Sous le PAV, le profit ?
Offensive de la droite contre le logement social
Le 3 mars, on ne vote pas seulement dans toute la Suisse sur (pour) la 13e rente AVS, mais aussi, à Genève, sur (c'est-à-dire contre) le retour, manigancé par la droite parlementaire et les milieux immobiliers, de la spéculation dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets, le PAV. C'est revenir sur dix ans de combats pour construire, dans les zones où on peut le faire, des logements accessibles à toute la population, et pas seulement à ceux qui ont les moyens de se payer des propriétés par étage (que la droite veut, griotte sur la brioche, rendre non limitée dans le temps et incluant la propriété du sol). Cela alors que la crise du logement frappe particulièrement Genève, avec des taux de logements vacants au plus bas depuis dix ans et des loyers qui, eux, prennent l'ascenseur... Les spéculateurs se frottaient déjà les mains en pensant à l'aubaine : l'Etat devrait leur vendre des terrains pour réaliser des PPE en pleine propriété privée, inaccessibles à la grande majorité de la population -et plus encore à la population des demandeurs de logements...
De la "mixité sociale" comme prétexte à l'attaque
        au logement social
      
A Genève, le périmètre Praille-Acacias-Vernets
        (PAV), sur les communes de Carouge, Lancy et Genève, est un des
        ceux, sinon celui, sur lesquels le plus de logements nouveaux
        vont être offerts à la population. En 2018, une votation
        populaire avait ratifié une proportion de 62 % de logements
        abordables par la majorité des demandeurs de logements : les
        logements d'utilité publique (LUP), s'ajoutant aux catégories
        existantes des habitations bon-marché (HBM), à loyer modéré
        (HLM) ou mixtes (HM). 62 % de logements abordables par la
        majorité des demandeurs de logements ? C'est beaucoup trop pour
        la droite genevoise. Le PLR (forcément), l'UDC (évidemment) et
        le PDC ont donc fait voter par le Grand Conseil un projet de loi
        et une motion pour diviser par deux, en la faisant passer à 33 %
        (soit un peu plus de la moitié de celle
        acceptée par le peuple) la proportion de
        logements accessibles à tout un chacun, sauf les plus riches. La
        proportion de propriétés par étage voulue par la droite, elle,
        doublerait, voire triplerait. Les deux tiers du parc de
        logements nouveaux seraient donc en loyers libres (fixés par le
        propriétaire, sans limite de montant et sans contrôle public),
        ou en propriété par étage -et pas en droit de superficie pour un
        siècle, comme prévu, mais en pleine propriété tant que les
        propriétaires, leurs héritiers, les héritiers de leurs
        héritiers, ne les vendent pas.. au prix du marché alors qu'ils
        auront été acquis à prix réduit... L'éternité et un jour pour la
        spéculation, en somme. Prétexte de cette offensive contre le
        logement social ? la "mixité sociale" : pour éviter de
        constituer un "ghetto", faut  se contenter d'admettre un peu de
        plèbe au milieu des friqués.  Or les logements d'utilité
        publique, soustraits à la spéculation, sont définis par la loi
        comme étant des "logements pour tous", et sont destinés aussi à
        la classe moyenne, comme les HLM à la "classe moyenne
        inférieure" et les HM à la "classe moyenne supérieure", celle
        dont le revenu mensuel peut atteindre le double du salaire
        médian, c'est-à-dire dépasser 13'000 francs par mois.  Il n'y a
        que les HBM qui s'adressent aux catégories sociales les plus
        modestes.  La proportion de 62 % de logements d'utilité publique
        acceptée en 2018 par le peuple et attaquée par le lobby
        immobilier et ses porte-valise politiques comprend donc des
        logements destinés à la classe moyenne : tout est dans la
        répartition des catégories de logements à l'intérieur de ce
        taux, et nulle part les HBM ne prennent toute la place : au PAV,
        il n'en est prévu que 2300 sur les 6000 logements d'utilité
        publique prévus. 
      
Les logements d'utilité publique s'adressent en
            réalité à la grande majorité de la population : leur part de
            62 % sur l'ensemble des logements créés au PAV n'a rien
            d'exorbitant; elle est même, tout compte fait, inférieure à
            la part de la population qui peut y avoir droit, "classe
            moyenne" comprise -à moins de placer dans la "classe
            moyenne" des personnes au revenu supérieur à 200'000 francs
            par an, ou des ménages au revenu supérieur à 300'000 francs
            par an, alors que si le concept de "classe moyenne" a un
            sens en fonction du revenu, c'est bien autour du revenu
            moyen -ce qui définirait la classe moyenne comme celle des
            personnes dont le revenu individuel va de 60'000 à 120'000
            francs par an, ou de 100'000 à 200'000 francs par an pour un
            ménage avec deux adultes professionnellement actifs).  
          
Sans doute pourrait-on proposer, comme l'avait suggéré le Conseiller d'Etat Antonio Hodgers, de construire des logements d'utilité publique dans les communes friquées de la rive-gauche, genre Vandoeuvres et Cologny, plutôt qu'à Genève, Lancy ou Carouge... mais combien de LUP, et de quels types, et pour quelle population, ces parcs à bourges accepteraient-ils sur leur sol sacré ? En attendant le jour du jugement foncier dernier, le PAV reste, comme le rappelle Romain Gauthier, le plus grand secteur de Genève où une politique sociale du logement peut être mise en place, parce que la collectivité publique en maîtrise la plus grande part. . C'est même pour cela qu'il est la cible des attaques de la droite immobilière.



Commentaires
Enregistrer un commentaire