Fonds de tiroir

 Mercredi, à l'entrée du Conseil municipal de la Ville qui tenait séance plénière, des employée.s du secteur de la petite enfance accueillaient les zélus et zélue en leur distribuant une lettre ouverte. dénonçant l'intention de l'Exécutif municipal de «geler» les mécanismes salariaux du personnel de la petite enfance pour réduire de 2,2 millions (sur un budget de 1,2 milliard) le déficit budgétaire de la Ville. Les syndicats rappellent qu'«aucune séance de négociation préalable n'a eu lieu avec les organisations du personnel» : voilà pour le «parte-nariat social». Ils rappellent aussi que le gel des mécanismes salariaux «impacterait les revenus du personnel mais aussi le montant des salaires sur l'ensemble de la carrière, ainsi que le montant des rentes» : voilà pour le caractère «temporaire» de la mesure. Ils rappellent enfin que «le personnel de la petite enfance (reçoit) un traitement inférieur de 10-15 %» à celui du personnel municipal au strict sens du terme (celui qui est directement employé par la Ville), que ce per-sonnel est très majoritairement fé-minin et qu'il a été au front de la lutte contre la pandémie. Rappels utiles, puisqu'il semble qu'une ma-jorité du Conseil municipal soit prête à geler les mécanismes sala-riaux du personnel de la petite en-fance (et ceux de tout le personnel municipal) pour réduire un déficit budgétaire qui ne doit être effacé qu'à l'horizon 2028... Quelque chose nous dit qu'il va falloir les rappeler souvent, ces évidences : il n'y a pire sourds...

Nous avons proposé au Conseil municipal, qui l'a accepté, de développer, à Genève aussi, un processus de démocratie partici-pative, sous la forme de budgets (modestes) à disposition des habitants -de toutes les habitantes, de tous les habitant, sans restriction de nationalité, d'âge, de durée de résidence- pour des aménagements ou des actions de quartier, dans une ville où 40 % de la population n'a pas le droit de vote et 65% de la population qui a le droit de vote ne s'en sert pas. La gauche, a voté en faveur de cette proposition, la droite a voté contre. On a fait dans le basique : la gauche est pour l'élargissment de la démocratie, la droite est contre. Pour le PDC, c'est une bonne idée, le  budget participatif, mais c'est «pas le moment». C'est quand même curieux que ce ne soit jamais «le moment» pour des propositions d'élargissement de la démocratie... Le suffrage universel ? C'est pas le moment, faut attendre que les pauvres sachent lire. Le suffrage féminin ? C'est pas le moment, faut attendre que les femmes compren-nent les fonctionnements politiques. Les droits politiques aux étrangers ? C'est pas le moment, faut attendre que la xénophobie retombe. Le droit de vote à 16 ans ? C'est pas le moment, faut attendre que les jeunes soient moins jeunes. Le reste de la droite s'en est tenu au refus de voir des budgets passer hors du contrôle du Conseil municipal. Or les mieux élus et élues au Conseil municipal l'ont été avec à peine 10'000 suffrages dans une ville de 200'000 habitants. Il était donc assez présomptueux pour la droite (dont aucune candidate ni aucun candidat ne figure précisément dans ces mieux élues et élus) de proclamer que les membres de ce Conseil représentent la population. Les mêmes dénon-çaient dans notre proposition une tentative d'instaurer des «Soviets» de quartier -il aura fallu leur rappeler que «Soviet» signifiant «Conseil», le Conseil municipal est un Soviet. Un «Gorodskoï Soviet». Mais bon, pas de panique, les gars et les garces : le budget participatif, c'est pas le bolchévisme et quand on ne  croyait déjà pas au socialisme dans un seul pays, on ne vas pas se mettre à croire à l'écosocialisme dans un seul quartier.


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