Brève


On les avaient oubliés dans un coin, vu le retard avec lequel ils avaient été rendus publics, mais on a relu avec une certaine satisfaction les résultats détaillés, par listes, de l'élection du Procureur Général de Genève, qui avait vu s'affronter le candidat de toute la droite et du Palais de Justice, le procureur sortant Olivier Jornot, et Pierre Bayenet, le candidat de cette partie de la gauche qui ne se résignait pas à laisser passer l'occasion de cette élection sans engager le débat et assumer la mise en cause de la politique pénale et carcérale menée à Piogre. Rappelons donc qu'alors que les bons esprits prédisaient un écrasement de Pierre Bayenet par Olivier Jornot, le premier, en ne bénéficiant du soutien ni du PS ni des Verts, mais seulement de listes socialistes et vertes dissidentes, avait réussi à obtenir plus de la moitié des suffrages obtenus par le second, et donc plus du tiers des voix. Autrement dit : sans le soutien ni du PS ni des Verts, mais seulement d'Ensemble à Gauche (si l'on s'en tient aux formations politiques) et de dissidents socialistes et verts, Pierre Bayenet a, en pourcentage de l'électorat, fait mieux (avec 28'073 voix contre 53'482 à Jornot) que les trois listes de gauche lors de l'élection du Grand Conseil.
Dans le détail des listes, on observe en outre qu'au total, c'est la liste de son comité unitaire de soutien qui a apporté le plus de suffrages à Pierre Bayenet (5977), suivie de la liste verte dissidente (5405), qui fait donc mieux que la liste d'Ensemble à Gauche (5261), laquelle est suivie de la liste socialiste dissidente (3976), de la liste proche de l'Avivo (3662) et de la liste syndicale (2354).
Dans la plupart des locaux des villes et de la Ville de Genève, la liste verte dissidente, voire (comme à Vernier, Bernex, Chêne-Bougeries, Onex et Vernier) la liste socialiste dissidente, font mieux que la liste EàG, voire que la liste du comité de soutien unitaire; à Bernex et Versoix, et chez les Suisses de l'étranger, c'est la liste écolo de gauche qui amène le plus de suffrages à Pierre Bayenet; à Carouge, c'est la liste Ensemble à Gauche; à Chêne-Bougeries, au Grand-Saconnex, à Lancy, Onex, Thônex, Vernier et Veyrier c'est la liste du comité de soutien; à Meyrin c'est la liste « défense des aînés ».
En Ville de Genève, la liste Ensemble à Gauche sort en tête des listes de gauche dans la plupart des locaux (Pâquis, de Saint-Gervais, de Prairie-Délices, Cluse-Roseraie, Acacias, Mail-Jonction, Servette Grand-Pré, Saint-Jean, Cropettes-Vidollet, Vieusseux et Champel ) et est à égalité avec celle du comité de soutien aux Eaux-Vives lac. La liste du comité de soutien sort en tête des suffrages pour Pierre Bayenet dans les locaux de Cité-Rive, Eaux-Vives Frontenex, Florissant-Malagnou, Prieuré-Sécheron, Les Crêts.
Au total, en Ville de Genève, Pierre Bayenet obtient 11'642 suffrages contre les 16'759 d'Olivier Jornot. Il est donc permis de supposer qu'un soutien officiel du PS et des Verts lui auraient permis de dépasser Jornot en Ville : sur ses 11'642 suffrages, Pierre Bayenet en a en effet obtenu respectivement 2053 et 1643 sur les listes dissidentes verte et socialiste (2628 sur la liste d'Ensemble à Gauche). L'appui officiel des deux partis défaillants lui aurait certainement ammené les 5000 électeurs manquants...
Vous tirerez de ces résultats les conclusions que vous voudrez, on se contentera ici de n'en tirer que trois :
1. Quand la gauche obtient, sans le soutien de ses deux principaux partis, un résultat équivalent à celui qu'elle obtient avec ce soutien, et que l'absence de ce soutien lui fait probablement perdre une majorité en Ville de Genève, ces deux partis ont quelques questions à se poser (et quelques réponses, si possible intelligentes, à se donner) sur leur légitimité politique...
2. Quand Ensemble à Gauche obtient d'aussi bons résultats dans des villes (les communes de plus de 10'000 habitants) où elle est absente, sauf à Carouge, des conseils municipaux et, a fortiori, des conseils administratifs, cette coalition a quelques questions à se poser (et quelques réponses, si possibles intelligents, à se donner) sur son implantation politique dans les quartiers les plus «populaires» du canton...
3. Unis on peut gagner. Désunis, on ne peut pas.
Bon, nous, on vous dit ça comme ça, hein, y'a pas d'arrière-pensée prélectorale. Non, y'a pas. Y'a jamais, C'est pas notre genre.

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