Brèves de comptoir
C'est une jolie histoire de famille qui se raconte en France, en ce moment : les retrouvailles chez les Le Pen, la réconciliation de la tante et de la nièce, de Marine et de Marion. Avec des tas d'arrière-pensées politiques, évidemment (faire chier Zemmour, embêter Bardella), et des tas de divergences mises sous le tapis (sur l'avortement, la retraite à 60 ans, l'Europe), mais peu importe : une réconciliation familiale, c'est tou-jours joli à voir, surtout au chevet d'un patriarche subclaquant...
Aux portes de Genève, les élections européennes
ont mis, comme dans le reste de la France (à quelques îlots de
résistance près) la liste du Ras-semblement National en tête.
Mais en Haute-Savoie, département tradi-tionnellement de
droite modérée, avec une proportion moindre qu'au plan
national: 29,3% en Haute-Savoie contre 31,4% en moyenne
nationale, la liste macroniste faisant 16,71% (deux points de
plus qu'en moyenne nationale) et la liste so-cialiste 13,71%
(en gros, au niveau national). A Annemasse, le RN fait 24,19 %
et est talonné par la France Insoumise (23,6 %), les
socialistes ne faisant que 10,8 % alors que la mairie est
socialiste. Dans l'Ain, en revanche, l'extrême-droite fait
mieux qu'au plan national avec 36,53%. Bon, qu'est-ce qu'on en
fait, de ces résultats ? On ferme la frontière pour éviter la
contagion? On interroge les frontaliers pour connaître leur
vote et on lourde les fachos ? On se hausse du col en
proclamant fièrement qu'on est vachement plus à gauche que les
Français et même que la Suisse est plus à gauche que l'Europe
?
On notera quand même que le résultat français est exotique en
Europe : au parlement européen, les principaux groupes seront
ceux auxquels appartiennent deux des vaincus de l'élection en
France (les macronistes et les républicains), et le vainqueur
de l’élection française, le Rassemblement National,
appar-tiendra à un groupe marginal. Le poids de la délégation
française au parlement européen en sera réduit. Globalement,
si l'extrême-droite progresse (mais pas partout), elle
n'arrive en tête que dans quatre pays (la France, l'Autriche,
la Hongrie et l'Italie), la gauche dans six (le Danemark,
Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Suède et la Slovaquie) et
la droite démocratique dans seize (l'Allemagne, la Belgique,
la Bulgarie, Chypre, la Croatie, l'Espagne, l'Estonie, la
Finlande, la Grèce, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg,
la Pologne, la Répub-lique tchèque et la Slovénie), la gauche
et la droite démocratique ayant fait alliance en Roumanie.
Dans plusieurs pays (Chypre, l' Espagne, l'Italie, le
Luxembourg). les listes de droite ou d'extrême-droite arrivées
en tête sont talonnées par des listes de gauche... Ouf...
Les Genevois et voises qui ont les
droits de vote, d'élection et d'éligibilité au plan cantonal
les ont refusé aux étrangers, en disant «non» à 61 % à
l'initiative «Une vie ici, une voix ici». C'est beaucoup, 61%
de refus de l'élargissement de la démocratie aux étrangers,
mais quand même, c'est dix points de moins de refus que la
dernière fois que la question leur était posée, aux Suisses de
Genève : ils avaient refusé à 71 % en 1993. On a donc gagné
dix points de soutien en trente ans., A ce rythme, on sera
majoritaires en 2055... Bah, après tout, il aura bien fallu
attendre 425 ans depuis l'instauration de la République pour
que les femmes y puissent voter, élire et s'y faire élire...
alors, hein, trente ans, c'est quoi ? un clignement de cils du
temps. Et puis, on n'aura que 103 ans, en 2055... l'avenir est
à nous. Même en déambulateur.
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