Fonds de tiroir


ça groume chez les pilotes suisses (enfin, pas tous...) : selon une nouvelle mesure fédérale, les pilotes des avions volant en Suisse n'ont plus le droit de s'adresser à la tour de contrôle qu'en anglais. L'allemand, le français, l'italien ? interdits d'usage. En anglais, point barre. Sauf dans les aéroports binationaux, comme celui de Genève. Parce que la Suisse est le seul Etat d'Europe qui interdit l'usage de ses propres langues nationales. Et que donc, la tour de contrôle de Cointrin étant franco-suisse, on ne peut y interdire le français. Trois recours contre la mesure imposant l'usage du seul anglais dans les conversation avec le contrôle aérien ont été déposés au Tribunal administratif fédéral (la mesure est en effet contraire à la Constitution fédérale) et une motion pour ne « pas interdire les langues nationales pour les vols à vue non commerciaux » a été adoptée par le Conseil national.  Bah, tant que les pilotes de notre glorieuse aviation militaire ont le droit de com-muniquer en Schwizertütsch, hein...

La Belgique est l'une des terres de prédilection du surréalisme : Magritte, Delvaux, Le Gloupier, tout ça... et les élections. Il y a dix jours, on votait en Belgique, à la fois pour les Européennes, les fédérales et les régionales. Résultat des courses régionales, fédérales et européennes : l'extrême-droite plastronne en Flandres et la gauche résiste en Wallonie et à Bruxelles. Le Vlaams Belang, séparatiste et xénophobe, triple ses sièges au Parlement fédéral et les quadruple au parlement flamand. L'autre formation nationaliste flamande, un peu moins xénophobe, reste la première en Flandres et au plan national, mais perd le tiers de ses suffrages. En face, les socialistes restent en tête en Wallonie et à Bruxelles, deux régions d'où l'extrême-droite est presque inexistante (un seul élu à Bruxelles, aucun en Wallonie) mais réalisent leur plus mauvais score depuis 1945 et dépassent à peine les 10 % aux Européennes en Flandres. En revanche, la gauche de la gauche (le Parti du Travail) progresse fortement en Wallonie (il gagne dix députés fédéraux et un député européen), comme les Verts, qui doublent leur représentation au parlement fédéral, la triplent au parlement wallon et gagnent trois sièges au parlement européen. Le Mannekenpis  est content. Noël Godin, on sait pas. Mais on réécoute «les flamingants, chanson comique» de Jacques Brel.

Combien y'avait de manifestantes (et de manifestants) vendredi dernier, à Genève ? 12'000 a dit la police (qui a compté les personnes sur la Plaine de Plainpalais avant le départ de la manif), 15'600 ont dit les syndicats. 30'000 selon les organisatrices. Bon, il faqut mettre finh à ces incertitudes. Et adopter la méthode chinoise : on identifie chaque manifestant-e grâce à un logiciel de reconnaissance faciale connecté (avec la 5G...) à l'Office de la population, à l'administration fiscale et à la police. Et on a même comme ça leur nom, leur âge, leur adresse, leur employeur, leur revenu et leur casier judiciaire. Le rêve, non ?

Curiosité malsaine : on a regardé les résultats des zélections zeuropéennes dans le petit village du Var ousqu'on passe quelques jours de vacances chaque année, et dont 456 habitants sont inscrits sur les listes électorales. Sans surprise, c'est le Rassemblement national de Le Pen qui arrive en tête, comme dans quasiment toutes les communes du département,  avec 29 % des suffrages, suivi de loin par la République en marche (15,83 %). C'est mieux ensuite : les Verts 11,51%, les Insoumis 7,19 %, les socialistes 7,19 %. Avec les autres listes de gauche et de gauche de la gauche et de la gauche de la gauche de la gauche, la gauche fait encore un tiers des suffrages. Dans une ancienne municipalité communiste, c'est pas enthousiasmant, mais c'est plutôt mieux que ce qu'on pouvait craindre. On va donc y retourner en vacances. Au passage, on a jeté un oeil sur les résultats dans les autres communes du département, et on est tombé sur ceux de Saint-Tropez (où on ne met pas les tongs, vu que ça pue le fric et le conformisme. Et donc, on a le Rassemblement national et la République en Marche au coude-à-coude à 29 %. On s'y attendait. Et la gauche est dans les choux. On s'y attendait aussi. Et le Parti animaliste fait 5 % des suffrages (plus de deux fois plus qu'au plan national), et en obtient une centaine On en déduit donc que Brigitte Bardot n'a pas déménagé. Ce dont finalement on se contrefoutait.

On reçoit toujours avec une intense jubilation le « tous ménages » de l'UDC. Parce que rien de tel que lire un tissu de conneries pour se sentir intelligent. Par comparaison. Et donc, on a jubilé à la lecture du dernier opus udéciste. On vous résume : sous le titre «la raison doit remplacer l'idéologie», l'UDC explique qu'en gros, l'urgence climatique, c'est rien qu'un complot des « idéologues de la gauche et des verts » pour instaurer le socialisme en Suisse : «semer la panique pour ensuite imposer plus facilement la transformation socialiste de la société, voila la stratégie politique des idéologues climatiques de la gauche et des verts qui se mettent graduellement en scène grâce à un appui médiatique jamais vu jusqu'ici »... «Sous les habits verts à la mode, la gauche cherche à imposer un carcan socialiste et à prendre le pouvoir». Damned ! On est démasqués. Machia-véliques, on est. Et l'idéologue du parti  Roger Köppel, d'en remettre une (sacrée) couche : « les milieux de gauche et des verts abusent du changement clima-tique pour (...) provoquer un chan-gement de système. Les idées com-munistes des verts de la fin des années quatre-vingt refont surface ».  Nous v'la communistes, donc. Et qu'est-ce qu'on cherche ? « à démanteler l'économie de marché »... Donc, « la raison doit remplacer l'idéologie ». Comme une idéologie n'est rien d'autre qu'un ensemble d'idées structurées autour d'une idée centrale, une idée force, l'UDC structure sa propre idéologie autour d'une idée force : c'est tout de la faute des étrangers. Même le réchauffement climatique ? même. Finalement, « la raison doit remplacer l'idéologie », c'est pas un mauvais précepte. Reste à savoir si l'UDC est capable de se l'appliquer à elle-même. Et là, on a comme un gros doute.


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