Prémices électorales municipales genevoises
Une alliance centriste pourrait (les assemblées des deux partis concernés doivent encore la ratifier) naître pour les élections municipales de l'année prochaine en Ville de Genève, réunissant sur une liste unique pour le Conseil municipal (et un "ticket" pour le Conseil administratif, auquel l'actuelle magistrate centriste Marie Barbey-Chappuis se représente) le Centre (ex-PDC) et les Verts libéraux. Une liste unique, pas seulement un apparentement, parce que seule une liste unique peut franchir sans difficulté majeure l'obstacle du quorum de 7 % des suffrages pour l'élection du Conseil municipal, seuil en dessous duquel les suffrages obtenus par une liste ne sont purement et simplement pas comptabilisée pour la répartition des sièges, la liste n'en obtenant aucun. Or les Verts libéraux n'ont jamais réussi à franchir ce seuil en Ville de Genève (ni d'ailleurs au plan cantonal), et le Centre flirte dangereusement avec (il fut même nettement en-dessous, en Ville, lors des élections cantonales). La proposition de la liste unique est donc logique, rationnelle, empirique. Et c'est la proposition la plus intelligente qui puisse être faite aux deux partis à qui elle est adressée. Si intelligente que la gauche de la gauche ferait bien de s'en inspirer pour elle-même.
Une alliance innovante avec un programme qui ne
l'est pas
Donc, le Centre et les Verts libéraux seront
vraisemblablement un peu plus qu'alliés pour les élections
municipales en Ville de Genève, l'an prochain : ils feront sans
doute liste unique pour le Conseil municipal, et campagne
commune pour le Conseil administratif. S'ils s'en tiennent là,
ils constitueront entre la gauche et la droite un groupe qui
pourra peser dans les décisions du Conseil municipal. Ils
laissent cependant la porte de leur alliance ouverte, ou
entrouverte, au PLR, ce qui la déporterait sur la droite, la
"décentrerait" en la fermant à l'UDC et au MCG (En 2020, Marie Barbey-Chappuis rappelait qu' "il faut
des valeurs et un programme commun pour envisager une alliance.
Sinon, c'est de l'opportunisme...) nous avons trop de
divergences avec le MCG et l'UDC".), mais
aussi à "Libertés et Justice sociale" (le parti de Pierre
Maudet) qui se dit"de gauche et de droite"
mais que l'analyse de ses votes au Grand Conseil situe
clairement à droite. Le poids possible
d'un groupe Centre-Verts libéraux (ils espèrent quatorze sièges)
pourrait équivaloir à celui du PLR ou à l'addition de ceux de
l'UDC et du MCG, certes sans atteindre celui du PS et des Verts
ensemble, et moins encore celui de toute la gauche si "Ensemble
à Gauche" se maintient au Conseil municipal, mais en pouvant
faire des majorités si la gauche de la gauche se révèle
incapable de présenter une liste unique. Des majorités sur quoi,
pour quoi ? Diminuer le prix des crèches (la gauche est
partisane de la gratuité des crèches publiques, à l'instar de
l'école publique), soutenir les commerçants et, totem de la
droite, baisser les impôts. L'alliance est innovante, son
programme ne l'est guère...
Au PS, on s'affaire aussi dans la préparation des
Municipales, avec un double enjeu à relever : contribuer à ce
que la gauche reste majoritaire au délibératif (c'est le rôle
d'un apparentement des listes -mais là encore, c'est la capacité
ou l'incapacité de la gauche de la gauche à s'unir qui va être
déterminante), et maintenir sa nette majorité (quatre sièges sur
cinq, partagés entre socialistes et Verts) à l'Exécutif, malgré
la légère méforme actuelle des Verts. Car dans le système
genevois, c'est bien le Conseil administratif, pas le Conseil
municipal, qui est le lieu essentiel de la décision politique
-il détient nombre de compétences exclusives que même une
majorité contraire du Conseil municipal ne peut lui disputer :
lors de la dernière "législature" municipale, la droite,
majoritaire au Conseil municipal, avait bien tenté à moult
reprises de s'imposer au Conseil administratif de gauche mais
plus de trente votes du parlement communal furent cassés ou
dévalués en motions inopérantes par la surveillance des
communes, parce que leurs auteurs et leurs soutiens avaient
précisément oublié que .. ou le peuple, en dernier recours :
deux budgets de la Ville votés par la droite furent ainsi cassés
par des référendums de la gauche...
Sur les cinq Conseillères et Conseillers administratifs actuels de la Ville de Genève, quatre peuvent solliciter un nouveau mandat et être présenté.e.s par leurs partis. Reste Sami Kanaan, qui ne peut se représenter, les statuts du PS limitant sans dérogation possible à trois le nombre de mandats successifs auquel un.e socialiste peut se présenter -or Sami Kanaan termine son troisième mandat à la tête du Département de la Culture (et de la transition numérique). Le 7 mai, l'Assemblée générale du PS désignera ses candidat.e.s à l'Exécutif municipal -et pour être plus précis, celui, celle, ceux, celles qui accompagnera (ou accompagneront) Christina Kitsos, aussi incontestable pour un nouveau mandat que l'est son son bilan. Pour le reste, tout est ouvert : une liste paritaire femme/homme, une liste purement féminine, deux candidatures, trois candidatures... On aura donc le choix pour accompagner Christina Kitsos entre (dans l'ordre de dépôt des candidatures) Olivier Gurtner, Joëlle Bertossa, Albane Schlechten, Ahmed Jama, Dorina Xhixho et Fabrizio Michielis. On vous dira peut-être plus tard qui on aimerait bien que le PS choisisse, on se contentera pour le moment de suggérer au PS de ne pas jouer petit bras, et de présenter trois candidatures au premier tour de l'élection de la Municipalité genevoise. Et on le suggère d'autant plus librement qu'on n'est pas, personnellement, concerné vu que, comme on l'a annoncé "Dans l'impossibilité de présenter une double candidature pour un mandat en Job Sharing au Conseil administratif, et étant par ailleurs incapable de choisir entre revendiquer le département des Finances et celui des Sports", on renonce à poser "candidature à la candidature au Conseil administratif de la capitale mondiale du monde mondial". Retenez vos larmes...
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