Brèves de comptoir
Les résultats définitifs des élections fédérales connus, on fait les comptes. Au sens le plus comptable du terme. Parce que les partis qui gagnent des sièges (l'UDC, le PS, le Centre) gagnent aussi des sous, et les partis qui perdent des sièges (le PLR, les Verts, les Verts libéraux) perdent des sous. La Confédération, en effet, verse de l'argent aux partis pour autant qu'ils aient pu constituer un groupe parle-mentaire d'au moins cinq membres. Chaque groupe dispose d'un secréta-riat, payé par la Confédération à raison de 144'500 francs, plus 26'800 francs par membre du groupe. Cha-que fois qu'un parti gagne un siège, il gagne donc 26'800 francs (plus la contribution que leur verse directe-ment le nouveau membre, comme les anciens...). Et chaque fois qu'un parti perd un siège, il perd la contribution fédérale et celle liée au siège perdu. Résultat des comptes et mécomptes : les Verts libéraux perdant cinq man-dats perdent 134'000 francs de cont-ribution fédérale, soit 23 % de la contribution précédente. Les Verts perdent sept sièges (plus les deux sièges de la gauche de la gauche, intégrés au groupe Vert) et 22 % de la contri-bution fédérale. Le PLR, qui perd deux mandats, perd 4 % de la contribution fédérale. Du côté des gagnants, le Centre gagne deux man-dats et 2 % de contribution fédérale en plus, le PS quatre mandats et 8 %, l'UDC sept mandats et 14 %, ce qui porte la contribution fédérale à ce parti qui fait mine d'être «anti-système» à 2,1 million. Ouais, la posture antisystème, ça rapporte pas seulement des électeurs trompés, mais aussi un soutien du système lui-même.
Samedi, toute la journée, on était dans la salle du Grand Conseil comme dans une crèche de Noël : réunis autour du berceau du budget de la Ville de Genève,, persuadés (à tort) qu'on vivait le moment politique le plus important de l'année. Les ânes ont brait, les boeufs ont meuglé, les bergers et les berpères ont bergé, et tous, ne croyant pourtant plus au Père Noël, n'en attendions pas moins les cadeaux des rois mages. En comptabilisant la seule manne certaine : les jetons de présence que nous vaudront et vaudra à nos partis politiques une longue journée de présence (physique plus qu'intel-lectuelle) dans la salle des débats.. Ce fut long, répétitif, ennuyeux, mais on s'y attendait et on a donc pris de la lecture. On hésitait entre Marx, Starobinski, Peter Weiss, Choderlos de Laclos, Joyce Mansour...), et on a fini par choisir Marx et Laclos. Et grâce à eux on n'aura pas perdu notre journée d'autre chose que de l'illusion d'avoir vécu le moment majeur de notre année politique.
Dans la série «laïcité à la genevoise». on est
retombé sur cette info du début septembre: une ONG liée à la
scientologie, «Jeunes pour les droits de l'Homme», avait tenu
un stand à la Fête de la Musique en juin, et est
régulièrement présente à la gare, territoire fédéral non
soumis à la loi genevoise sur la laïcité et considérée comme
un lieu public où il n'est pas possible d'interdire la
présence d'une association, fût-elle sectaire, à moins qu'elle
ait été considérée comme une organisation criminelle ou
subversi-ve (comme on la fréquente souvent, la gare, on tombe
également souvent sur un stand biblique...). A la Fête de la
Musique, en revanche, l'ONG scientologue n'aurait pas dû y
être, mais elle avait camouflé son origine (elle avait été
créée en 1969 par l'Eglise de Scientologie). Prudente, elle
est, l'ONG scientologue. Et un tantinet hypocrite. Normal, la
scien-tologie est une secte et fonctionne comme telle. Vous
nous direz que quelques églises bien constituées ont aussi
commencé par être des sectes, et vous aurez raison, mais comme
elle ont considérablement grossi et prospéré, on n'ose plus
vraiment s'y attaquer. Sauf, et encore très pru-demment, quand
leurs bergers s'attaquent aux agnelets ou à des brebis. A
St-Maurice ou ailleurs.
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