La PPE, ou comment niquer la"classe moyenne"

DéPAVage

Que nous promettent les partisans (les partis de droite, les milieux immobiliers) des deux lois doublant la proportion de logements en  propriété par étage (et renforçant la nature même de cette PPE) dans le périmètre du PAV le 3 mars prochain ? la lune : "une diversité de logements accessibles à tous". A tous, vraiment ? Et de brandir l'étendard de la "classe moyenne", sans la définir clairement puisqu'alors on se rendrait compte que n'étant ni une classe, ni moyenne, elle n'existe pas. Et pour que cet étendard se voie, on l'étend : la "classe moyenne", ça irait, selon les partisans des deux lois soumises à référendum, jusqu'à 200'000 francs de revenu annuel. Plus de deux fois le revenu moyen. Et même haussée à ce niveau, la "classe moyenne", cible privilégiée (mais pas plus existante pour autant) des déPAVeurs ne serait pas bénéficiaire d'une opération dont les seuls bénéficiaires seraient les spéculateurs. N'est-ce pas à cela qu'elle sert, la référence rhétorique à la "classe moyenne", à faire voter comme il convient celles et ceux dont on dit qu'ils et elles en sont, et qui y croient ? En somme, c'est un peu comme quand des ministres à la retraite à 20'000 balles par mois prétendent défendre les intérêts des petits rentiers...

Elle a bon dos, la "classe moyenne", et elles ont bon dos, les familles

La loi PAV en vigueur prévoit déjà 12 % de PPE  sur les terrains en mains de l'Etat et des fondations de droit public dans le périmètre, et de les réaliser  en droit de superficie. 12 %, c'est déjà une concession faite aux milieux immobiliers, puisqu'on parle de terrains en mains publiques qui devraient être affectée à du logement accessible à 80 % de la population, mais 12 %, pour ces milieux et leurs porte-valises politiques, ce n'est pas assez. Et le droit de superficie, pour les mêmes, c'est une privation insupportable du droit de propriété foncière, puisque, abomination de la désolation les terrains restent en mains publiques, et sont ainsi soustraits à la spéculation. La droite parlementaire, aux ordres de la Chambre immobilière, a donc voté comme un seul courtier deux projets de loi, dont l'un (la loi 12291) qui obligerait l'Etat à vendre 24% de ses terrains à des promoteurs désireux d'y réaliser des logements en PPE. Ce doublement de la proportion de PPE dans le total des logements réalisables au PAV réduirait d'autant la proportion de logements en location, accessibles, eux, à la majorité de la population.

L'essentiel (62 %) des logements prévus au PAV sont des logements d'utilité publique (LUP) -et les référendums ont été lancés par la gauche pour que leur part ne soit pas réduite par l'augmentation de celle des PPE. Or des logements d'utilité d'utilité publique (LUP) sont parfaitement accessibles à la "classe moyenne", même quand on l'étend jusqu'à 200'000 francs de revenus annuels. Et on n'a pas besoin de s'endetter pour y accéder, comme on devrait le faire pour acquérir une propriété par étages. On croit n'avoir plus de loyer à payer ? On a des emprunts à rembourser...

L'accession de la "classe moyenne" est un "besoin légitime", proclame le député "centriste" Sébastien Desfayes, et la propriété par étage est le "rêve d'une grande partie de la population", prêche la députée PLR Diane Barbier-Muller. On a les rêves qu'on mérite, mais celui-là tient plutôt de l'arnaque : la propriété par étage reste inaccessible à la plus grande partie de la population, surtout quand elle n'est pas en droit de superficie. Et à la minorité (environ 20 %) de la population qui peut y accéder, et pourrait d'ailleurs aussi accéder à des logements en coopératives tels que prévus au PAV,  elle n'est accessible qu'à la condition d'obtenir un prêt bancaire à rembourser. C'est donc un facteur d'endettement, à long terme. Que l'on tente de rendre moins évident en minorant les prix d'une propriété par étage : les partisans des deux lois que nous combattons annoncent des prix d'achat d'une PPE 20 % inférieurs à ce qu'ils sont en réalité... Et oublient précautionneusement de préciser que ces prix, ceux qu'ils annoncent comme les prix réels, dépendent des taux d'intérêt...

Elle a bon dos, "la classe moyenne", et elles ont bon dos, les familles. Bon dos, pour s'asseoir dessus pour compter le profit sonnant et trébuchant qu'on aura pu tirer de leur naïveté...



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