Fonds de tiroir

 Quatre des sièges de l'Exécutif de la Ville ont été remportés par la gau-che au deuxième tour des élections municipales. On parle de quoi, là ? des élections  de l'année prochaine à Genève ? Ben non, des élections de la semaine dernière à Neuchâtel : les socialistes Jonathan Gretillat et Julie Courcier Delafontaine, les Vertes Nicole Baur et Johanna Loft Fischer ont été élu-e-s au deuxième tour, le cinquième siège ayant été acquis à la PLR Violaine Blétry-de Monrtmollin. C'était la première fois que l’exécutif municipal de Neuche était élu au scrutin majo-ritaire. Il ne l'a certes été qu'avec une participation de 27,5 %, et au deuxième tour, mais les absten-tionnistes étant par définition d'accord avec le choix des partici-pationnistes, la gauche est donc majoritaire en Ville de Neuchâtel, au Délibératif (Conseil général) comme à l'Exécutif (Conseil com-munal). Comme à Genève, quoi. Y'en a d'autres comme nous, et on en est bien contents. Allez, à dans un an, à Piogre.

Le 9 juin, à Genève (mais seulement à Genève, y'en a point comme nous), on a voté sur une modification de la constitution cantonale portant sur l’interdiction de l'exposition de «symboles de haine», en particulier de celle de signes nazis, dans l'espace public. Et on a voté "oui". Cette proposition avait été acceptée à la quasi unanimité du Grand Conseil, tous les groupes avaient voté pour, y compris l'UDC (c'était même un député UDC, Thomas Bläsi, qui avait fait la proposition). Un seul député avait voté contre: l'UDC Yves Nidegger. Mais le 18 mars, l'assemblée cantonale de l'UDC a désavoué ses élus au Grand Conseil et le parti appelait donc à refuser une loi proposée par l'un des siens et voté par tous les autres sauf un, Nidegger, qui, patelin, expliquait qu'il faut dire «non» parce que le droit fédéral règle déjà la question sur le fond. Alors que c'est précisément parce qu'il ne le règle pas que son collègue Bläsi a proposé de la régler dans le droit cantonal. Colère de la vice-présidente de l'UDC suisse, Céline Amaudruz, qui dénonce dans le refus de son parti de soutenir la loi «un acte irresponsable, vu la hausse des actes de violence en général et tout particulièrement antisémites». Un acte d'autant plus irresponsable qu'il réduit à néant les efforts de «dédiabolisation» façon Marine Le Pen qu'Amaudruz déploie depuis des années. Avant ça, trois membres de l'ancien groupuscule d'extrême-droite «Kalvingrad patriote» s'étaient  retrouvés ce printemps au tribunal, ayant fait appel de leur condam-nation à des peines pécuniaires avec sursis, pour discrimination raciale et incitation à la haine après avoir fait, cagoulés, des saluts nazis devant Uni Mail en 2019. Interdire les symboles de haine dans l'espace public, c'est bien. Mais comment on fait pour y interdire la connerie ?

Le «Brand Indicator», qui établit le classement des marques préférées des Suisses a rendu son verdict pour 2023. Vous l'attendiez avec une impatience confinant à la frénésie ? le voilà: en tête Migros (mais Spotify chez les moins de 30 ans), Coop est quatrième. Nike passe devant Adidas, Samsung devant Apple et 20 Minutes reste en tête dans la catégorie media. ça vous en bouche un coin, hein ?

Une nouvelle drogue a fait son apparition, encore timide mais inquiétante, à Genève : le Fentanyl, produit légal (comme d'ailleurs la plupart des drogues) mais terriblement addictif et potentiellement mortel. Et on s'en inquiète, et on   raison de s'en inquiéter. Mais pendant qu'on s'inquiète des effets de la consommation de l'apparition de nouvelles drogues, et de la persistance de celle de crack, on oublie que la drogue (au sens de substance addictive à effet psychotrope) la plus consommée et la plus nuisible, dans notre pays et notre canton comme les autres, n'est autre que l'alcool. Selon les statistiques du TCS, le nombre d'accidents de la route dus à l'alcool, en Suisse, est reparti à la hausse depuis la fin de la pandémie : 4558 accidents en 2022 contre 3815 en 2021, soit une hausse de 19 %. 2022 a été la pire année depuis dix ans pour les accidents graves (au nombre de 432) et d'entre eux les accidents mortels (25). Le nombre de retraits de permis dus à l'ébriété a augmenté de 23 % entre 2021 et 2022 et a atteint 13'043. Et c'est à Genève qu'on a enregistré le plus grand nombre d'accidents graves dus à l'alcool (1,04 accident pour 10'000 habitants). Santé , de Dieu de Dieu !

A Genève, on a une police du commerce et de lutte contre le travail au noir inventive : elle envoie des filles de moins de seize ans dans des bars, des bistrots et des restaurants pour commander à boire de l'alcool (la loi interdit de les servir), elle attend qu'elles reçoivent leur verre (mais pas qu'elles le boive, du moins on le suppose) puis débarque dans le troquet pour épingler les serveurs et les tenanciers. Du coup, les bistroquets se méfient et les serveurs demandent leur âge aux jouvencelles. Et pas aux jouvencaux ni aux vioques? âgisme détestable, c'est rien que de la discrimination. Que fait l'AVIVO ? 

Petites brèves en vrac :
- Une portion de l'auto-route A1, entre Payerne et Avenches, a servi de piste d'atterrissage des avions de combat FA 18. On sait pas ce qu'il y a de plus con qu'une autoroute, mais on sait ce qu'il y a d'encore plus con que des bagnoles à faire circuler dessus : des avions de combat.
- Le Conseil des Etats a voté un texte furibard et vindicatif dénonçant le verdict de la Cour européenne des droits de l'homme, condamnant la Suisse pour l'insuffisance de son action climatique. Ils doivent être contents, les sénateurs qui ont voté ce texte, ils ont montré leurs muscles (à défaut de leurs neurones). Mais ça change rien au fait que le jugement de la CEDH s'impose à la Suisse comme un jugement du Tribunal fédéral s'impose aux cantons : ça s'appelle la hiérarchie des normes de droit, et ça consiste en ce que le droit supérieur s'impose au droit inférieur -le droit international au droit national, le droit national au droit régional, le droit régional au droit local. Oualà, c'était notre minute de formation continue des zélus du peuple. On  reste à leur disposition.
- On a fait adopter (à l'unanimité, du Conseil municipal même que ça nous a inquiété, faudrait pas que ça se répète) une motion demandant à la Ville de s’opposer à la fermeture d'offices postaux par La Poste. Même le PLR l'a votée, la motion, après avoir fait mine de s'y opposer. Y'aurait pas des élections municipales bientôt, des fois ? Ah ouais...



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