Pakistan : quand la lutte syndicale est considérée comme du « terrorisme »


    

Nécessaire solidarité internationale

Au Pakistan, être militant-e syndical-e, c'est non seulement être victime de pressions de toutes natures, mais aussi de violences, de déni de justice, être traîné devant les tribunaux sous l'accusation délirante de violer une loi antiterroriste. Les organisations syndicales sont déclarées illégales, les actions syndicales sont criminalisées. Un soutien international, politique et matériel, leur est donc nécessaire, et est nécessaire aux militantes et militants syndicaux victimes de cette répression multiforme et permanente. C'est à ce soutien qu'appelle le SOLIFONDS : répondez-y   !
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« Ce qui n'est pas peuple est si peu de chose que ce n'est pas la peine de le compter » (Rousseau)

Des syndicalistes considérés comme des terroristes et des revendications salariales comme des tentatives d'extorsion, des syndicats « illégalisés »  sous des prétextes fallacieux, des casseurs lancés contres des militants, des enquêtes policières et des procédures judiciaires farcies d'illégalités par des policiers et des juges corrompus : le Pakistan est ce petit paradis patronal où 90 % des entreprises fonctionnent sans y être autorisées légalement, où moins de 5 % des ouvrières et ouvriers peuvent espérer (sans en être sûrs) toucher une retraite parce qu'ils sont légalement embauchés par leur employeur réel -les 90 % d'autres sont employés dans le secteur informel, engagés sans contrat par des intermédiaires et travaillent dans des conditions indescriptibles, souvent sept jours par semaine, comme dans des milliers d'usines textiles. Ouvrières et ouvriers du textile pakistanais n'en sont pas pour autant résignés à subir cette situation moyenâgeuse : travaillant à domicile ou en usine, elles et ils tentent de s'organiser pour faire respecter les lois et obtenir des salaires leur permettant de vivre -du coup s'abat sur eux et leurs organisations une répression exercée au nom de la loi antiterroriste.

Au Pakistan, où le travail à domicile reste l'une des pires formes d'externalisation du travail, le salaire aux pièces ne suffit pas pour vivre. Les ouvrières à domicile tentent dès lors de s'organiser, de faire reconnaître leur droit à le faire et de faire respecter leurs droits de travailleuses -à tout le moins, de faire respecter les lois en vigueur. Et cela ne vaut pas que pour les travailleuses à domicile, cela vaut aussi pour les ouvrières et ouvriers d'usine : en travaillant 12 heures par jours, sept jours sur sept, un ouvrier non qualifié du Pendjab ne touche en un mois que la moitié (6000 roupies) du salaire minimum légal (13'000 roupies, soit environ 113 francs suisses). Lorsqu'en 2010 une hausse du salaire minimum a été annoncée, les ouvriers tisserands de Faisalabad, le «Manchester pakistanais», ont attendu en vain que cette hausse se traduise dans les faits puis, las d'attendre, ont organisé une journée d'action, le 20 juillet, lors de laquelle tous les tissages sont restée fermés. Dans l'une des usines, le patron a contraint les ouvriers à se présenter sur leurs lieux de travail, les y a enfermés, a tiré et fait tirer sur eux, puis a invoqué contre eux la loi « antiterroriste », au nom de laquelle quatorze syndicalistes ont été condamnés au total à un demi-millénaire de prison. Le recours lancé par le Labour Qomi Movement n'a pas été examiné par la justice et les syndicalistes croupissent en prison, certains depuis cinq ans. A Karachi, douze syndicalistes du textile ont fait l'objet de plaintes au prétexte de la loi « antiterroriste » après avoir été torturés pour le crime de s'être syndiqués. Une vaste campagne de solidarité a permis leur libération après qu'un tribunal ait constaté que les « preuves » invoquées contre eux avaient été fabriquées pour les accabler, mais les patrons ont recouru contre cette libération. Et les tisserands ne sont pas les seuls à encourir les foudres de la « justice » lorsqu'ils manifestent leur volonté de s'organiser : le syndicats des ouvriers des chantiers navals de Karachi a été purement et simplement interdit sous le régime du président Musharaf et lutte pour retrouver la légalité, après que le chantier naval ait placé sous contrôle militaire pour casser le syndicat.

Au Pakistan comme ailleurs, les droits syndicaux sont d'autant plus fondamentaux lorsque les syndicats sont, sur le terrain, dans la société, la seule opposition réelle aux pouvoirs (politiques, religieux, économiques) en place. Les conditions dans lesquelles les syndicats d'un pays luttent sont donc un indicateur fidèle de l'état des libertés dans ce pays -et au Pakistan, le diagnostic que l'on peut tirer de la situation des syndicats est sans appel : ils ont non seulement à se battre pour faire leur travail de syndicats, mais ils ont d'abord à se battre pour pouvoir même exister -et la solidarité internationale, dans ce combat est nécessaire. Répondons donc à l'appel du SOLIFONDS : 
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