Election mercredi du nouveau gouvernement suisse

Chaises musicales

Le jeu fédéral des chaises musicales, c'est pour demain, mercredi : Quel socialiste pour succéder au Conseil fédéral à Alain Berset ? Beat Jens ou Jon Pult ? le Bâlois de 59 ans, fils d'ouvrier, agriculteur et agrotechnicien de formation,  président du gouvernement bâlois, ou le Grison de 39 ans, ancien président du comité de l'Initiative des Alpes, ancien opposant aux JO d'hiver dans son canton, et tous deux anciens vice-présidents du PS suisse, et tous deux d'orientation écologiste ? Quel qu'il soit, le choix ne bouleversa pas les rapports de force au sein du Conseil fédéral : ni celui entre la gauche et la droite, ni celui entre les productivistes et les écologistes. Tout au plus, et à la marge, les rapports d'influence entre les représentants des villes et des périphéries. Ou plus anecdotiquement, entre les partisans et les adversaires (dont est Jon Pult)  des Jeux Olympiques en Suisse. Toute autre situation serait, évidemment, celle pour laquelle a plaidé Christophe Blocher,  de l'élection d'un candidat "sauvage", non présenté par le PS, comme Daniel Jositsch ou Roger Nordmann... mais cela repousserait le PS à gauche, par colère ou par dépit, et on voit mal la droite la moins à droite en prendre le risque.  "Je suis un socialiste pragmatique", assure Jon Pult (dans "Le Temps" de samedi). Nul n'en doute, ni du pragmatisme de Beat Jens, ni d'ailleurs aucun membre du Conseil fédéral.

Le socialiste de service pour faire passer les projets que le PS combat, et combattre les projets que le PS défend.

Le nouveau Conseil fédéral, qui ne sera d'ailleurs que très partiellement nouveau, sera élu par un parlement fédéral dont la principale Chambre, le Conseil national a nettement viré à droite. Pour autant, le bloc UDC-PLR n'y retrouve pas (même si on y ajoute l'UDF, la Lega et le MCG) la majorité absolue dont il y disposait de 2015 à 2019 (le Conseil des Etats y faisant contrepoids, avec sa forte représentation centriste et sa faible représentation udéciste). La gauche est minoritaire aux Chambres fédérales, comme au sein de l'électorat, et comme elle l'a toujours été depuis l'élection du Conseil national au suffrage universel (d'abord exclusivement masculin) et à la proportionnelle. Ni la vague socialiste de 1919 (41 sièges, 19 gains, 23,5 % des suffrages), ni la vague verte de 2015 n'ont remis en cause fondamentalement ce rapport des forces. Dire que cela nous console serait excessif...

Alors, qui sera le socialiste élu demain au Conseil fédéral ? Il sera de toute façon, s'il reprend le département de l'Intérieur, le socialiste qui, dans trois mois, devra combattre l'initiative syndicale, soutenue par le PS, pour une 13e rente AVS et dans six mois l'initiative socialiste pour un plafonnement à 10 % du revenu des ménages le montant des primes maladies. Il sera aussi le socialiste qui l'année prochaine devra défendre une réforme de la prévoyance professionnelle combattue par le Parti socialiste. Il sera pendant toute la durée de son mandat le socialiste qui s'opposera à la politique que le Parti socialiste propose -la politique sociale, la réponse à l'urgence sociale, c'est le coeur du programme socialiste, et c'est le thème mis en avant pendant la campagne électorale qui a permis au PS de progresser dans les urnes, cet automne.  Si le successeur d'Alain Berset reprend le département d'Alain Berset (il pourrait en reprendre un autre -les Affaires étrangères, par exemple, mais il semble, hélas, que ce ne soit pas l'hypothèse la plus vraisemblable...), il sera le socialiste de service pour faire passer les projets que le PS combat, et combattre les projets que le PS défend et qu'il devra défendre contre son ministre...



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