Brèves de comptoir
Bon, c'est fait, les jeunes de moins de 25 ans
ont droit à la gratuité de leur abonnement des Transports
Publics Genevois, et les rentiers AVS et AI à une réduction de
moitié de son coût : les deux députés PLR contre la décision
du Grand Conseil d'accorder cette gratuité et cette réduction
ont renoncé à faire recours au Tribunal fédéral, après avoir
déjà été déboutés par la Cour de Justice genevoise. Faut dire
que comme ils n'avaient pas réussi à obtenir l'effet suspensif
de la décision parlementaire, la gratuité était entrée en
force le 1er janvier et au moins 25'000 abonnements gra-tuits
ont déjà été délivrés... Le premier recours était donc idiot,
le second l' aurait été encore plus : «il serait très
compliqué de dire aux gens qu'ils ont obtenu une chose à
laquelle ils n'avaient pas droit», a soupiré l'un des deux
députés. En effet, il aurait été plus simple d'accepter la
décision parlementaire et de ne pas recourir contre elle. Ou
alors de lancer un référendum, mais c'est fatigant de récolter
des signatures...
Les loyers n'ont cessé d'augmenter en Suisse depuis 2021 sur le «marché libre», du fait de la pénurie de logements, de la croissance démogra-phique, du vieillissement de la po-pulation. En cinq ans, les loyers pour les logements offerts sur le marché ont augmenté de 10,7% au plan national, de 12,8% à Genève (où les communes où ils ont le plus augmenté sont les communes résidentielles d'Anières et Vandouevres). En 2024, ils ont encore augmenté de 1,4% à Genève -une hausse rendue mesurée grâce à de grands projets de construction qui ont fait passer le taux de logements vacans de 0,38 % en 2022 à 0,46 % en 2024, toujours largement en dessous du taux minimal de 0,75 % nécessaire pour détendre un peu le marché... La socié-té de conseil en immobilier Wuest Partner attend tout de même encore une hausse des loyers de 1,9 % au plan national, de 1,7% dans l'arc léma-nique. Il restera donc toujours très difficile, si on pense déménager, de trouver un nouveau logement au loyer de l'ancien -d'où une tendance à rester dans des logements trop grands pour ne pas avoir à payer des loyers plus élevés, même pour des logements plus petits. Bon, ben on va garder notre six pièces pour nous tout seul, nous (pluriel de majesté)...
Le Conseil municipal de Genève a
accepté une motion verte de-mandant au Conseil administratif
d'étudier la création d'une caisse alimentaire assurant
concrètemen, pour celles et ceux qui en ont besoin, leur droit
consti-tutionnel à «une alimentation adéquate ainsi que d'être
à l'abri de la faim». La gauche unanime a voté la motion, la
droite s'est abstenue (sauf l'UDC, qui a voté contre). Le
droit à l'alimentation est reconnu par les textes
internationaux ratifiés par la Suisse (la Déclaration
universelle des droits de l'Homme, le Pacte international
relatif aux droits économiques, sociaux et culturels), et par
la Constitution genevoise, depuis que le peuple de la
République a inscrit dans sa Constitution un article 38A, qui
proclame que «toute personne a droit à une ali-mentation
adéquate ainsi que d'être à l'abri de la faim». Un droit dont
la maté-rialisation souffre, comme celle de tous les droits
fondamentaux, des inégalités sociales et des crises. La
question est donc double: comment matérialiser le droit
proclamé et qu'entend-on par «alimentation adéquate» ?
La motion suggère une réponse à ces deux questions, sur le
modèle (à adapter) mis en oeuvre à Montpellier : une caisse
alimentaire reposant sur des lieux de distribution existants
faisant réseau, et répondant à des critères de qualité des
produits, de proximité de production et de solidarité de
financement. Et ce qui est possible à Montpellier peut l'être
à Genève, les deux villes sont de taille comparable, en plus
d'avoir une histoire huguenote commune, ceci dit pour répondre
à l'udéciste qui se demandait pourquoi on choisissait
Montpellier et pas Perpignan ou Carcassone. De toute façon,
n'en déplaise à Dali, le centre du monde, ce n'est pas la gare
de Perpignan, c'est l'Hôtel de Ville de Genève.
14'000 personnes ont eu recours à l'aide alimentaire à Genève
en 2022. C'était 2000 de plus en un an, et on doute que ce
chiffre ait baissé depuis. Cette aide est apportée à des
personnes et des ménages dont le budget alimentaire est réduit
par les dépenses contraintes (l'assurance-maladie, le loyer,
notamment) et qui sont con-damnées à mal manger par manque de
moyens de bien manger, et elle est actuellement apportée par
la distribution de produits qui soit proviennent d'ailleurs
que de l'espace genevois, soit de la grande distribution
(Migros, Coop et autres).
Nous ne voulons plus que l'aide alimentaire dépende des mêmes
gros acteurs économiques qui dominent les circuits de
production et de distribution. Nous voulons créer un circuit
de distribution basé le plus largement possible sur la
production régionale et des lieux existants, dont on
élargirait le public.
Nous ne voulons plus que les personnes qui aient besoin d'une
aide alimentaire soient contraintes de se mal nourrir pour
pouvoir se nourrir. Nous voulons qu'elles aient
matériellement, financièrement, accès une alimentation saine,
et que cet accès soit assuré par un financement fondé non
seulement sur une subvention publique, mais aussi sur une
cotisation solidaire.
Et rien de tout cela ne remet en cause les modes actuels
d'aide alimentaire. Et tout cela tient en deux mots : la
solidarité face à l'urgence sociale, et la responsabilité face
à l'urgence environnementale. Et face à tout cela, la réponse
de la droite, ce fut l'abstention, ou de la part de l'UDC), le
renvoi à la création en 1536 de l'Hospice Général. «Choisis
ton camp, citoyen» ? Ben non, c'est trop dur.
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