Fonds de tiroir

 Selon une vaste étude européenne portant sur les comportements des automobilistes dans douze pays (la Suisse n'en est pas), les comportements à risques des conducteurs, même légèrement en baisse, continuent d'être extrême-ment fréquents -comme les comportements incivils. 88 % des conducteurs admettent dépasser la vitesse autorisée, 61% à ne pas respecter les distances de sécurité avec les véhicules les devançant (33% avouent même la "coller"), 34% à doubler par la droite, et téléphoner ou paramétrer son GPS tout en conduisant est plus fréquent en 2020 qu'en 2019. Quant aux incivilités, 55 % des automobilistes admettent injurier d'autres usagers de la route ou de la rue, 51 % à klaxonner pour une autre raison que sécuritaire. Ce sont les conducteurs français et les grecs qui injurient le plus (70 % l'avouent), espagnols qui klaxonnent le plus (66 % l'admettent) et néerlandais respec-tent le moins les distances de sécurité (74 % le reconnaissent). Expérience à l'appui, on se dit que les conducteurs Genevois sont très européens : ils tiennent à la fois des Français, des Espagnols et des Néerlandais...

L'ancien Conseiller national et Conseiller d'Etat UDC Yvan Perrin a été acquitté par le juge du Tribunal régional de Neuchâtel, où il comparaissait sous l'accusation de discrimination raciale, et où il était défendu par le Conseiller national UDC Jean-Luc Addor (lui-même déjà condamné pour le même motif) pour avoir laissé passer et avoir maintenu lisibles des commentaires franchement racistes sur sa page Facebook, après qu'il ait dénoncé («l'infection s'étend») l'installation près de Lyon d'une école musulmane dont le directeur serait proche des Frères Musulmans près de Lyon. Mais les commentaires racistes, voire appelant à la violence «Nettoyez-moi toute cette merde», «Fusillez-moi tout ça»)  n'étaient pas de lui, et rien dans la loi suisse ne permet de rendre l'auteur d'un post sur Facebook responsable des commentaires de ce post Le procureur, qui requérait 90 jours-amende contre Perrin, s'est retrouvé assez logiquement désavoué, vu que les commentaire n'étaient pas de Perrin... On n'en fera pas une victoire de la liberté d'expression ni le signe d'une connivence islamophobe -seulement une décision logique. Et même compassionnelle : dans l'état où est Perrin, l'envoyer au gnouf pour trois mois, ou le rançonner, c’eût été tirer sur une ambulance. Et tirer sur une ambulance, c'est pas beau... Même si y'a un UDC dedans ? Ouais, même.

Passant quelques jours de vacances dans un coin de Provence, on s'y plaît à lire dans le quotidien régional, de croustillantes nouvelles locales. Telle celle-ci : à Montauroux, on a comme chaque année célébré la Saint-Barthélémy, «malgré quelques concessions» (du genre suppression de l'aiöli monstre sur la place du village). Mais l'essentiel est sauf : la procession et la messe, suivie d'un apéro, ont été maintenues. C'est bon de savoir que les saines traditions résistent... Comme disait le duc de Guise à Coligny.

Tiens, encore un truc au menu des votations du 27 septembre : le présidence du Conseil d'Etat. Que l'actuelle constitution genevoise installe pour toute la législature de cinq ans, alors qu'auparavant elle changeait tous les ans (comme au Conseil fédéral ou au Conseil administratif). Et c'est à ce système que l'actuel Conseil d'Etat propose de revenir. Les aventures de Pierre Maudet (qui fut précisément président du Conseil d'Etat, avant d'être dégommé de ce poste par ses collègues) ne sont évidemment pas étrangères à cette proposition : se trimballer pendant cinq ans un président de gouvernement sous enquête, voire inculpé, et pourquoi pas condamné, ça la ficherait mal. Donc le Conseil d'Etat propose au peuple d'en revenir à une présidence tournante et annuelle. Ce qui minimise en tout cas le risque que son ou sa titulaire chope la grosse tête. Alors, les gens, vous pouvez voter ce que vous voulez, nous, on votera OUI. Un peu de modestie calviniste ne mésied pas à la République de Genève...

La veille de la réunion du Comité directeur du PLR qui décida d'exclure Maudet du parti, le président de la section de Vernier, Nicolas Aubert, fervent maudétiste avait envoyé une bafouille au président cantonal, Bertrand Reich, l'avertissant que si le Comité directeur décidait d'exclure Maudet, des «centaines de démissions» suivraient avant le probable «démantèlement de notre parti». Une semaine plus tard, le PLR enregistrait trois démissions... et deux adhésions. Contre soixante démissions après l'assemblée générale qui avait exprimé son soutien à Maudet et qui fut suivie de deux défaites électorales. La catastrophe finale étant retardée, le comité de soutien à Maudet a annoncé vouloir demander l'«invalidation» de l'exclusion du Chef et un changement de présidence «à la prochaine assemblée générale». Annonce évidemment non suivie d'effet. Peu importe : le feuilleton continue, on compte sur le personnage principal pour le faire durer encore deux ans, même s'il a (hélas) renoncé à faire recours contre la décision du Comité directeur. Il siégera donc au Conseil d'Etat comme ministre indépendant La «Tribune de Genève» rappelle, quelques exemples à l'appui, que siéger au Conseil d'Etat  à titre d'«indépendant» reste très exception-nel : on ne se souvient en effet que du cas d'Aloys Werner, élu en 1980, mais c'est la droite qui était aller le chercher pour barrer la route à Christian Grobet, et ça n'avait duré qu'un an (Grobet avait été élu en 1981). On a certes des exemples de candidats «indépendants» à une magistrature municipale, mais sauf exceptions (Henry Rosselet à Lancy), ça ne marche pas : Claude Ketterer avait essayé après avoir été lâché par le PS, il avait échoué. Voilà un joli challenge pour l'ex-surdoué de la politique genevoise... Au fond, Maudet, il est comme Chateaubriand vu par Talleyrand : «il croit qu'il devient sourd quand il n'entend plus parler de lui»...

La progression du Covid en France laisse craindre l'imposition d'une quarantaine à toute personne entrant en Suisse en provenance de France. 80'000 frontaliers français viennent travailler. Et des services essentiels dépendent de leur travail, à commencer par les hôpitaux. Qui monte au front ? Le Conseiller d'Etat Poggia, membre d'un parti (le MCG) construit sur l'hostilité aux frontaliers. Et qu'est-ce qu'il veut, Poggia ? que les frontaliers puissent continuer à venir travailler à Genève. Le virus est bon conseiller.





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