Brèves de comptoir

 Le 14 avril 2022, le navire militaire russe Moskva était coulé par des missiles ukrainiens. Sur Twitter, le présentateur du journal de la télé suisse romande, Philippe Revaz, s'en amuse et écrit avoir  «une pensée pour l'amiral qui va devoir passer le coup de fil au Kremlin» lui annonçant la perte du bâtiment. Un internaute s'en est indigné, a traité le journaliste de  «journalope» et a donné des informa-tions sur les lieux où Revaz se déplace. Le journaliste porte plainte pour injure et menace, et un an plus tard, l'auteur du tweet, qui l'avait posté anonymement, est identifié, convoqué par la police et son téléphone est saisi. Il explique avoir voulu dénoncer la partialité (pro-ukrainienne) de «cer-taines vedettes de la télévision d' Etat». Un grand défenseur de la neut-ralité, donc. D'ailleurs, nul ne doute que si Revaz avait ironisé, non sur la perte d'un bâtiment russe mais sur un échec ukrainien, le grand défenseur de la neutralité aurait protesté de même. Et pas anonymement, cette fois. Et pas sur Twitter mais sur Telegram.

C'était, a priori, une bonne nouvelle, mais on aimerait en avoir des nouvel-les: le Ministère public de la Confédéra-tion (MPC) annonçait, fin août, le renvoi de l'ancien ministre algérien de la Défense, le général Khaled Nezzar, devant le Tribunal pénal fédéral, pour violations du droit international hu-manitaire, en ayant approuvé, ordon-né et coordonné dans les années '90 du siècle passé, lors de la «décennie noire» algérienne (200'000 morts ou disparus de 1992 à 2000), des crimes de guerre (tortures, exécutions extrajudiciaires) et des violations graves des droits hu-mains (persécution systématique, géné-ralisée et violente d'opposants isla-mistes ou supposés tels). Onze de ces crimes ont été assez documentés pour faire l'objet d'actes d'accusation. Nezzar bénéficie certes de la présomp-tion d'innocence jusqu'à entrée en force d'un jugement, mais, commentait l'ONG «Trial International», l'annon-ce d'un procès faisait «naître l'espoir pour les victimes de la guerre civile» et leurs proches (ceux des disparus, notamment), «d'obtenir enfin justice». Nezzar serait le plus haut responsable militaire jamais jugé au monde, sur la base de la compétence universelle dans un autre pays que le sien,  pour des crimes de guerre ou des crimes contre l'humanité. «Serait», parce qu'on ne sait pas s'il sera jamais jugé: il est vraisemblablement hors de Suisse (il avait quitté notre pays après avoir été interpellé puis relâché en 2011 à Genève), et, à 85 ans, dans un état de santé qui permettrait à ses défenseurs de le soustraire à un procès. Donc, on attend de savoir si procès il pourra y avoir lieu, le Tribunal pénal fédéral ayant rejeté un recours de Nezzar qui invoquait une immunité en tant que ministre, à l'époque des faits. Mais même si Nezzar est absent de son procès, celui-ci (du moins l'audience principale) pourrait tout de même avoir lieu... comme une manière de dire à des décideurs politiques et (ou) militaires que combattre des «terro-ristes» n'autorise pas à se comporter soi-même en «terroriste».

le Zurichois Daniel Jositsch, candidat à la candidature socialiste au Conseil fédéral, a été des six candidats celui qui a obtenu le moins de voix. Il rêve d'être Conseiller fédéral depuis qu'il a des rêves politiques et avait même été candidat lors de la dernière élection, celle qui a vu la victoire d'Elisabeth Baume-Schneider alors que le PS avait décidé de ne présenter que des femmes. Cette fois, il a promis d'accepter la décision du groupe (qui désigne les candidats) «que je figure ou non sur le ticket». Comment il disait, déjà, Chirac? Ah oui: «les promesses n'enga-gent que ceux qui y croient».

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