Fonds de tiroir

 Dans notre dernier folicule, on ironisait sur la démarche d'«Ensemble à Gauche» vaudoise qui, à en croire une info trouvée dans le «Blick», aurait exigé que l'Université de Lausanne retire le doctorat Honoris Causa remis à Benito Mussolini dans les années trente. Et on se disait que c'était une mauvaise idée, parce ça serait une sorte d'amnistie des compromissions qui conduisaient l'élite politique de droite à frayer avec le fascisme, et que plutôt qu'effacer le souvenir de ces compromissions, il faudrait plutôt en garder la mémoire. C'était bien pensé, mais pas forcément bien informé : un attentif lecteur de nos états d'âme nous a signalé que la demande de révocation du doctorat deshonoris causa du Duce «était un peu plus complexe que présenté par le Blick», qu'il s'agissait aussi, ou surtout, «d'honorer la mémoire de celui qui s’était opposé» à cet honneur fait à Mussolini, et que loin de vouloir effacer une connerie, il s'agissait de la «maintenir dans la mémoire collective, avec une plaque commémorative, par exemple». Dont acte. Ca nous apprendra à prendre nos infos dans le «Blick»...

Le Comité international olympique (CIO) demande à toutes les fédé-rations sportives internationales d'«annuler  ou relocaliser les événe-ments sportifs prévus en Russie et en Biélorussie» et à retirer les drapeaux des deux Etats lors des compétitions sportives. Le Grand Prix de Russie de Formule 1 est annulé. Comme les finales de la Coupe du monde de ski de fond, prévues en Russie, les qualifications de skicross et  toutes les compétitions prévues en Russie, et la finale de la Ligue des champions de foot, prévue à St Petersburg, alors que la coupole européenne du foot-pognon, l'UEFA, s'y refusait encore en février, et censurait même les images des équipes de Barcelone et de Naples déployant une banderole demandant la fin de la guerre, et que le capo de la coupole mondiale, la FIFA, Gianni Infantino, avait été décoré par Poutine de l'Ordre de l'Amitié. Faut-il que cette guerre soit perçue comme insupportable et l'agresseur comme infréquentable pour que les instances sportives internationales se décident à ouvrir les yeux (ou à se déboucher le nez) et à prendre des sanctions... parce qu'elles ne nous ont pas vraiment habitués à des scrupules de conscience et à des états d'âme, les fédérations sportives internationales. Un mon-dial de foot au Qatar, des JO d'hiver en Chine, ça leur avait pas posé de gros problèmes. Mais bon, c'est vrai que le Qatar et la Chine, c'est plus loin que l'Ukraine. Et que les Ouïgours, ils nous ressemblent moins que les Ukrainiens...

Pendant que tout le monde a les yeux fixés sur l'Ukraine, y'en a qui ne per-dent pas le nord : l'Arabie Saoudite, par exemple. Elle a procédé en une seule journée à 81 exécutions capitales, dont celles d'une majorité d'opposants chiites. Silence dans les rangs «occiden-taux». Faut dire que c'est un bon allié et un bon client, l'Arabie Saoudite. Et qu'elle ne tue que des métèques.

Il nous revient en mémoire, allez savoir pourquoi, que l'intervention militaire soviétique en Hongrie, en 1956, avait provoqué de violentes manifestations, culminant à Paris avec l'attaque par la foule du siège du PCF et à Genève de la Coopé-rative d'imprimerie du Pré-Jérôme et de la rédaction de la «Voix Ouvrière», quotidien du Parti du Travail (qui n'avait pas dénoncé l'intervention soviétique, alors qu'il le fera en 1968, après celle qui écrasera le «Printemps de Prague»). C'était un autre temps. On atta-querait le siège de quel journal, aujourd'hui, s'il nous prenait l'envie de nous faire passer pour d'héroïques combattants de la liberté des Ukrainiens ? La crise de la presse, ça se mesure à d'étranges critères, quand même...       

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