Fonds de tiroir

 Selon la «Tribune de Genève» (du 6 mai), un «parfum de crise flotte sur le MCG». Y'aurait des rivalités dans «la course à la Mairie de la Ville de Genève», des membres du parti dé-noncent «une gouvernance opaque et autoritaire», le Conseiller national Roger Golay demande une «refonte des statuts pour que le parti devienne plus transparent et démocratique», l'ancienne députée Françoise Sapin et le Conseiller municipal de Vernier ont claqué la porte du parti, la désignation du ou des candidats au Conseil administratif de la Ville de Genève se fait sur fonds de rumeurs d'intimidations, de misogynie, de menaces de plainte pour diffamation, de dérives communautaristes... Bon, et alors? franchement, est-ce que les taborniaux qui votent MCG en at-tendent qu'il soit sérieux, transparent, démocratique? Ils s'en foutent, comme ils se foutent de son programme, de la nullité d'une bonne partie de ses élus, de la manière dont ses candidats sont désignés... ils votent MCG parce qu'ils sont pas contents, qu'ils ont été cocufiés par un copain, qu'ils ont pas trouvé de place de parking, qu'ils sont coincés dans leur bagnole par un embouteillage provoqué par d'autres bagnoles pendant que les cyclistes leur passent sous le nez, que leur chef de bureau est un frontalier, que leur épouse gagne plus qu'eux, qu'on peut plus fumer dans les bistrots et qu'on voit de plus en plus d'Africains dans les rues... faut pas chercher midi à quatorze heures pour trouver les motivations des votes à la con, des fois faut juste regarder où on met les bulletins pour éviter de salir les urnes.

L'occupation du bâtiment Uni Mail de l'Université de Genève par des étudiantes et des étudiants manifes-tant leur soutien aux Palestiniens a suscité un vaste débat sur le rôle de l'Université, et sur le sens même de cette occupation. Dans la «Tribune de Genève» de samedi, un ancien en-seignant à l'Université, Daniel S. Halpérin, s'adresse dans une lettre ouverte à la rectrice, en précisant qu'il le faisait en ses «qualités de citoyen genevois, de juif et d'ancien enseignant de l'université», et en situant l'occupation genevoise «dans un mouvement protestataire dont la rapide propagation mondiale ne peut être que le fait d'une manœuvre bien organisée de propagande et de désinformation». Manque plus que brandir le Protocole des Sages de Gaza, et on aura retrouvé une bonne vieille tradition complotiste antisémi-te dont on n'aura fait que changer la cible. Le slogan «Palestine libre de la rivière à la mer»? Rien d'autre selon l'ancien enseignant qu'un appel «à l'extermination ou à l'exil de la population israélienne qui l'habite depuis 1947 de manière historique-ment justifiée et avec l'aval des Nations Unies»... qui appellent aussi à donner aux Palestiniens non israé-liens, qui habitaient la Palestine avant 1947 et pour des centaines de milliers d'entre eux l'habitent encore, le droit d'y revenir ou d'y rester et d'y constituer un Etat... Et la «lettre ouverte» à la lectrice demande que «trois membres des communautés juives de Genève» intègrent le conseil scientifique créé par le rectorat pour examiner le rôle de l'Université dans le débat public et son positionnement face aux conflits armés, aux débats de société, aux urgences climatiques. Et si on les y intègre, ces trois membres des communautés juives, on intègre aussi trois membres des communautés religieuses musulmanes? Et trois chrétiens, aussi, tant qu'à faire ?  Et trois athées pendantr qu'on y est ? Non, là, on déconne...

Ernesto Bertarelli a quitté Genève, vendu ses derniers actifs (quatre appartements au quai Wilson) pour 40 millions, acheté une demeure historique à Londres (80 chambres, une salle de cinéma et une piscine) pour 100 millions. Mais il a gardé sa propriété de Gstaad. Un seul être vous quitte et rien n'est dépeuplé...

Moins de neige, ou moins longtemps, et de la moins bonne, et plus de pluie: c'est le problème des stations de sport d'hiver, à commencer par celles de basse et moyenne altitude: le réchauffement climatique est l'en-nemi de l'industrie touristique et des sociétés de remontées mécaniques. ça nous le rendrait sympathique, le réchauffement climatique, s'il n' avait d'autres conséquences plus dramatiques... et s'il n'incitait les stations qu'il impacte à installer de plus en plus de canons à neige pour produire la neige qui ne tombe plus,  tombe moins ou tombe plus mouillée et tient moins longtemps. Les canons à neige transforment (en consommant de l'énergie, en relâ-chant du CO2 et en contribuant donc au réchauffement du climat) l'eau en neige. Mais la neige faite avec de l'eau, elle finit quand même par fondre. Et revenir en eau. Dont on refera de la neige.C'est pas un cercle vicieux, c'est un cercle aqueux. A Leysin, il était prévu d'en installer 175 de plus, de ces canons à neige. Et ça a suscité plus de 300 oppositions. Et la moitié des pistes suisses de ski sont enneigées au canon -une proportion qui atteint 80 % en France et en Italie. Et 100 % en Arabie Saoudite? Ouais, bon, peut-être, mais eux, ils ont du pétrole. Ils font donc de la neige avec du pétrole, pas avec de l'eau?  En quelque sorte, ouais. Une prouesse, non ? Ouais. Et une connerie, aussi,  et des conneries, y'en a plus partout que des prouesses. Et que de neige.

Donc, il aurait fallu qu'on hurle de joie comme Jean-Marc Richard en apprenant que le concurrent suisse, Nemo, avait gagné l'Eurovision (pardon : l'Eurosong) samedi. Toute la Suisse est supposée s'être redressée comme un lanceur de pierre d'Unspunnen en beuglant le ranz des vaches pour saluer la victoire, même pas celle de la première personne non-binaire, ne se reconnaissant ni comme femme ni comme homme (on avait déjà eu une queer avec Dana interna-tional et une drag quee avec Vonchita Wurst) avec mais celle d'un.e Suisse.sse.  Comme c'est la première victoire suisse depuis celle de Céline Dion en 1988. La Conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider y est allée de son message de félicitations. Le concours a été marqué par les retom-bées sur lui de la bataille de Gaza (manif avec heurts, huées pour la candidate israélienne) et la disqua-lification du candidat neerlandais pour un geste menaçant envers une cadreuse. Nemo a soupiré : «Il y a eu beaucoup de choses qui ne semblaient pas relever de l'amour et de l'unité»... ni de la musique, d'ailleurs. Mais ça, c'est depuis des lustres la caracté-ristique de l'Eurovision: produire du stéréotype ou courir après les stéréo-types nouveaux. Passer du supermâle beuglant ou d'une  copie de Madonna à un.e non-binaire tout.e rose, fina-lement, ça n'est que passer (en globish, forcément) d'un stéréotype à un autre. On n'est quand même pas les seuls à n'en avoir rien à secouer, de l'euromachin, si ? Ce serait pas grave: on a même trouvé des raisons de se féliciter du «sacre» de Nemo : ça a beaucoup énervé dans les bierstube uedécistes... et ça pourrait même dégenrer nos registres d'état-civil, nos cartes d'identité et nos passeports. Après tout, c'est des photos de nos visages qu'on y place, pas des photos de nos bites ou nos clitos... 

La cheffe du groupe PLR au Grand Conseil Natacha Buffet-Desfayes est candidate à la candidature au Conseil administratif de la Ville de Genève. Avec à son programme le renon-.cement à la municipalisation des crèches et la baisse des salaires du personnel de la petite enfance. On comprend mieux le sens de son souhait que «Genève se montre un peu plus fière d'elle»: un bon retour en arrière, rien de tel pour s'enorgueillir.   

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