Un demi-million pour l'aide humanitaire à Gaza : Un petit souffle "d’esprit de Genève"
Il a soufflé un peu d'"esprit de Genève", hier
soir au Conseil municipal de Genève, quand il a voté un
demi-million pour contribuer au financement de l'aide
humanitaire à la population de Gaza. On peut se dire que ce
n'est qu'une goutte d'eau dans une mer de sang, mais la question
que nous posions en proposant d'accorder à la Croix Rouge
internationale des moyens supplémentaires pour agir à Gaza,
était simple : Pouvons-nous accepter d'attendre encore des
semaines, et des milliers de morts, avant de faire ce que nous
pouvons pour aider la population civile de Gaza, et les otages,
à survivre ? A cette question, le Conseil municipal a donné la
seule réponse qui valait : il a accepté, à la quasi unanimité,
sans débat, et après avoir observé une minute de silence en
hommage aux victimes de l'affrontement entre l'armée d'Israël et
le Hamas. On proposait une aide concrète aux organisations qui
peuvent faire à Gaza ce que nous ne pouvons pas faire : aider
sur place. On n'a pas choisi entre les bons et les méchants, on
a choisi les victimes pour lesquelles on peut encore faire
quelque chose. Qu'on peut sauver, ou soigner. Ou libérer, comme
les otages enlevés par le Hamas. Nous
avons proposé, et le Conseil municipal a voté, une aide à aider
une population sous les bombes.Les positions, les choix, les
analyses des élus, des groupes, des partis, sur les
responsabilités des uns et des autres dans la situation faite à
la population de Gaza, nous les avons, pour le temps d'un vote,
gardées pour nous, parce qu'elles étaient sans pertinence face à
l'urgence, et n'auraient que parasité la réponse que nous avions
à y donner...
Entre
les oppresseurs et sous eux, les opprimés
Gaza, bombardée, manque d'eau, un tiers de ses hôpitaux et deux tiers de ses cliniques sont hors d'usage, les autres manquent de compresses, d'anesthésiants, d'antibiotiques. "La majorité des Gazaouis a un pronostic vital engagé", selon Médecins du Monde, qui s'attend à des déshydratations, des épidémies et des pertes humaines supplémentaires chez les enfants et les plus vulnérables. Le Croissant Rouge palestinien a annoncé avoir perdu le contact avec son centre opérationnel et toutes ses équipes dans la bande de Gaza. les communications téléphoniques restent aléatoires, et les coupures incessantes. "L'ordre civil commence à s'effondrer" à Gaza, prévient l'UNRWA (l'agence onusienne de prise en charge des réfugiés palestiniens). Les hôpitaux situés dans le nord de la bande de Gaza et dans la ville de Gaza ont reçu des ordres d’évacuation de l’armée israélienne, alors que leur évacuation forcée s'apparenterait à une condamnation à mort des personnes gravement blessées ou malades, dénonce l'OMS. Il faudrait cent camions d'aide par jour, il n'y en a eu que moins de 100 en une semaine...
On le redit ici, parce qu'on avait, comme tous les groupes du Conseil municipal de Genève, choisi de ne rien dire en séance : il n'y a pas d'égalité entre la violence de l'oppresseur et celle de l'opprimé mais il y a une identité entre un pogrom et une ratonnade, celle de méthodes qui insultent le peuple au nom de qui on les commet. Ce n'est en rien minimiser la saloperie des actes du Hamas que dénoncer le vertige vindicatif de la riposte israélienne et la punition collective promise à la population de Gaza. Et ce n'est en rien atténuer la condamnation nécessaire des actes du gouvernement israélien à Gaza, et l'auto-affranchissement de l'armée israélienne du respect des Conventions de Genève en Cisjordanie, et même en Israël, que rappeler que le Hamas combat en Palestine parce qu'il est en Palestine, pas parce qu'il se soucie des droits des Palestiniens. Qu'il n'est pas un mouvement de libération ou de résistance nationale, mais un mouvement de purification religieuse ("la terre de Palestine est une terre islamique"). Qu'il ne combat pas pour la cause palestinienne et le peuple palestinien mais pour l'islam et l'Umma. Qu'il ne défend pas Gaza, qu'il la prend en otage. Comme en Israël les ministres d'extrême-droite de la Sécurité et des Finances de Netanyahou, prennent Israël en otage. Dans le face-à-face du Hamas et du pouvoir israélien, il n'y a pas d'un côté des opprimés et de l'autre des oppresseurs, il n'y a, de chaque côté, que des oppresseurs et, entre eux, sous eux à Gaza, des victimes. A aider, d'urgence.
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