Il faut faire libérer Marwan Barghouti

 

En prison depuis 22 ans, il peut faire l'unité des Palestiniens

Il fut le leader de la deuxième Intifada et est aujourd'hui le prisonnier palestinien le plus célèbre, le plus respecté des uns (les Palestiniens) et le plus redouté des autres (les autorités israéliennes) et sans doute le seul à pouvoir faire sur son nom et sa personne une unité palestinienne nécessaire à un véritable engagement palestinien dans un processus de négociation, puis de paix, avec Israël : Marwan Barghouti , 68 ans, cadre du Fatah, est en prison depuis 22 ans, à l'isolement, dans des conditions de brutalité qui ont encore empiré depuis le 7 octobre -comme celles de tous les prisonniers palestiniens d'Israël. Privé de soins, de contacts avec l'extérieur, d'informations, battu,  il n'a pu rencontrer que deux fois un avocat, en janvier et en février dernier, grâce à des pressions d'Etats occidentaux. Israël refuse obstinément de le libérer -et de son point de vue, Israël a raison : Barghouti est dangereux. Non pas en termes sécuritaires, mais en termes politiques : s'il pouvait y être candidat, il pourrait être président de l'Autorité palestinienne et contribuer à ouvrir un chemin vers une paix dont le gouvernement israélien actuel, à commencer par son chef, ne veut pas, parce qu'il a tout à en craindre, et parce qu'il ne tient que parce qu'il est en guerre. Il faut donc faire libérer Marwan Barghouti !

Les otages des uns, les prisonniers des autres

A New-York, hier, le Conseil de Sécurité de l'ONU a voté pour la première fois une résolution demandant un cessez-le-feu à Gaza. Les USA n'ont pas opposé leur veto à cette résolution, ce qui a suscité la colère du gouvernement israélien. A Gaza, hier, la barre des 32'000 victimes de l'offensive israélienne a été franchie. En Israël, près de 10'000 Palestiniens sont détenus. 13 d'entre eux sont morts en détention depuis le 7 octobre, et 27 autres sont morts dans des camps de détention militaire. Selon l'ONG israélienne Médecins pour les droits humains, plusieurs de ces détenus ont succombé par manque de soins. L'association israélienne d'aide aux prisonniers Hamoked a recueilli des témoignages de violences (y compris de viols) et de menaces. Les cellules sont surpeuplées, les radios confisquées, l'électricité coupée, les prisonniers manquent de couvertures, la Croix Rouge n'a plus accès aux prisonniers.

Le nombre de prisonniers palestiniens emprisonnés en Israël, sans compter ceux de droit commun, a doublé depuis le 7 octobre. Le Club des prisonniers palestiniens l'évalue à 9500, dont plus du tiers sont des détenus et des détenues "administratifs". La plupart de celles et ceux libérés par Israël en échange de la libération par le Hamas de ses otages israéliens étaient en fait, eux aussi, souvent des otages -des otages d'Israël. Le régime de la détention administrative permet à Israël de d'arrêter n'importe qui, y compris des mineurs, sur la base d'informations restant secrètes, sans acte d'accusation et sans jugement, sans limite de temps avec une reconduction de six mois en six mois. Certains de ces détenus ont été arrêtés et détenus sans autre raison perceptible que celle de constituer un stock de prisonniers à échanger en cas de prises d'orage israéliens. Autrement dit, eux aussi sont otages. Et leurs conditions de détention, après le 7 octobre, se sont considérablement dégradées : réduction de nourriture, augmentation du nombre de prisonniers et de prisonnières par cellule, violences (coups, lacrymogènes, insultes), privation de radio, de télévision. 

Sur 240 prisonniers palestiniens libérés par Israël en échange d'otages israéliens du Hamas, treize sont des palestiniennes citoyennes israéliennes, arrêtées pour des délits d'expression relevant, selon les autorités israéliennes, de "soutien au terrorisme". L'accord d'aucune d'entre elle n'avait été sollicitée, pas plus que leurs avocats ou leurs parents, pour qu'elles soient monnaies d'échange avec le Hamas. Aucune n'avait non plus été jugée, certaines n'avaient même pas été inculpées. Elles étaient détenues dans la prison de Damon, près de Haïfa, dans des conditions particulièrement dures : pas plus d'une demie-heure de promenade par jour, pas de lit, pas de radio ni de télévision, pas de visites, souvent des coups, des menaces et des injures, des jets de bombes lacrymogènes. Leur arrestation, généralement sur la base de dénonciations par des collègues de travail, leur a  valu de perdre leur emploi. Et une fois libérés, elles font toujours d'objets de poursuites et peuvent être à nouveau arrêtées.

Le rappeler, est-ce faire preuve d'antisémitisme ?

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