Fonds de tiroir


Ils réclament une revalorisation de leurs salaires, puisque leurs com-pétences (et donc leur charge de travail) ont été revalorisées : lundi 25 février, les policiers municipaux de la Ville de Genève ont débrayé pendant deux heures. Mais personne ne s'en est aperçu. De mauvais esprits en déduiraient qu'elle ne sert à rien, la police municipale. D'autres (l'UDC) ont sauté sur l'occasion pour ressusciter leur revendication de l'armer.  C'est vrai que ça rendrait leurss piquets de grève plus dissuasifs. Et nous, on a toujours rêvé d'un affrontement entre la police municipale et la police cantonale. Mais on a des fois des rêves pas racontables.

Le groupe PLR du Conseil muni-cipal de la capitale mondiale du monde mondial a eu une idée géniale (faut dire qu'il les accumule): il va proposer d'inscrire dans le règlement du Conseil une disposition stipulant qu'« en séance plénière, l'expression des élues et des élus est exclusivement orale ». Ce refus de l'expressivité anale peut-il être compris comme une mesure discriminatoire à l'encontre du MCG ? Et ce refus du mutisme comme une volonté de se débarrasser des élues et des élus dont en une législature on n'a pas entendu le son de la voix ? Ou d'empêcher des muets et des muettes de siéger au Conseil municipal ? Ou plus simplement comme une ânerie de plus du PLR de la Ville de Genève ?

Selon une enquête de l'Office fédéral de la statistique, 59 % des habitants de la Suisse considèrent que le racisme est un problème social important et que les mesures destinées à lutter contre le racisme sont adaptées. Néanmoins, un tiers (34 %, en baisse de deux points depuis 2016)) des personnes interrogées admettent pouvoir être dérangées, et 7 % admettent l'être, par une différence de nationalité, de religion ou de couleur de peau. Pour la taille, la forme du nez, la couleur des cheveux ou le poids, on n'a pas posé la question. 21 % des personnes interrogées se déclarent dérangées par des modes de vie différents des leur (par exemple le nomadisme). 55% des sondés pensent que l'intégration des étrangers fonctionne bien, et une majorité est favorable à l'octroi de plus de droits pour les étrangers : 61 % sont favorables au regroupement favorable et 57 % à la naturalisation automatique des enfants de la 2ème génération issue de l'immigration. Bon, tout ça est bien beau, mais on a comme un doute, sachant que le racisme ne s'avoue pas facilement : est-ce que les réponses données par les personnes interrogées sont tout à fait sincères ? Parce qu'alors, on s'expliquerait mal le succès de récentes initiatives xénophobes et/ou discriminatoires... Seulement 7 % d'habitantes et d'habitants de ce pays dérangés par une religion différente, mais une majorité pour interdire les minarets? C'est pas très cohérent... Mais s'agissant de religion, la cohérence n'est évidemment pas un critère déterminant...

On va recevoir sous peu le matériel de vote (bulletin, carte de vote, brochure) pour le 19 mai. Et on nous annonce que vu le nombre des objets soumis à notre sagacité, la brochure fera 200 pages et que le matériel de vote devra être envoyé dans deux enveloppes distinctes. Bon, c'est pas grave, tout ça se résumera à quelques «oui» et «non», au bout du compte. Et dire que nos voisins français se demandent s'ils seront capables de gérer les «référendums d'initiative citoyen-ne»... c'est qu'une question d'habitude, les gars...

A Genève, à la gauche de la gauche, l'annonce de Rémy Pagani de ne pas se représenter pour un quatrième mandat à l'Exécutif municipal a donné lieu à un bel échange entre les deux principales composantes de la coalition « Ensemble à Gauche ». Evoquant la décision du Parti du Travail de soutenir la candidature de la Conseillère municipale Maria Pérez à la succession de Rémy Pagani, solidaritéS (dont deux députés ont aussi fait part de leur candidature à la candidature) a fait la moue (mais pas encore la guerre) en accusant « certains élus » (non désignés) du Parti du Travail de « remettre en cause l'accueil inconditionnel des migrants, que nous défendons ». Le Parti du Travail répond en s'insurgeant « contre la malhonnêteté du procédé, qui, sur la base d’accusations pour le moins non définies, vise à créer l’amalgame et jeter, de manière calomnieuse, un soupçon de xénophobie sur notre Parti », prend « note que solidaritéS a décidé de nous attaquer par presse interposée », et assure qu'il en tiendra « compte pour l’avenir ». Lequel est, comme toujours, forcément radieux pour l'unité de la gauche de la gauche.

On a reçu copie d'un arrêté du Conseil d'Etat qui nous a mis de fort bonne humeur : il annule partiellement une délibération du Conseil municipal, prise le 5 décembre dernier, et qui modifiait le statut du personnel de la Ville (sans consulter ledit personnel ni ses syndicats), mais de telle manière que la délibération en devenait parfaitement inapplicable. On vous résume l'épisode, jouissif :
Le 4 décembre, la droite déposait un projet de modification du statut du personnel, réduisant de moitié l'indexation des salaires. En deuxième débat, sa proposition a été acceptée. Un troisième débat a été demandé et obtenu, pour reprendre toute la discussion. Sept amendements ont alors été déposés par la gauche et un huitième par le MCG. Le premier amendement déposé par la gauche a été accepté (ce qui a permis de retirer les six autres): il soumet toute réduction de l'indexation des salaires à un accord avec les organisations représen-tatives du personnel. L'amendement du MCG, qui devait atténuer l'effet du premier amendement de la droite, a aussi été accepté : il rend possible le versement au personnel d'une partie de l'excédent des comptes de 2018. Furieux de l'acceptation de l'amendement de la gauche, le PLR dépose alors, mais en pleine procédure de vote, un nouvel amen-dement stipulant que l'indexation des salaires peut être limitée sans l'accord des représentants du personnel, alors qu'on venait précisément de décider du contraire. Et finalement, toute la délibération a été acceptée -avec les deux amendements régulièrement votés, et même l'amendement foutraque du PLR. Le Conseil d'Etat constatant que cet amendement là (celui du PLR, donc) violait le règlement du Conseil municipal, l'a donc annulé. Et au bout du compte, alors que la droite voulait péjorer le statut du personnel, on s'est retrouvé avec un statut modifié qui empêche toute péjoration, et qui en plus accorde au personnel le droit supplémentaire de recevoir une partie des excédents de revenus de la Ville. Moralité (ouais, y'en a une) : quand on est minoritaires, on peut toujours compter sur les conneries de la majorité pour gagner.

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