Augmenter les rentes AVS par l'octroi d'une 13e rente : Le moment est venu...

 

Augmenter les rentes AVS par l'octroi d'une 13e rente : Le moment est venu...

Le dernier sondage Tamedia sur le sort de l'initiative pour une 13e rente AVS, sondage effectué les 14 et 15 février, donne toujours une majorité du peuple (59 %)  à l'initiative, mais une majorité qui s'est réduite par rapport au sondage précédent (71 %). Ce recul est particulièrement significatif à droite (les Verts libéraux ont rejoint le PLR dans le camp du "non" et le "oui" s'est affaibli à l'UDC et au Centre. L'initiative est largement majoritaire (68 %) en Romandie et au Tessin (64 %), mais l'est de justesse en Alémanie (52 %). Elle est également largement majoritaire dans les villes (62 %) et chez les plus de 65 ans (80 %) et les 50-64 ans (71 %), mais minoritaire (33 %) chez les moins de 35 ans et les 35-49 ans (48 %). Et surtout, le sondage ne dit rien du résultat des cantons, qui doivent être majoritaires à la soutenir pour qu'elle soit approuvée dimanche. On ne sait pas si elle le sera. On aura au moins, partis et syndicats, fait ce qu'il faut pour qu'elle le soit. Le moment en est venu. Enfin. L'édito du dernier "Matin Dimanche" se conclut ainsi : "Quel que soit le résultat des urnes, l'idée d'augmenter les rentes fers son chemin. (...) si ce n'est pas cette fois, ce sera la prochaine". Alors, autant que ce soit cette fois...

Reprendre un mouvement d'amélioration des prestations de l'AVS

"J'ai 60 ans et je refuserai la 13e rente AVS", proclame, tout sourire, une brave dame dans "Le Matin Dimanche" d'avant-hier. Elle a le droit de la refuser, la 13e rente AVS. Mais pour être cohérente, elle devrait la refuser pour elle, qui semble ne pas en avoir besoin (elle est cheffe d'entreprise, conseillère générale et députée PLR au Grand Conseil neuchâtelois), pas la refuser à celles et ceux qui en ont besoin. L'AVS ne remplit plus depuis longtemps sa mission constitutionnelle de garantie "de manière appropriée" du maintien du "niveau de vie antérieur" de toute retraitée et de tout retraité (les retraités devraient garder 60 % de leur dernier salaire avec les 1er (AVS) et 2e (LPP) pilier.  Or il n'y a en Suisse qu'une minorité de retraitées et de retraités qui vivent bien, ou même correctement, de leurs rentes. Près d'un tiers des personnes de plus de 65 ans en Suisse sont touchées par la précarité, dépendent de leurs enfants ou de leurs petits-enfants ou se sont expatriés dans des pays où la vie est moins chère. Et 16 % des retraités ne couvrent pas leurs besoins vitaux, ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté (2280 francs par mois)  et ont besoin des prestations complémentaires pour y arriver.  En outre, 15 % des retraités ne disposent d'aucun patrimoine.

Et puis, il a le cherté croissante de la vie : Depuis 2021, la hausse des prix et des taxes a fait perdre l'équivalent d'une rente mensuelle moyenne (1800 francs) aux retraités. La 13e rente ne serait qu'une sorte d'indexation, de rééquilibrage. Bien plus utile à la majorité de la population, retraitées et retraités actuels ou futurs, qu'un "troisième pilier", une épargne-retraite, que, de toute façon, la majorité d'entre elles et eux n'ont pas les moyens de constituer. En outre, les cotisations AVS sont paritaires (les employeurs en paient la moitié), alors que le 3e pilier, que la droite invoque comme une alternative à la 13e rente,  n'est financé que par les salariés qui en ont les moyens. 

La cheffe d'entrprise et députée PLR qui n'a pas besoin de la 13e rente AVS et qui la refuse à celles et ceux qui en ont besoin invoque, comme solution à leurs problème matériels, les prestations complémentaires. Certes, elles sont un droit, mais un demi-million de retraités qui y auraient droit ne les demandent pas. De plus, accordées sous condition de ressources, elles ne permettent pas de compenser l'insuffisance de l'AVS -d'autant que la droite a revu à la baisse leur composante fédérale. Enfin, elles sont calibrées de manière à atteindre le minimum vital. Pas plus. Et de toute façon, la 13e rente s'y ajouterait, elle ne la remplacerait pas : l'initiative précise que "La loi garantit que le supplément annuel n'entraîne ni la réduction des prestations complémentaires ni la perte du droit à ces prestations". La 13ème rente viendra donc s'ajouter aux prestations complémentaires des personnes qui en bénéficient. Et si le peuple vote OUI le 3 mars, ce principe sera ancré dans la Constitution fédérale, donc le parlement ne pourra pas aller contre et l'initiative devrait être appliquée dès 2026 (c'est son texte qui l'impose).

L'acceptation de la 13e rente AVS serait un changement important de politique s'agissant du système de retraite : on reprendrait un mouvement d'amélioration des prestations du premier pilier de ce système, après une succession de "réformes" réduisant les prestations (dont l'augmentation de l'âge de la retraite des femmes) de ce premier pilier et du deuxième (baisse du taux de conversion).

Le moment, décidément, est venu.

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