Parking "Clé-de-Rive" : un NON s'impose le 7 mars

 Clarifions !

Le Conseil Municipal de la Ville de Genève a pris position il y a quelques mois dans une résolution, contre le projet de parking "Clé-de-Rive". Mais sans doute devrait-il remettre cette compresse, puisque le Conseil administratif actuel, pourtant composé très majoritairement (quatre magistrat-e-s sur cinq...) d'opposants à ce projet, se sent tenu par la prise de position du Conseil administratif précédent (dont quatre des cinq membres ne font plus partie de la nouvelle équipe), et les engagements pris par le magistrat responsable du dossier, Rémy Pagani, à l'égard du promoteur privé du parking, au terme d'un "deal" parking contre zone piétonne. Dans le cadre de ce "deal", la Ville s'engageait à apporter son soutien au projet que sa majorité politique, désormais, combat. Et le principe de la "continuité de l'Etat" appliqué à la commune par la majorité de son Exécutif semble la dissuader de défendre sa propre position. On se dira que, bien sûr, une position de l'Exécutif n'engage pas le délibératif, que le Conseil municipal peut toujours réitérer sa prise de position contraire à celle de l'ancien Conseil administratif. D'ailleurs, une position du Conseil administratif actuel, en tant que collège, n'empêche nullement ses membres de prendre des positions personnelles, puisqu'après tout, pour être magistrat.e.s, ils et elles n'en restent pas moins citoyens et citoyennes... mais tout de même, un Exécutif assumant une position que 80 % de ses membres ne partagent pas, que le parlement ne partage pas non plus, et qu'aucun des partis formant la majorité de l'un et l'autre conseil ne partage, ça ne clarifie pas vraiment le débat. Le Conseil municipal ferait donc bien de réitérer son opposition à ce projet tocard.

Trois générations, c'est long, pour une obsolescence...

A quoi a-t-on affaire avec le projet de parking "Clé-de-Rive, soumis au vote des habitantes et habitants de la Ville de Genève, le 7 mars prochain ? A une relique. Un souvenir. Un document à archiver, qui date d'un temps où l'urgence climatique n'avait pas encore été proclamée par la Ville et le canton, où la population n'avait pas encore exprimé son choix pour des modes de transports plus doux que la bagnole, où elle n'avait pas encore voté la loi sur la mobilité "cohérente et équilibrée" et n'attendait pas encore qu'on la mette en oeuvre.

Le parking proposé serait, avec ses 498 places sur six niveaux (plus 388 places pour deux-roues motorisés) un véritable aspirateur à voitures, attirant de la circulation automobile en ville, alors que les sept parkings voisins, dont la fréquentation est en baisse constante, disposent d’un nombre suffisant de places libres toute l’année. Pour faire avaler ce projet ringard (et privé) à une population qui n'en a pas besoin (c'est la Ville qui vote, pas Anières ou Vandoeuvres), le promoteur l'a recouvert d'un joli nappage sucré : une "zone piétonne" -ou plutôt ce qui est présenté comme telle, au prix de l'abattage de 69 arbres en violation du moratoire voté par la Ville de Genève sur la coupe des arbres. Une zone piétonne, vraiment ? en réalité, la  seule vraie piétonnisation proposée est celle de la première partie de la rue Pierre-Fatio; la rue d’Italie, soi-disant à priorité piétonne, constituera l’axe principal de passage des nombreuses lignes TPG dans le secteur, avec ses nuisances et ses dangers évidents pour les piéton-ne-s. Et le boulevard Helvétique sera transformé en véritable autoroute urbaine avec l’ajout d’une voie de circulation automobile. Nous sommes partisans de la création d'une zone piétonne. Mais d'une vraie.

Nous refusons ce parking obsolète, mais prévu pour durer au moins 65 ans (trois générations...c'est long, pour une obsolescence) et de nous contenter de la zone piétonne au rabais proposée pour nous le faire avaler. Une initiative a d'ailleurs abouti pour qu'une véritable zone piétonne soit créée autour de Rive, sans devoir être payée par un parking. On veut des parkings ? qu'on les créée là où le besoin s'en fait sentir : à l'entrée de la ville  pas en son centre. Et qu'on les créée en supprimant autant de places en surface qu'on en a enterrées, pas en s'accrochant à une règle de compensation intégrale que le peuple lui-même a révoquée en septembre dernier.

A quoi cela rimerait, de lier la Ville pendant 65 ans à un projet privé qui fleure bon le fétichisme bagnolard des années soixante du siècle dernier, et ne tient aucun compte ni des changements de comportement des habitants, ni de la volonté collective de libérer les villes de l'emprise de l'automobile, ni de l'urgence climatique ? Genève à commencé à rattraper son retard dans le passage du "tout automobile" à la "mobilité douce". Elle le fait trop lentement à notre goût, mais au moins elle le fait. Ne la freinons pas dans cet élan, si timoré qu'il nous semble encore.

Commentaires

Articles les plus consultés