Fonds de tiroir

 C'était le feuilleton de l'été finissant : l'«affaire Fischer», du nom de l'ex-Conseillère d'Etat verte, dont un député (et Conseiller municipal MCG) a dénoncé la propension à user des fonctionnaires de son département (le chargé de communication, la secrétaire générale adjointe) pour sa campagne électorale du printemps dernier (elle n'a pas été réélue) et la gestion de son site internet perso, et a accepter les interactions de son compagnon, Jean Rossiaud, avec des collaborateurs du gouvernement. Rien d'illégal dans tout ça, ce qui n'empêche pas le député MCG (et conseiller municipal) et Léman Bleu, d'en faire tout un foin. On reproche également à Fabienne Fischer d'avoir accordé un financement de 283'000 francs, malgré un préavis négatif de l'administration, à des associations dans lesquelles Jean Rossiaud était actif, comme Après-GE (réseau de l'économie sociale et solidaire), déjà soutenu par la Ville de Genève et la commune de Plan-les-Ouates, ou Monnaie Léman, également soutenue par la Ville. Jean Rossiaud assume pleinement avoir soutenu, «dans le respect des lois» la campagne électorale de sa compagne et camarade de parti. C'est bien le moins qu'on pouvait en attendre. Il semble avéré que lui-même n'a pas bénéficié de quelque soutien financier que ce soit, et qu'il n'a pas, ou plus, de responsabilités dirigeantes dans les associations subventionnées par la Ville. Et que les frais de la campagne électorale de Fabienne Fischer ont été entièrement pris en charge par la candidate, son mandataire et son parti. La droite traditionnelle (PLR, Centre), qui aurait pu sauter sur l'occasion pour tailler un costard aux Verts, a réagi avec prudence : elle évoque le manque d'expérience politique de Fabienne Fischer (qui en effet n'avait été que brièvement Conseillère municipale en Ville avant d'être élue au Conseil d'Etat), mais surtout, comme la gauche, le manque de précision du cadre dans lequel les magistrats peuvent, ou ne peuvent pas, bénéficier pour leur campagne électorale de l'expertise et de conseils de fonctionnaires de leur département. En réalité, il est plus que vraisemblable que tous les magistrats et toutes les magistrates qui se représentent font usage de cette expertise et de ces conseils, ne serait-ce que pour établir le bilan de leur action pendant la législature en passe de se terminer. La frontière, s'il y en a une, entre communication politique et communication institutionnelle est extrêmement floue et, rappelle la Chancellerie d'Etat, «cette question n'est pas réglée par un cadre spécifique du droit genevois». D'ailleurs, la communication «institutionnelle» d'un Conseiller d'Etat (ou d'un Conseiller fédéral, ou d'un Conseiller administratif), qu'est-ce que c'est d'autre que de la communication politique? Toujours est-il que le tintouin fait pendant une quinzaine de jours du mois d'août, entre la Fête nationale et la miaoût autour de l'«affaire» s'est progressivement réduit à pas grand'chose, en attendant sans doute de se résorber en rien du tout. Quoique les élections municipales de 2025 approchent et que les tintouineurs se diront sans doute qu'ils ont peut-être intérêt à réchauffer le potage médiatique pour réchauffer leurs résultats électoraux. Qui, en Ville de Genève, en ont bien besoin.

«La libre circulation, cette belle idée, a été dévoyée et emportée par les vagues d'immigration» (Charles Poncet, Conseiller national UDC élu, après avoir été député et Conseil-ler national PLR). C'est vrai, ça: qu'est-ce que ça serait bien, la libre circulation, si personne d'autre que Poncet et ses copains n'avait le droit de circuler. Manque de pot, des gueux en ont profité. Salauds de pauvres !

Le 31 octobre, la FIFA a annoncé qu'une unique candidature avait été déposée pour accueillir la Coupe du Monde 2034 de foot: celle de l'Arabie Saoudite. Les disciplines dans lesquel-les brille l'Arabie Saoudite sont pour-tant autres que le foot: peine de mort, torture, assassinat d'opposants politi-ques... mais le sport ravalera cette façade nauséabonde: c'est ce qu'on appelle le «sportwashing», la construction d'une respectabilité par le sport. ça a fonctionné pour le Qatar, ça fonctionnera pour l'Arabie Saoudite et la FIFA engrangera des milliards de dollars, d'euros, de francs suisses grâce à ce Mondial de foot au pays des décapitations publiques... C'est-y pas l'essentiel ?

Plus de 2000 parlementaires suisses municipaux, cantonaux ou fédéraux, sur les 20'000 du pays, ont répondu à un questionnaire de Tamedia, et un quart d'entre eux (549 sur 2054, dont 681 femmes) ont déclaré avoir été au moins une fois victimes d'attaques personnelles blessantes, parfois rhétoriquement violentes, voire menaçantes, de citoyens (au sens large du terme), parfois de collègues. Ces attaques sont proférées par e-mail, lettres, téléphone, le plus souvent anonymement ou sous pseudonymes, ou dans la rue. Elles sont suscitées, ou prétextées par leurs votes ou leurs prises de position politique , leur genre, leur apparence physique, leur origine, leur nom ou leurs préférences sexuelles (réelles ou supposées). Les femmes ont 50 % de (mal)chance de plus  que les hommes d'être victimes de ce genre d'attaques. La majorité des élues et des élus ayant répondu au questionnaire estiment que la polarisation au sein du parlement où il siège s'est accentuée (62 % des parlementaires fédéraux, 51 % des parlementaires cantonaux, 45 % des parlementaires municipaux -seulement ? devait pas y avoir beaucoup de réponse en provenance du Conseil municipal de Genève...). A part ça, la même enquête indique que la majorité des parlementaires interrogés (52 % dans les grandes communes, 69 % dans les moyennes communes, 63 % dans les petites) constatent qu'il devient difficile de trouver des personnes pour se présenter dans les conseils municipaux. Maisseule une minorité de celles et ceux qui y siègent (48 % dans les grandes communes, 33 % dans les moyennes, 27 % dans les petites) considèrent qu'ils ne sont pas assez indemnisés pour le travail qu'ils y font. On est d'accord avec eux, on est bien assez payés, et même, on devrait l'être au salaire minimum légal là où il y en un, ça aiderait sûrement à l'augmenter. D'ailleurs, c'est dans les parlements cantonaux qu'on trouve une majorité de députés qui considèrent qu'ils sont trop mal payés -or c'est précisément dans ces parlements qu'une proposition d'augmentation du salaire minimum légal peut-être faite, puisque ces SMIC sont cantonaux. Alors au boulot, les gars : boostez le salaire minimum, vous en profiterez, c'est du ruissellement... Ou alors, exigez une prime de risques d'injures et menaces...

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