Fonds de tiroir


On l'avait oubliée, mais une enquête pour tentative de fraude électorale avait été ouverte contre une candidate du MCG (dénoncée par son propre parti, et virée de la liste) à l'élection du Grand Conseil : elle avait tenté de vendre des voix à un autre candidat du parti (500 balles pour dix bulletins).  Prise quasiment sur le fait (la police lui avait tendu un piège), interpellée, perquisitionnée et interrogée, elle est apparue comme une affabulatrice ou une  mytho-mane, et le Ministère public avait envisagé d'abandonner toute charge contre elle. Sauf que l'ex-candidate avait expliqué que son arnaque s'inspirait d'un réseau existant réellement de trafic de bulletins de vote, au sein de la communauté kosovare. Du coup, le Ministère public décide de poursuivre l'enquête et la police interroge deux personnes dénoncées par l'ex-candidate. Ils nient tout ce qui leur est reproché et annoncent vouloir déposer plainte contre leur dénonciatrice. Et main-tenant, alors, on en est où ? Mystère et boule de gomme, mais une histoire foireuse qui commence par une tentative d'arnaque montée par une affabulatrice, continue par un traquenard monté par la police et des dénonciations par l'affabulatrice ça ne pouvait naître qu'au MCG...

L'évêché de Fribourg (surtout), Lausanne et Genève est inquiet : il lui manquait, avant que le pape n'arrive à Genève, un million sur les deux et demi nécessaires pour financer la visite de François, et lance donc un appel aux dons. C'est qu'il a beau avoir pris comme nom celui du Saint des pauvres, François d'Assises, il est pas gratuit comme invité, le Fanfoué. D'ailleurs, il est pas franciscain, il est jésuite...

Hourrah (trois fois) : on a retrouvé le DIP. Notre bon vieux Département de l'Instruction Publique, quoi. La Conseillère d'Etat Anne Emery-Torracinta, qui l'avait rebaptisé «Département de la formation et de la jeunesse», a décidé, vu les nombreuses protestations que ce changement de nom avait suscitées,  de lui redonner son nom historique (non sans le faire suivre toujours de «la formation et la jeunesse», mais ça mange pas de pain complet, l'important c'était qu'on retrouve le DIP). Et on attend évidemment que ceux qui se sont battus pour que le DIP revienne se battent pour qu'il ait le budget qui lui est nécessaire. Bon, ben maintenant, on passe à Maudet et on lui demande de redonner à son Département de la Sécurité son bon vieux nom de Département de Justice et Police. Surtout qu'il risque d'avoir à faire avec la Justice et que les syndicats de la police l'ont à l'oeil... Comme ça, après avoir ressuscité André Chavanne, on ressuscitera aussi Henri Schmitt et Guy Fontanet...

Il aura pas attendu longtemps pour se rappeler à notre bon souvenir, Lulu : 12 jours après avoir laissé son département à son collègue de parti Serge Dal Busco, Luc Barthassat (qui contrairement à Dal Busco n'avait pas été réélu) a dénoncél la décision de son successeur de mettre fin  à un test idiot d'ouverture des voies de bus aux motos, sur le route des Jeunes. « Ce n'est pas parce que je suis plus Conseiller d'Etat que je dois me taire», a déclaré Lulu. Il a raison, ses interventions nous manqueraient s'il se la conçait. Surtout si c'est pour tacler un  PDC. « Il ne faudrait pas que Luc Barthassat réagisse à chaque fois » qu'une de ses idées géniales est révoqués, a soupiré le président du PDC. Ben, pourquoi pas ?

Comme on le sait (ou devrait le savoir), le régime syrien a utilisé du gaz sarin contre des villages rebelles, en 2013, ce qui avait conduit son grand parrain, la Russie, a accepter que soit imposé à son  filleul, Bachar el Assad, la destruction de ses réserves de produits nécessaires à la fabrication du gaz sarin. Parmi ces produits, il y a l'isopropanol. Et qu'est-ce qu'on apprend ? Qu'une entreprise suisse a exporté de l'isopropanol en Syrie, en 2014. Un an après la destruction des stocks sous pression internationale. Donc quand la « communauté interna-tionale » réussit à imposer à la Syrie la destruction des stocks de produits nécessaires à la fabrication d'une saloperie utilisée pour gazer des civils, la Suisse aide ensuite Bachar à reconstituer les stocks. Ignace va sûrement nous expliquer que c'est de la coopération au développement.

On se souvient qu'au Conseil national, lors du débat sur une motion socialiste demandant qu'au cas où les Valaisans accepteraient d'être candidats à l'organisation des JO d'hiver 2026, le projet soit soumis à un vote national puisque la Confédération prévoyait d'accorder une garantie de déficit d'un milliard de francs aux organisateurs, une démochrétienne valaisanne avait plaidé pour qu'on « laisse une chance au Comité international olympique » qui défend désormais les principes du développement durable, l'auteure de la motion, la socialiste grisonne Silva Semadeni, avait rappelé que le CIO avait choisi une ville où il ne neige quasiment jamais, Pékin, pour organiser les JO d'hiver 2022. Et alors ? Avec le réchauffement de la planète, des villes sans neige, y'aura plus que ça, faut commencer à s'adapter. Durablement. D'ailleurs, Pour les JO d'hiver 2030, les villes de Bamako, Ouagadougou et Tamanrasset envisagent d'être candidates. Les courses de ski peuvent bien se faire sur des dunes de sable, non ?

Justice genevoise, terre de contraste : le Ministère public est incarné par un Procureur général issu du PLR, Olivier Jornot. Qui doit enquêter sur le voyage « privé » du Conseiller d'Etat PLR Pierre Maudet, aujourd' hui président du Conseil d'Etat, mais dénoncé le 21 août 2017 au Procureur par un inspecteur de la Brigade financière de la police genevoise, dont Pierre Maudet est toujours le ministre de tutelle. Un Procureur PLR menant une enquête sur un Ministre-président PLR, ça aurait pu faire « république bananière », comme dirait le MCG. Alors le Procureur général s'est adjoint deux procureurs colonels  : Yves Bertossa et Stéphane Grodecki (qui dirigera la procédure). Deux socialistes. La procédure est ouverte contre inconnu (on serait Maudet, on serait vexés) pour acceptation d'un avantage (le désormais fameux voyage à Abu Dhabi, payé par des privés). Maudet et son chef de cabinet, Patrick Baud-Lavigne, ne sont dans cette pro-cédure que des « personnes appelées à donner des renseignements ». Sur elles-mêmes ? Et si la procédure aboutit à supposer que l'« affaire » est autre chose qu'une imprudence, pour ne pas écrire une connerie, du ministre et de son chef de cabinet, et qu'elle est porteuse d'une infraction pénale, il faudra que le Ministère public saisisse le parlement cantonal (qui en délibérera à huis-clos) d'une autori-sation de poursuite, c'est à dire d'une levée d'immunité, visant le Président du gouvernement. On sent que cette histoire va nous distraire encore un moment. Nous distraire, pas nous passionner. C'est déjà ça, non ?

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