« Intégration » des métèques et génitoires indigènes : Certification AOC et importation

Au Parlement fédéral,  le Conseil des Etats a proposé au Conseil national un « compromis» à propos de la loi sur la nationalité: le Conseil national veut considérablement durcir les conditions d’obtention de la nationalité suisse par des étrangers, le Conseil des Etats est d’accord de les durcir un peu, mais pas trop. Les deux chambres sont notamment d’accord sur l’obligation faite aux candidats à la naturalisation de savoir communiquer oralement et par écrit dans une langue nationale. Contrairement à pas mal d’indigènes à qui rien de ce genre n’est demandé : l’heur d’être sorti de génitoires helvétique suffit à leur AOC quand le métèque doit prouver qu’il est digne d’être une sorte d’indigène au mérite -et encore ne doit-il, pas trop se prendre pour l’égal des produits du terroir : on lui rappellera alors qu’il n’est au fond qu’un demi-Suisse, comme ne se firent pas faute de le rappeler récemment à quelques élues municipales genevoises (de gauche, forcément) quelques représentants de l’extrême-droite.

Pis d'abord, moi aussi, je veux qu’on vérifie si je suis bien intégré !

Il faut bien dire qu’il y a dans toute cette histoire de durcissement des critères (et de renforcement de leur vérification) mesurant l'« intégration » des candidats à la nationalité suisse à la Suisse, ses us, ses coutumes, ses lois et ses doctrines,  une inégalité fort vexante pour nous, indigènes de souche : On ne s’intéresse qu’à l’« intégration » des immigrants étrangers, jamais à la nôtre. Alors quoi ? personne ne se préoccupe de notre degré d’intégration à nous? On ne mérite pas cette belle attention? On s’en fout, de notre socialisation helvétique? Parce qu’enfin, c’est pas parce qu’on a, pour prendre un exemple au hasard, été élu conseiller municipal et qu’on est membre d’un parti gouvernemental (ce n’est d’ailleurs de notre faute ni dans un cas, ni dans l’autre...) qu’on est forcément bien intégré. On a pu se glisser frauduleusement dans ces deux cénacles, se faire passer pour ce qu’on est pas, dissimuler sournoisement de noires intentions et de sombres incompatibilités de culture et de mœurs politiques derrière une apparence de conformité aux us et coutumes de la tribu. Et personne ne s’en inquiète ? Coupable négligence...

On pourrait se satisfaire de cette situation, puisqu’elle nous privilégie sans que nous n’ayons rien fait pour mériter ce privilège (à supposer qu’un privilège pût se mériter). Mais voilà : nous, à gauche, on croit au principe d’égalité. Il nous semble même être le principe cardinal de tout projet de gauche, et que c’est ce principe qui distingue la gauche et la droite. Alors on ne voit pas pourquoi il faudrait que soit vérifiée, de quelque manière que ce soit, la capacité d’intégration de nos voisins, de nos copains, de nos semblables et pas la nôtre. Nous aussi, on a droit d’être scrutés, soupesés, évalués, disséqués vivants. Nous aussi, on a le droit de devoir prouver qu’on jaspine bien frouze (ou tudesque, ou rital, ou le bas latin germanisé que quelques  rupestres s’obstinent à parler dans quelques vallées reculées des Grisons).

Et puis, puisqu’il s’agit d’intégration, et de la mesure de cette intégration, et des critères de cette mesure, on pourrait, innocemment (eh oui, on est innocent, forcément, puisqu’on est Suisse de souche...) demander à nos « faiseurs de Suisses » qui est le plus profondément intégré dans la société d’ici, des 7000 employées de maison qui travaillent à Genève sans autorisation de séjour, parfois onze heures par jour pour des salaires de misère, sans aucune frontière entre leur vie professionnelle et leur vie privée, et ceux qui, lorsqu’on réclame la régularisation de ces «sans-papiers», la refusent, comme l’UDC, « pour ne pas créer un appel d’air » (il serait pourtant bienvenu, tant il nous semble qu’on commence sérieusement à manquer d’air, dans ce pays),  ou demandent, comme le MCG, qu’on vérifie d’abord si ces métèques illégales « n’occupent pas des emplois qui pourraient être octroyés à des Genevois ».
Dont on sait qu’ils sont en effet des milliers à vouloir travailler 70 heures par semaine pour 1500 balles par mois.

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