme», c'est quoi ? Fondamentalement, c'est lui aussi un combat identitaire, un combat contre l'«appropriation culturelle». Et il est vrai que ça a pu prendre des aspects franchement ridicules: dénonciations de déguisements de Gruyériens déguisés en Chinois, de musiciens blancs portant des dreadlocks de rastas, ce genre là. Tamedia a sondé au printemps les Suisses sur ces caricatures de combat identitaire, et les réponses des plus de 30'000 personnes sondées sont généralement très claires: on doit pouvoir porter un «déguisement indigène pour le carnaval» (74 % d'accords), porter des dreadlocks et jouer du reggae ou du blues quand on est «blanc» (94 % d'accords), porter des vêtements d'une autre culture que la sienne, par exemple un sari, un kimono quand on est un bon Suisse de base (83 % d'accords). A la seule question «peut-on se grimer le visage en noir» aucune majorité ne se dessine (44 % d'accords, 49 % de désaccords mais 56 % chez les femmes). 38 % des sondés considèrent que ce sont surtout les personnes handicapées qui ne sont pas suffisamment respectées, et 35 % que ce sont surtout les ouvriers.  Les femmes sont plus sensibles à l'appropriation culturelle des femmes (par les hommes) et des minorités sexuelles (par la majorité), et une majorité (56 %) des sondés (surtout des hommes, surtout de droite) pense qu'une minorité «extrémiste» dicte le débat public. Une majorité aussi (57 %, et là, on en fait partie) estime que les oeuvres du passé doivent être transmises dans leur version originale même si elle peut choquer aujourd'hui, et 36 % (et on en fait partie aussi) qu'il faut les contextualiser, les accompagner d'une information historique et critique. Seule une minorité assez infime (5 %) estime qu'il faudrait carrément les réécrire. On s'abstiendra de leur demander de le faire, on craint trop le résultat. Une minorité à peine moins minoritaire veut déboulonner les statues de personnes impliqués dans la traite d'esclaves -et là aussi, comme 46 % des sondés, surtout des femmes, surtout de gauche) on préfère l'explication, la contextualisation, la critique, à côté de la statue. Va falloir en préparer, des plaques explicatives, vu qu'il y avait beaucoup de monde impliqué ou bénéficiaire de la traite d'esclaves. Y compris à Genève (ou alentours). Ben ouais. Enfin, il faudrait sans doute s'abstenir désormais de coller des statues de grands hommes (surtout) ou de grandes femmes (un peu) d'aujourd'hui dans nos rues, parce qu'on ne peut pas savoir ce qu'en penseront les gens dans deux ou trois siècles. S'il y a encore des gens pour penser, évidemment. Et penser par eux et elles-mêmes, évidemment. D'ailleurs, hein, qu'est-ce qu'elle en pense, l'intelligence artificielle, du «wokisme» ? 

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