Répartition des logements dans le PAV : Respecter l'accord et le vote de 2018
Aujourd'hui, 7 février dans le calendrier grégorien et 19 pluviôse dans le calendrier républicain, nous sommes aussi le 13ème jour du mois de Gueules dans le calendrier pataphysique. Et ce jour, dans ce calendrier, c'est le jour de Copulation. On ne sait ce que cela présage de nos débats au Conseil municipal de Genève, ni qui va se faire baiser, mais on va y débattre d'une prise de position du délibératif communal sur l'un des enjeux des votations du 3 mars prochain : la répartition des types de logements dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets, et le respect du vote populaire de 2018 (ce n'est pas si vieux qu'on doive l'oublier...) sur cet enjeu. Le titre de la résolution proposée par la gauche est explicite : la mixité du PAV est essentielle, la loi PAV acceptée en votation populaire en juin 2018 doit être respectée... Car c'est bien de cela dont il va s'agit dans un mois : de respecter la volonté populaire, et l'accord qu'elle a entériné (par 61,54 % des suffrages, tout de même...) sur les proportions respectives de logements et de bureaux, de logements d'utilité publique, de logements soumis au régime de la zone de développement et de logements en propriété par étages (en droit de superficie, l'Etat restant propriétaire du sol pour freiner la spéculation sur ces terrains). C'est cet accord, ratifié par le peuple, que la droite a remis en question en adoptant l'année dernière deux projets de loi, contre lesquels la gauche a lancé et fait aboutir deux référendums.
Le mirage aux alouettes (ou le piège à con ?) de
        la PPE
      
En 2019, le Grand Conseil créait, pour 40 ans, la
        Fondation Praille-Acacias-Vernets (fondation PAV), comme
        opérateur foncier d'un périmètre de plus de 45 hectares sur 153
        parcelles, grevées de 95 droits de passage, dans les villes de
        Genève, Carouge et Lancy. Elle avait au départ  à disposition
        200'000 m2 d'espaces à réaménager et 200 bâtiments à rénover ou
        à construire. Elle dispose aujourd'hui de 1,2 millions de m2 de
        plancher. Son mandat ? Construire des quartiers durables et de
        qualité, des espaces d'activités et des logements (7750 dans un
        premier temps, jusqu'à 11'900 à l'horizon 2060, dont une moitié
        de logements d'utilité publique)et accueillir de nouveaux
        emplois (5700). A la mi-janvier, elle a présenté ses intentions
        en ce qui concerne les attributions de droits de superficie sur
        les terrains qu'elle maîtrise , soit 60 % des surfaces
        constructibles, le reste étant maîtrisé par la Fondation pour
        les terrains industriels (40 %), l'Etat (6 %) et des privés (15
        %). Et la Fondation entend privilégier les coopératives
        d'habitation sans but lucratif (Cigue, CODHA, COPROLO...)  et
        les fondations publiques, comme celle de la Ville de Genève pour
        le logement social et la fondation immobilière de la Ville
        d'Onex. Autrement dit, des acteurs qui vont mettre à disposition
        des logements de qualité et, s'agissant des coopératives
        d'habitation, particulièrement destinés à la "classe moyenne".
        Contrairement à la propriété par étage.
      
Actuellement, sous l'empire de la loi ratifiée par
        le peuple en 2018, les promoteurs peuvent réaliser des immeubles
        en propriété par étage sur 12 % de l'ensemble du périmètre du
        PAV, et la droite veut doubler cette proportion. Or la propriété
        par étage, c'est un miroir aux alouettes (plus familièrement dit
        : un piège à con) : les PPE ne sont réellement accessibles qu'à
        une minorité de la population -les autres qui en rêvent ne
        peuvent y accéder qu'en s'endettant lourdement. La droite veut
        aussi faire passer la propriété par étage hors du droit de
        superficie, pour en faire des propriété de plein droit (mais des
        propriétés de qui ? des détenteurs d’hypothèques ou de ceux qui
        en ont contracté ?). Le droit de superficie maintient la
        maîtrise de l'Etat sur le sol (la propriété n'est que celle de
        l’appartement), ce qui réduit le prix des futures PPE puisqu'on
        n'a plus à acheter du sol. Les propriétaires doivent en outre y
        habiter, ce qui entrave efficacement la spéculation. 
      
Les terrains du PAV appartiennent à la
        collectivité publique, qui entend y construire des logements
        abordables pour toutes et tous et les mettre à l'abri de la
        spéculation. Un projet de toute évidence inacceptable pour ceux
        qui les contemplent avec des yeux énamourés par l'appât des
        gains spéculatifs qu'ils pourraient en tirer si l'Etat devait
        s'en dessaisir et les leur vendre à bas prix -pour qu'ils
        puissent ensuite les revendre à un prix tiré vers le haut par la
        pénurie de logement, et leur propre avidité. 
      
Un rêve tient, forcément, de l'illusion. Celui d'être propriétaire est déjà contestable en soi, à tous
        points de vue ou presque, mais ce qu'en ferait le système que
        veulent mettre en place les milieux immobiliers et leurs commis
        politiques pourrait fort bien se transformer en cauchemar, non
        seulement pour toutes celles et tous ceux qui en seront
        directement victimes en croyant être devenus propriétaires, mais
        aussi pour toutes celles et tous ceux qui continueront à
        chercher un logement dont le prix ou le loyer leur soit
        accessible, et ne pourront y accéder, parce que des propriétés
        par étage auront parasité l'espace disponible.
      
       



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