Elections municipales genevoises : La culture en débat
Lundi, les sept candidates et candidats socialistes à la candidature au Conseil administratif de la Ville de Genève débattaient entre eux, et avec les militantes et militants du parti. Et il a beaucoup été question de politique culturelle -pas seulement, mais beaucoup. C'est que le Conseiller administratif Sami Kanaan, en charge de la culture, termine son troisième mandat consécutif, et qu'il ne peut en solliciter du parti un quatrième. Et que plusieurs candidates et candidats (la majorité, même) ont une expérience, une insertion, une compétence s'agissant de politique culturelle. Et que la politique culturelle genevoise est à la fois en débat et en chantier -et que dans ce débat et sur ce chantier, les prises de position et les postures se multiplient. Il n'est dès lors pas totalement fortuit qu'au sein du Parti socialiste aussi on en débatte, entre candidates et candidats à un Exécutif municipal, où, jusqu'à nouvel avis, le seul dicastère dont le magistrat ne se représente pas soit, précisément, celui de la culture, tenu par un socialiste. On n'allait donc pas se priver du plaisir de mettre notre grain de sel, parfaitement désintéressé, dans ce débat...
Enfin, tout ce débat, toutes ces positions, toutes
ces propositions se font et se prennent dans un contexte de
redéfinition des responsabilités et des charges culturelles
entre collectivités publiques : le canton devrait (le
conditionnel reste de rigueur) enfin prendre ses responsabilités
culturelles -et on parle bien là, de responsabilités
financières. Mais cette prise de responsabilités matérielles, il
va la faire à petit pas comptés -il est vrai qu'il ne peut guère
aller plus vite, vu le rapport des forces politiques au Grand
Conseil, la méfiance structurelle du canton à l'égard de la
Ville et le sous-développement de l'Office de la culture (et du
sport). Onze millions cantonaux en quatre ans, ce n'est que
l'équivalent de la seule subvention annuelle que la Ville
accorde au Grand Théâtre en sus de tout ce qu'elle paie pour
lui. C'est bien peu. Et de loin pas assez -mais c'est déjà ça.
Et si l'objectif de la parité de subvention entre canton et
Ville pour les grandes institutions, est atteint, ce sont
quelques millions que la Ville pourra affecter au soutien aux
lieux culturels non institutionnels, aux formes culturelles
innovantes, aux expressions culturelles non patrimoniales et aux
acteurs culturels indépendants, sans réduction de l'effort
global pour la culture.
Nous devons renforcer les moyens que lui accordent
les collectivités publiques, sans que le renforcement des moyens
accordés par l'une (le canton, par exemple) implique la
réduction des moyens accordés par l'autre (la Ville, par
exemple...), mais en réduisant l'écart entre les efforts des uns
et des autres, mesurés par leurs budgets culturels -et, dans ces
budgets, par les subventions. Nous devons aussi réduire l'écart
entre les moyens accordés aux grandes institutions (le GTG,
l'OSR, les Musées, la Nouvelle Comédie) et ceux accordés aux
acteurs de la création émergente, de la création
d'expérimentation, des cultures de l'immigration, mais nous
devons réduire cet écart en accordant plus de moyens à ceux qui
en manquent, pas en réduisant les moyens de ceux qui en ont
assez. Nous devons partager la gouvernance et le financement des
grandes institutions entre la Ville, les autres communes et le
canton. Les partager, pas les découper.
Chacun de ces objectifs implique d'être pris pour lui-même, et les atteindre suppose des décisions politiques spécifiques à chacun d'entre eux. Mais il s'agit bien de décisions politiques, pas de bricolages budgétaires, de rabotage de subventions. On ne répond à aucun problème de gouvernance en rabotant une subvention. On ne tient aucun compte du rôle d'une grande institution, de sa place dans le tissu culturel genevois, en la transformant en cible obsessionnelle de règlements de compte. Dans le champ culturel, le fétichisme, qu'il porte sur un totem ou un tabou, ne produit rien que du bruit.
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