40 ans de militantisme consacrés -mais le dopage cantonal aussi


Genf ferraille

Mercredi soir, aux Pâquis, 40 ans de militantisme ont été consacrés. Il y a deux consécrations possibles à Genève pour un engagement politique : une place au cimetière des Rois, ou une Genferei. La seconde étant d'ailleurs un bon argument pour pour pouvoir revendiquer la première. J'y puis donc songer : le Comité Occulte de la Genferei m'a accordé une "Genferei d'honneur" au prétexte que j'occuperais au Conseil municipal "une place très particulière... du côté du radiateur", que je n'hésiterais pas à "défendre à mains nues" et que, maniant " le sarcasme et la mauvaise foi", je serais digne du comité occulte. Certes, ce ne sont que les moindres des qualités qui me vaudraient une place au cimetière des Rois, mais je me contenterai de les voir reconnues. Et je puis donc, désormais, revendiquer cette place au cimetière des Rois. Entre Calvin et Grisélidis, pas loin d'André Chavanne. Calvin pour l'humour, Grisélidis pour la morale, Chavanne pour la sobriété.  Pour le reste, l'accessoire, l’anecdotique, Pierre Maudet et Rémy Pagani ont aussi été consacrés, mais eux ont tout fait pour ça. Des arrivistes, rien que des arrivistes. Des stakhanovistes de la Genferei. Sûrement dopés (et se faisant rembourser les substances dopantes).  Qu'importe : la lutte continue. Haut les coeurs !


La Ville échoue face au canton dans la course à la Genferei  : y'a d'la triche !

Je me suis donc rendu à l'invitation du Comité occulte, mercredi, pour recevoir les feuilles de marronnier (dorées, les feuilles, et encadrées) consacrant  ma "place particulière" au Conseil municipal. Mais je m'y rendis à la fois frustré, furieux et honteux. Frustré par le sort réservé par le Comité occulte aux pourtant méritoires contributions de la Ville de Genève (Conseil administratif et Conseil municipal en tête) à la production de Genfereien. Fort heureusement, Rémy Pagani a bien sauvé l'honneur de la Commune dans sa lutte biséculaire contre le canton, mais tout de même, on ne peut s'en contenter. Et puis, furieux de l'impunité dont a pu jouir le canton s'agissant de sa préparation à cette compétition : il n'est en effet pas concevable qu'il ait pu fournir dans la course à la Genferei de l'année une prestation aussi superlative que la sienne sans avoir recours au dopage. Et enfin, honteux de l'échec de la proposition faite au Conseil municipal de soutenir le Comité occulte par une subvention symbolique.
Au fond (mais alors, vraiment tout au fond), je défendais mercredi l'honneur de la Ville de Genève. Qu'elle ne le savait pas, et qu'elle ne méritait pas cet honneur ou cette indignité importe peu : il s'agissait de défendre sa place, son statut, son rôle dans la production de Genfereien. Car cette place, ce statut, ce rôle, étaient menacés : le canton, en effet, avait passé, sous l'irresistible impulsion de SuperMaudet, la vitesse supérieure -une vitesse si supérieure que la question se posait évidemment de la licité de sa préparation -une préparation de toute évidence plus inspirée des enseignements de feue l'Allemagne de l'Est que de l'amateurisme olympique (tout aussi défunt, d'ailleurs) incarné par la Ville.

Il convient donc de suggérer au Comité occulte, qui a présomptueusement annoncé sa dissolution mais dont nul ne doute qu'il aura un successeur encore plus occulte, de prévoir désormais, avant la sélection des possibles lauréats de son prix prestigieux, d'instaurer un contrôle anti-dopage. Car rien, en effet, ne peut expliquer autrement que par un dopage intensif la capacité stakhanoviste de la République de produire des Genfereien face auxquelles celles de la Commune ne font que pâle figure. Il faut ainsi prendre l’accessit accordé, charitablement, à Rémy Pagani pour ce qu'il est : un lot de consolation.

Mais nous ne nous consolerons pas :  la Ville a fait ce qu'elle a pu pu tenter de garder son rang. Des notes de frais, de la flotte dans les sous-sol du Grand Théâtre, une votation annulée, plus de vingt décisions du Conseil municipal cassées par la surveillance des communes, deux conseillers administratifs inculpés, deux autres entendus comme témoins, des fuites dans les tuyauteries de la commission des Finances du Conseil municipal, trois conseillers municipaux à qui la police confisque leurs portables... on peut pas dire que les élus de la Ville n'aient pas fait ce qu'ils pouvaient pour concourir à la Genferei (à part Sandrine qui a fait la grève des Genfereien pour s'entraîner à celle d'aujourd'hui, mais il fallait bien une Blanche-Neige au milieu des nains...). La Ville a fait ce qu'elle a pu. Mais voilà : elle n'a fait QUE ce qu'elle a pu. Elle n'est pas allée au-delà de se ses possibilités. Elle ne s'est pas dépassée elle-même. Elle n'a produit que des Genfereien honorables, sans plus. Et par ma voix, non autorisée à cela, elle a imploré le Comité occulte de l'en excuser. Et il l'en a excusé. Parce qu'au fond, il est bien bon, le Comité occulte. Il l'est d'autant plus qu'il a bien voulu accepter la plate et humble demande d'excuses que je lui ai présentée : la Ville l'honorera pas comme elle le devrait : la motion que j'avais déposée pour qu'elle lui accorde une subvention annuelle d'un franc symbolique, subvention indexée à l'évolution des subventions publiques au Stade de Genève, a été refusée par la commission de la culture du Conseil municipal, et, malgré le rapport de minorité rendu pour que ce funeste préavis soit renversé par le plénum du Conseil, ne sera même pas débattue par ce plénum puisque la rapporteuse de majorité refuse de rendre son rapport.
Ainsi aurais-je me présenter devant le Comité occulte et la crème de la presse genevoise en tenue de repentance : robe de bure, tête couverte de cendre et cierge à la main. Eteint, le cierge.
Mais pourtant brûlante, la flamme de l'espérance : n'en  doutons pas, dans la course à la Genferei, la Ville reprendra son rang.
Nous avons perdu une bataille, nous n'avons pas perdu la guerre. Post Tenebras Lux !

 

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