Brèves de comptoir

 

La deuxième place de Maudet au premier tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat a suscité un début de débat sur l'opportunité de réintrodui-re une peine d'inégibilité (ou d'im-possibilité de se porter candidat) des personnes (en particulier des magis-trats) ayant été condamnées au pénal. Cette peine a disparu du droit des sanctions en Suisse en 2007, la déché-ance des droits civiques ayant elle disparu du Code pénal en 1971 (trente ans après que notre Pépé en ait été frappé pour le crime d'être membre du parti socialiste genevois, interdit, de Léon Nicole). Reste l'article 67 du Code pénal, qui rend possible l'in-terdiction d'exercer une activité, qui peut s'appliquer à un mandat politi-que, pour une personne condamnée à une peine privative de liberté de plus de six mois. Objection de Christhihan Lüscher : dans une démocratie comme la nôtre, «les électeurs peuvent se faire une idée du caractère d'un candidat sans que l'on ait besoin de leur interdire de voter pour lui». Le petit quart de l'électorat actif genevois qui a voté pour Maudet savait ce qu'il faisait. Autre question, celle de l'op-portunité d'introduire un mécanisme de destitution d'une autorité élue : qui devrait la destituer ? une autre autorité élue (un parlement, pour un magistrat, par exemple) ou l'autorité suprême qui l'a élue, le peuple, pour les parlementaires et les magistrats ? Après tout, c'est bien lui, le peuple, qui est supposé être souverain, non ? Et c'est bien lui qui va décider du destin de Maudet, non ?

A droite, le choix de la bonne candidature à soutenir face à la gauche lors du deuxième tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois est de moins en moins limpide : la Fédération des entreprises romande (les syndicats patronaux), trop divisée, renonce à donner un mot d'ordre (la «Tribune» titre «les patrons prônent la liberté de vote» et explique que la FER «préconise la liberté de vote» : c'est idiot. La liberté de vote, chaque ci-toyenne, chaque citoyen, en dispose a priori, on n'a donc pas à la «prôner» ou à la «préconiser» puisqu'elle est déjà acquise. «Je n'imagine pas un soutien à la Verte», avait déclaré le directeur de la FER. A vrai dire, nous non plus, on ne l'imaginait pas. L'autre syndi-cat patronal,  la Chambre genevoise de commerce et d'industrie (CCIG), a quant à lui décidé de soutenir, pour «conserver la majorité au Conseil d'Etat» un «vote utile» pour Maudet plutôt que pour la candidate du PDC. Cette position n'était pourtant pas majoritaire au sein du «Conseil éco-nomique» de la CCIG (son Bureau politique, quoi)- mais bon, quand on aime, on ne compte pas les voix. Et puis, elle nous est utile à nous, cette recommandation d'un «vote utile» pour Maudet: elle l'ancre clairement à droite -si besoin était encore.  Pas «au-delà du clivage gauche-droite», mais en plein dedans. Jusqu'au cou. En plus, ça oppose la CCIG au PLR et aux syn-dicats patronaux, ça provoque des démission au son sein de la Chambre (le patron Eric Dubouloz, les députés Alexis Barbey et Serge Hiltpold, par exemple) et suscite l'ire de parlemen-taires fédéraux de droite (Christian Lüscher, Vincent Maître, Simone de Montmollin) qui annoncent qu'ils cessent «jusqu'à nouvel ordre (leur) relations et échanges avec la CCIG». On voudrait pas jeter de l'huile sur le feu, il brûle très bien sans nous.     

Si elle n'est pas très bien portante en ce moment, la droite genevoise n'est pas morte, ce qui permet à quelques Diafoirus pressés à son chevet de la gratifier d'incantations propitiatoires, du genre de celle lancée dans le dernier GHI par Le Journaliste, appelant à  «reconstruire la droite, sur les décombres » -ce qui, soit dit en passant (au large) n'est pas ce qu'on fait de mieux comme fondations pour un édifice solide -surtout si on le rêve sous la forme d'une  «droite de la rue»... Boulanger, Poujade, revenez, la droite genevoise a besoin de vous !


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