Brèves de comptoir

Ouf ! Griselidis aura sa pierre tombale. La courtisane, peintre et écrivaine genevoise, qui repose au Panthéon local (le Cimetière des Rois), pas loin de Jean Calvin, n'avait jusqu'à présent qu'une tombe aussi austère que celle de son illustre voisin, parce que le Conseil administratif de la Ville avait refusé par deux fois le projet de stèle du sculpteur Jo Fontaine (un disque de pierre représentant un sexe féminin stylisé au point d'en devenir abstrait). Il a fini par l'accepter (sous une forme légèrement réduite). Et il a bien fait : c'est pas le projet qui passait pour choquant, c'est la Municipalité qui passait pour stupide. Idiote. Dans une ville où un bordel peut placarder des affiches publicitaires vantant la pipe à cent balles, c'était assez... comment dire... assez con... Oh pardon... Allez, on va s'écouter « le blason » de Brassens...

L'église protestante de Genève envisage d'abandonner son  siège historique, dans la Vieille Ville, rue du Cloïtre, là où en 1536 les Genevois ont adhéré à la Réforme. La Maison Mallet où est installée l'administration de l'EPG, pourrait être louée pour amener des sous à l'église, qui crie famine et dont les budgets et les comptes sont dans le rouge (avec un déficit annuel de un à trois millions de francs ces dernières années). Une majorité du Consistoire (l'assemblée décisionnaire de l'église) est favorable à cette solution, et à la rentabilisation du patrimoine immobilier de l'EPG. De toute façon, hein, l'argent n'a pas d'odeur. Et on a bien relu Max Weber, « l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme ». En plus, maintenant, on peut transformer facilement des bureaux (même ceux d'une église) en logement. D'ailleurs, Zacharias, c'est un prophète biblique. Même que c'est lui qui a dit «demandez de la pluie au Seigneur en l'arrière saison : le Seigneur, qui fait les nuées, vous donnera de la pluie et à chacun  de l'herbe ès champs »  (Zacharias X.1, dans la traduction de Castellion). Y'a plus qu'à remplacer la pluie par des sous...

« Quiconque commet un acte de violence criminelle visant à intimider une population ou à contraindre un Etat ou une organisation internationale à accomplir un acte quelconque sera puni d'une peine privative de liberté d'un an au moins » , voire de dix ans au moins si l'acte de violence criminelle en question « a provoqué ou était destiné à provoquer les blessures ou la mort d'un  grand nombre de personnes » : c'est ce que propose, pour modifier le groupe pénal, le Conseiller national PLR Christian Lüscher. Qui ne s'occupe donc pas seulement des saucisses des shops des autoroutes, mais aussi du terrorisme international. Du moins quand il n'est pas le fait d'un Etat. Parce qu'il faudrait bien lui rappeler, au Roi de la Saucisse, que depuis que le terrorisme et l'Etat existent, c'est bien l'Etat qui est le premier, et le pire, terroriste. Même au sens de la définition qu'en donne l'initiative parlementaire de Lüscher : « intimider une population ou contraindre un (autre) Etat une organisation internationale à accomplir un acte quelconque ». Voila, c'était notre rubrique de formation continue des élus du peuple. 

Sur les deux objets fédéraux soumis au vote dimanche dernier et sur l'objet cantonal genevois qui nous importaient le plus, les bourses d'études,  l'imposition des héritages et les bureaux transformés en logement,  on s'est donc pris trois baffes. On vous dit pas ça pour retourner le couteau dans la plaie, mais pour relever tout de même un résultat qui nous est agréable : Au Tessin, les électrices et teurs ont accepté l'instauration d'un salaire minimum légal. Le Tessin sera ainsi, après le Jura et Neuchâtel, le troisième canton à faire ce pas (qu'il avait encore refusé l'année dernière lors du vote fédéral sur l'initiative syndicale instaurant précisément un salaire minimum). ça console pas des trois défaites évoquées plus haut ? Non. Mais ça les nuance : ça signifie que perdre une fois, ce n'est pas perdre à jamais. Et on scande toutes et tous « ce-n'est-qu'un-début- continuons-le-combat » ...

Dimanche, la facilitation version MCG de la transformation de bureaux en logements (pouvant être retransformés en bureaux quand les propriétaires y trouveront intérêt) a été acceptée à plus de 75 % à Cologny et Corsier, et à près de 80 % à Vandoeuvres. Y'a beaucoup de bureaux vides et de demandeurs de logements, dans ces parcs à bourges ?

En revanche, aux Pâquis, aux Délices, à Plainpalais, à la Jonction, à Saint Gervais, à la Servette, à Sécheron, à Saint-Jean et aux Grottes, c'est-à-dire dans la majorité des locaux de la Ville de Genève, l'arnaque de Zacharias a été refusée (à plus de 58 % à Mail-Jonction). Seulement voilà : comme la participation au vote a été plus faible, les locaux de droite ont majorisé (51%) les locaux de gauche, pourtant plus peuplés...

Dans l'arrondissement électoral de Cité-Rive (la Vieille-Ville et alentours), plus de 62 % des votants ont approuvé la facilitation de la transformation de bureaux en logements. Vu le nombre considérable de bureaux dans le coin, on ne doute pas qu'à lui seul, cet arrondissement va résoudre la crise du logement dans le canton. Si, si. D'ailleurs, il est déjà prévu de transformer la salle des séances du Grand Conseil et du Conseil Municipal en loft. On est candidat à la location. Mais le premier qui essaie de le squatter, notre loft, on lui déchire sa chemise de nuit au squatter. Non mais.


   

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