Ce que tu disais, autrefois

Si j'ai trop grande faim
c'est d'avoir gardé le goût de l'aube
c'est d'ignorer les allégeances
des amours mortes que l'on traîne
fardées,
insignifiantes,
morales

Je suis dans le ruisseau
d'où sourdent les rats
et d'où l'on voit passer d'élégantes fadeurs
ivres d'ennui, entêtées de vide.

Ils lèvent haut leurs longues mains suicides
leurs regards chevauchent les ivresses
quand votre musique même est oublieuse
et ne chante plus que le calme.
Chevaliers aux armures matelassées de satin
aux séants confortables
vous êtes réduits à des tournois financiers
et des joutes de conformismes
Vous croyez régner et ne faites que suivre
ceux qui marchent dans l'ombre que vous fuyez.

Nous avons exilé nos ambitions
dans des taillis sertis de potences et pavés d'incendies
Nous avons repris nos béquilles de rêves
pour cheminer au long de vos grises autoroutes.
Nous avons tendu nos mains à la nostalgie
de sombres et joyeuses déroutes
Nous avons fait don de nos faims
et nous sommes parés de nos manques.
Nous avons perdu le pouvoir de vouloir
en croyant vouloir le pouvoir.
Tendre la joue ou tendre la main
recueillir le baiser sec de la pitié
en attendant le jour de déchirure
le jour de colère sans meurtrissure.
Faibles sommes nous qui nous voulions purs
enfants casqués d'éternité
qui se rêvaient libres et refusaient la liberté
et bientôt vieillards n'en pouvant plus que le regret.
Il est nôtre l'homme heureux
seul et tendre
doux et furieux.

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