Fonds de tiroir

 Selon le premier sondage Tamedia sur les votations du 13 juin, la loi COVID, qui doit assurer la continuité des aides accordées jusqu'à présent (indemnités pour la réduc-tion de l’horaire de travail, allo-cations pour perte de gain, aides à la culture, au sport et aux média) en usant d'un droit d'urgence, serait massivement acceptée par le peuple (à 66 % des voix), avec un taux d'approbation plus fort à gauche qu'à droite, en Romandie qu'en Alémanie et au Tessin, plus fort dans les villes qu'ailleurs,  et qui augmente avec l'âge et atteint 77 % chez les plus de 65 ans. Surtout les vieux socialistes de villes (du moins ceux qui ont survécu Covid).

La semaine dernière, la gauche, le PDC et le MCG ont accepté de renvoyer en commission une propo-sition socialiste de «projet pilote de tri des déchets dans les quartiers défavorisés en encourageant l'emploi des jeunes»... en offrant à la droite PLR et UDC l'occasion inespérée de renvoyer la gauche en général et le PS en particulier à ses propres principes. Parce qu'en effet, que la gauche propo-se aux jeunes de faire les poubelles des pauvres pour trier les déchets, façon chiffonniers du Caire, ça vous a un fumet assez désagréable. Du coup, on l'a renvoyé en commission, ce projet, en espérant qu'il s'y ensable, s'y enterre, s'y dissolve -bref, qu'on n'en entende plus parler. Bon, c'est vrai qu'il nous arrive à nous aussi de produire des âneries, mais faut pas pousser l'exercice trop loin, quand même...  Ou alors quoi ? Faut s'attendre à ce qu'on propose un jour d'employer les sans-papiers pour ramasser les crottes de chiens et les sdf pour trier les mégots?

Bon, ben oualà, Pierre Maudet n'est plus Conseiller d'Etat et Fabienne Fischer a pris sa place : «c'est une nouvelle page qui se tourne pour le fonctionnement de nos institutions», a déclaré le président du Grand Conseil, qui a rendu hommage à Maudet pour son action au gouvernement (mais pas ailleurs). Calmez vos sanglots, les groupies de Maudet, et si la déprime vous guette, n'hésitez pas à picoler, mais après neuf ans de gouvernement cantonal succédant à cinq ans de Municipalité, on ne s'attend pas vraiment à ce Maudet délaisse la politique, même s'il annonce qu'il veut bosser dans la transition numérique (on va avoir un Maudet virtuel ?) : il va poursuivre son engagement de manière «originale, rassembleuse et stimulante». Et il a commencé :  il s'est laissé pousser la barbe... En revanche, il y a un exercice auquel il n'entend pas renoncer : le déni façon Trump. Ainsi, dans son «interview de fin de mandat» à la «Tribune», il est toujours persuadé qu'on lui a volé sa victoire : «j'ai fini premier dans 22 communes sur 45». Ouais, peut-être bien, mais ça sert à quoi de finir premier à Gy avec 14 voix d'avance sur Fabienne Fischer pour s'en prendre 5000 de retard en Ville ? Ben à rien, sauf à perdre un quart de son électorat en trois ans, mais faut pas lui dire : «j'ai l'étrange sentiment d'avoir gagné tout en ayant perdu mon siège et de sortir malgré tout politiquement renforcé de cet épisode. Avec le sentiment que je quitte l'Exécutif par la grande porte». Pour tenter d'y revenir dans deux ans ? «honnêtement, je ne sais pas». Mais il assure qu'il va «conserver une activité politique», ni à gauche, ni à droite. Et son ancien parti, le PLR, quel regard porte-t-il sur lui ? «J'ai décidé de porter mon regard vers le futur, donc sans voir le PLR à l'horizon». Mais en voyant encore quelques éléments de son bilan à revendiquer fièrement : la loi sur la laïcité, l'opération Papyrus (on lui sait effectivement gré de l'avoir couverte), l'inspection paritaire des entreprises (une bonne action, en effet), la loi sur la police... et un échec qu'il regrette : celui du projet de prison des Dardelles. Et là, on lui sait autant gré de s'être planté qu'on lui sait gré de s'être planté à l'élection -même s'il y revendique une victoire.
Quant à Fabienne Fischer, elle hérite en entrant au gouvernement à la place de Maudet, du ministère de l'Economie et de l'Emploi, en pleine crise économique et de l'emploi («il faut relancer la machine, mais de manière compatible avec les enjeux climatiques et sociaux», a-t-elle déclaré : vaudrait mieux changer de machine, mais bon, faut pas trop en demander). Du coup, vu le contexte dans lequel elle arrive au Conseil d'Etat les ceusses qui accusaient (ce que continue de faire Maudet) la démocrate-chrétienne Delphine Bachmann d'avoir fait cadeau d'un siège à Fabienne Fischer sont peut-être, vu que le cadeau n'en est pas vraiment un, en train de se demander s'ils (et elles) n'ont pas dit une connerie... Peut-être... 

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